Tout
est bien qui finit bien. Après avoir provoqué un tollé
général dans les milieux politiques par une interview incendiaire
dans laquelle il n’a pas épargné le chef de l’Etat, M. Walid
Joumblatt a changé de ton et fait marche arrière, (suite
à une rencontre avec un responsable militaire syrien à Anjar).
Le leader du PSP a dit que ses déclarations avaient été
mal interprétées et qu’il était prêt au dialogue.
De plus, il a restitué à l’Etat le palais de Beiteddine que
son parti contrôlait depuis 1983.
“Elle ne rapetisse qu’après s’être amplifiée”, autrement
dit, une affaire litigieuse ne perd de son acuité qu’après
avoir atteint son paroxysme.
Ce dicton populaire s’applique au “cas Joumblatt”: en effet, les démêlés
du chef du PSP avec le pouvoir sont allés crescendo jusqu’à
atteindre le point de non retour. Ses critiques acerbes prenaient, d’abord,
pour cible le gouvernement et son chef; par la suite, elles n’ont plus
épargné le président de la République. Dans
une interview à un hebdomadaire d’expression arabe il disait, notamment,
que “le Premier Libanais avait échoué deux mois et demi après
son entrée en fonctions”.
Ceci a valu au leader druze une avalanche de répliques de la
part de plusieurs ministres (de sa communauté) et membres de l’Assemblée,
à qui il devait répondre dimanche au cours d’une conférence
de presse en sa résidence de Moukhtara.
Puis, il a décommandé cette rencontre avec les représentants
des médias et on a eu l’agréable surprise de l’entendre expliciter
le fond de sa pensée et faire son mea culpa. De plus, il s’est dit
prêt au dialogue, tout en niant avoir voulu porter atteinte au président
Emile Lahoud, ni à aucune autre instance politique ou religieuse
“que je respecte”, a-t-il affirmé.
“Mes propos, a assuré M. Joumblatt, ont été mal
interprétés et il ne m’est jamais venu à l’esprit
de perturber la paix civile, surtout en ce moment où le pays vit
dans l’anxiété après l’annexion du village d’Arnoun
par Israël.”
Et de rappeler: “Notre parti a applaudi le discours d’investiture,
en raison des principes qu’il comporte et en faveur desquels nous militons.”
Quant aux quatre “collaborateurs” avec l’Etat hébreu, il a assuré
ne pas les avoir hébergés, comme d’aucuns l’ont prétendu.
Enfin, le chef du PSP s’est prononcé en faveur des droits des
personnes déplacées et de leur retour dans le plus bref délai
possible.
Cela dit et en nous faisant l’écho d’une longue déclaration
de M. Talal Arslane qui a pris violemment à partie le même
jour son coreligionnaire, sans le citer normément, tout en appelant
le pouvoir “à rétablir la confiance entre l’Etat et le peuple
du Chouf”, on est en droit de s’interroger sur les mobiles qui incitent
M. Joumblatt à tenir, de temps à autre, des propos incendiaires.
Une analyse objective permet de dégager la conclusion suivante:
le chef du PSP s’est isolé politiquement, le jour où il a
attaqué le Général-Président avant son accession
à la magistrature suprême et, avec plus de virulence, après
son entrée en fonctions, en laissant appréhender “un glissement
du régime vers la militarisation”.
Le fait pour M. Joumblatt d’avoir placé ses déclarations
dans leur véritable contexte et de s’être dit prêt “à
coopérer avec le régime sur la base du dialogue politique
rationnel”, contribue à dissiper la tension et à rétablir
les ponts entre Baabda et Moukhtara.
|