LE CALME APRÈS LA TEMPÊTE
LA TENDANCE EST À L’APAISEMENT APRÈS LA RÉTRACTATION DE JOUMBLATT


La  semaine écoulée a été riche en événements. Il y a eu, tout d’abord, l’installation par Israël d’une barrière en fils barbelés autour du village d’Arnoun (caza de Nabatieh). Au cours de sa visite au Caire, le président Hoss a évoqué cette affaire lors de sa rencontre avec le président Hosni Moubarak et le Dr Esmat Abdel-Majid, secrétaire général de la Ligue arabe, dont il a demandé l’intervention des grandes puissances, pour mettre un terme à l’isolement de cette localité sudiste.

Puis, il y a eu la rétractation de M. Walid Joumblatt qui, après avoir pris violemment à partie les responsables, sans même ménager le chef de l’Etat, a dit que ses propos avaient été mal interprétés et qu’il était prêt au dialogue. Il devait, dans le même temps, restituer le palais de Beiteddine à la république, après l’avoir placé sous son contrôle depuis 1983.
Le changement de ton du chef du PSP est la conséquence d’un blâme que Damas lui aurait adressé, sans cacher son désappointement de le voir attaquer le président Lahoud considéré comme son premier allié dans la région.
Le leader druze avait provoqué une levée de boucliers de la part de plusieurs députés. “Quiconque a un passé pareil à celui de Walid Joumblatt, a dit M. Talal Arslan, n’a pas le droit de s’en prendre à une personnalité de la trempe du président Emile Lahoud.”
MM. Issam Naaman et Anouar el-Khalil, ministres druzes, ont déploré que leur coreligionnaire attise les sentiments sectaires”.
Les milieux politiques s’interrogent sur les mobiles qui ont incité M. Joumblatt à s’en prendre au président de la République et pensent que la réforme électorale ne peut être la raison de ses attaques verbales, d’autant que le Général-Président a clairement signifié à ses visiteurs “qu’il n’est nullement dans son intention d’éliminer personne.”
Dans ce même ordre d’idées, certains observateurs attribuent le comportement de M. Joumblatt à sa crainte de voir les autorités compétentes ouvrir trois dossiers chauds le concernant: Primo: les repris de justice se cachant dans des régions placées sous son contrôle. Secundo, son refus de restituer le palais de Beiteddine à l’Etat (ce qu’il vient de faire après maintes tractations). Tertio, la réclamation, par le gouvernement, de 840 millions de dollars revenant aux personnes déplacées et dont il n’a pas encore trouvé trace...
Quoi qu’il en soit et en dépit des critiques, le Conseil des ministres a rouvert le dossier de la réforme administrative et s’est accordé un délai de trois semaines, ou un mois tout au plus, en attendant qu’il ait fait ratifier le projet de budget 99. Et, aussi, afin de donner au ministre de la Réforme le temps de préparer ses dossiers.
Il semble que la fameuse déclaration du président Hoss ait produit son effet, toutes les parties censées le soutenir étant sorties de leur somnolence. Le président Lahoud a réitéré son soutien, sans réserve, au “Cabinet des 16”, tout en critiquant la néo-opposition, l’accusant d’œuvrer à des “fins matérielles” et d’user d’espèces sonnantes pour entretenir une cabale contre le Grand Sérail, faisant ainsi allusion à M. Rafic Hariri, sans le citer nommément.
De plus, il soupçonne les opposants de mener campagne contre le Pouvoir, afin de prévenir l’ouverture de certains dossiers compromettants où les anciens responsables seraient impliqués. “Mais, a dit le président Lahoud, le peuple n’a pas la mémoire courte; il sait que jusqu’au proche passé, l’erreur dans la gestion des affaires publiques était la règle, alors que la rectitude était l’exception.”
Dans le même temps, le président Lahoud s’est employé à renforcer la cohésion gouvernementale en mettant un terme aux critiques que le ministre de l’Agriculture, Sleiman Frangié a adressées à son collègue de la Réforme administrative, Hassan Chalak. Et ce, afin de ne pas fournir à l’opposition un autre prétexte pour partir en guerre contre le Cabinet.
Par ailleurs, la commission ministérielle chargée d’étudier le dossier de l’audiovisuel, a siégé pour passer en revue les révisions suggérées à la loi régissant ce secteur.
Cela dit, il y a lieu de relever la parfaite concordance de vues qui s’est dégagée lors de la rencontre Hoss-Berri au Grand Sérail, les deux hommes étant tombés d’accord sur la nécessité de dissiper tous les sujets de plainte auxquels le président du Conseil a fait allusion dans son “communiqué de presse”, il y a une quinzaine de jours.
M. Berri a jugé inopportune la cabale de la néo-opposition, “pour la simple raison, dit-il, qu’on ne peut réclamer des comptes à une équipe ministérielle entrée en fonctions il y a à peine deux mois.”
En ce qui concerne la réforme électorale, les visiteurs du palais de Baabda rapportent que le président Lahoud est soucieux de faire élaborer une loi servant l’intérêt national et assurant une parfaite représentation au niveau du Législatif. “Tout ira pour le mieux, a soutenu le chef de l’Etat, en dépit des campagnes et des difficultés qui sont suscitées à la face du Pouvoir et pour lesquelles d’importantes sommes d’argent sont dépensées.”
Dans l’attente de la mise au point de la loi de finances, dont le chiffre global se monterait à 8.600 milliards de dollars, le gouvernement s’attèle au dossier de Télé-Liban qui est en butte à des difficultés financières. Aussi, serait-il question de la renflouer, à moins d’être placée sous le système de la privatisation.
Quant à la réforme administrative, le ministre qualifié, M. Chalak, s’emploie à la mise au point du dossier qu’il soumettra en bloc au Conseil des ministres d’ici à un mois au plus tard. Et ce, après que fut enlevée la “couverture” dont bénéficiaient bon nombre de fonctionnaires inaptes au service ou soupçonnés d’infractions ou d’abus.
Enfin, l’affaire d’Arnoun qui a été isolé du caza de Nabatieh, fait l’objet d’une plainte que le Liban présenterait au Conseil de Sécurité, celle dont a été saisi le groupe de surveillance de la trêve, n’ayant pas donné les résultats qu’on en escomptait.
D’après ce groupe, cette affaire ne relève pas de sa compétence.
Le président Lahoud en a discuté avec le président Hoss dès son retour d’Egypte, tout en échangeant les vues avec lui sur les réactions israéliennes, suite à la bataille ayant opposé dans la nuit de lundi à mardi le “Hezbollah” à une unité d’élite de l’armée israélienne qui s’est soldée par trois tués et des blessés parmi les officiers et hommes de “Tsahal”.
Après délibérations, décision a été prise de présenter une plainte contre l’Etat hébreu au Conseil de Sécurité, en multipliant les contacts avec les cinq grandes puissances pour les mettre au courant de la situation sur le terrain et de prévenir l’usage que les Etats-Unis pourraient faire de son droit de veto.
 
 

NADIM El-HACHEM

Home
Home