Puis, il y a eu la rétractation de M. Walid Joumblatt qui, après
avoir pris violemment à partie les responsables, sans même
ménager le chef de l’Etat, a dit que ses propos avaient été
mal interprétés et qu’il était prêt au dialogue.
Il devait, dans le même temps, restituer le palais de Beiteddine
à la république, après l’avoir placé sous son
contrôle depuis 1983.
Le changement de ton du chef du PSP est la conséquence d’un
blâme que Damas lui aurait adressé, sans cacher son désappointement
de le voir attaquer le président Lahoud considéré
comme son premier allié dans la région.
Le leader druze avait provoqué une levée de boucliers
de la part de plusieurs députés. “Quiconque a un passé
pareil à celui de Walid Joumblatt, a dit M. Talal Arslan, n’a pas
le droit de s’en prendre à une personnalité de la trempe
du président Emile Lahoud.”
MM. Issam Naaman et Anouar el-Khalil, ministres druzes, ont déploré
que leur coreligionnaire attise les sentiments sectaires”.
Les milieux politiques s’interrogent sur les mobiles qui ont incité
M. Joumblatt à s’en prendre au président de la République
et pensent que la réforme électorale ne peut être la
raison de ses attaques verbales, d’autant que le Général-Président
a clairement signifié à ses visiteurs “qu’il n’est nullement
dans son intention d’éliminer personne.”
Dans ce même ordre d’idées, certains observateurs attribuent
le comportement de M. Joumblatt à sa crainte de voir les autorités
compétentes ouvrir trois dossiers chauds le concernant: Primo: les
repris de justice se cachant dans des régions placées sous
son contrôle. Secundo, son refus de restituer le palais de Beiteddine
à l’Etat (ce qu’il vient de faire après maintes tractations).
Tertio, la réclamation, par le gouvernement, de 840 millions de
dollars revenant aux personnes déplacées et dont il n’a pas
encore trouvé trace...
Quoi qu’il en soit et en dépit des critiques, le Conseil des
ministres a rouvert le dossier de la réforme administrative et s’est
accordé un délai de trois semaines, ou un mois tout au plus,
en attendant qu’il ait fait ratifier le projet de budget 99. Et, aussi,
afin de donner au ministre de la Réforme le temps de préparer
ses dossiers.
Il semble que la fameuse déclaration du président Hoss
ait produit son effet, toutes les parties censées le soutenir étant
sorties de leur somnolence. Le président Lahoud a réitéré
son soutien, sans réserve, au “Cabinet des 16”, tout en critiquant
la néo-opposition, l’accusant d’œuvrer à des “fins matérielles”
et d’user d’espèces sonnantes pour entretenir une cabale contre
le Grand Sérail, faisant ainsi allusion à M. Rafic Hariri,
sans le citer nommément.
De plus, il soupçonne les opposants de mener campagne contre
le Pouvoir, afin de prévenir l’ouverture de certains dossiers compromettants
où les anciens responsables seraient impliqués. “Mais, a
dit le président Lahoud, le peuple n’a pas la mémoire courte;
il sait que jusqu’au proche passé, l’erreur dans la gestion des
affaires publiques était la règle, alors que la rectitude
était l’exception.”
Dans le même temps, le président Lahoud s’est employé
à renforcer la cohésion gouvernementale en mettant un terme
aux critiques que le ministre de l’Agriculture, Sleiman Frangié
a adressées à son collègue de la Réforme administrative,
Hassan Chalak. Et ce, afin de ne pas fournir à l’opposition un autre
prétexte pour partir en guerre contre le Cabinet.
Par ailleurs, la commission ministérielle chargée d’étudier
le dossier de l’audiovisuel, a siégé pour passer en revue
les révisions suggérées à la loi régissant
ce secteur.
Cela dit, il y a lieu de relever la parfaite concordance de vues qui
s’est dégagée lors de la rencontre Hoss-Berri au Grand Sérail,
les deux hommes étant tombés d’accord sur la nécessité
de dissiper tous les sujets de plainte auxquels le président du
Conseil a fait allusion dans son “communiqué de presse”, il y a
une quinzaine de jours.
M. Berri a jugé inopportune la cabale de la néo-opposition,
“pour la simple raison, dit-il, qu’on ne peut réclamer des comptes
à une équipe ministérielle entrée en fonctions
il y a à peine deux mois.”
En ce qui concerne la réforme électorale, les visiteurs
du palais de Baabda rapportent que le président Lahoud est soucieux
de faire élaborer une loi servant l’intérêt national
et assurant une parfaite représentation au niveau du Législatif.
“Tout ira pour le mieux, a soutenu le chef de l’Etat, en dépit des
campagnes et des difficultés qui sont suscitées à
la face du Pouvoir et pour lesquelles d’importantes sommes d’argent sont
dépensées.”
Dans l’attente de la mise au point de la loi de finances, dont le chiffre
global se monterait à 8.600 milliards de dollars, le gouvernement
s’attèle au dossier de Télé-Liban qui est en butte
à des difficultés financières. Aussi, serait-il question
de la renflouer, à moins d’être placée sous le système
de la privatisation.
Quant à la réforme administrative, le ministre qualifié,
M. Chalak, s’emploie à la mise au point du dossier qu’il soumettra
en bloc au Conseil des ministres d’ici à un mois au plus tard. Et
ce, après que fut enlevée la “couverture” dont bénéficiaient
bon nombre de fonctionnaires inaptes au service ou soupçonnés
d’infractions ou d’abus.
Enfin, l’affaire d’Arnoun qui a été isolé du caza
de Nabatieh, fait l’objet d’une plainte que le Liban présenterait
au Conseil de Sécurité, celle dont a été saisi
le groupe de surveillance de la trêve, n’ayant pas donné les
résultats qu’on en escomptait.
D’après ce groupe, cette affaire ne relève pas de sa
compétence.
Le président Lahoud en a discuté avec le président
Hoss dès son retour d’Egypte, tout en échangeant les vues
avec lui sur les réactions israéliennes, suite à la
bataille ayant opposé dans la nuit de lundi à mardi le “Hezbollah”
à une unité d’élite de l’armée israélienne
qui s’est soldée par trois tués et des blessés parmi
les officiers et hommes de “Tsahal”.
Après délibérations, décision a été
prise de présenter une plainte contre l’Etat hébreu au Conseil
de Sécurité, en multipliant les contacts avec les cinq grandes
puissances pour les mettre au courant de la situation sur le terrain et
de prévenir l’usage que les Etats-Unis pourraient faire de son droit
de veto.