MIS CETTE SEMAINE EN EXERGUE

LE BUDGET ET LES SCANDALES FINANCIERS AU CENTRE DES PRÉOCCUPATIONS OFFICIELLES


Le budget et la magistrature sont les titres mis en exergue pour cette phase. En effet, l’attention est braquée, aujourd’hui, sur une loi de finances qui soit transparente par sa forme et ses objectifs. Et sur des dossiers dont la Justice s’est saisie, l’enquête à leur sujet devant atteindre sa finalité sans camouflage, quelles que soient les personnes qui y sont impliquées.

Entre-temps, le Pouvoir s’active au double plan intérieur et extérieur, à l’effet de jeter les fondements du Liban - Etat et institutions - tout en dessinant l’image susceptible de gagner la confiance des frères et des amis; cette confiance que certains oiseaux de mauvais augure ont tenté de compromettre, dès l’accession du général Lahoud à la magistrature suprême et à la tête du “régime du changement”.
Aussi, dans cette étape, aucune voix ne saurait-elle s’élever au-dessus de celle de la Justice, au moment où les responsables cherchent tous les moyens de réduire le déficit hérité, sans surcharger le contribuable de nouveaux impôts et surtaxes sous lesquels il ployait précédemment.
L’action entreprise par la Justice dans tous les recoins de l’administration étatique, a eu pour conséquence de régulariser le travail dans les services officiels et, surtout, de hâter l’accomplissement des formalités.
Il faut s’attendre que cet état de choses perdure jusqu’à l’ouverture du dossier des fonctions subalternes qui sont, généralement, plus exposées que les autres et tentées par l’appât du gain rapide et facile.
Jusqu’à ce que soit démêlé l’écheveau des scandales tels ceux des résidus pétroliers et des antiquités notamment, les responsables s’attendent à mettre la main sur d’autres pots aux roses et mafias des malversations, ce qui permettra de restituer au Trésor les fonds qui lui reviennent.
Alors que certains députés minimisent l’importance des poursuites engagées dans l’affaire des antiquités, des sources ministérielles affirment qu’il s’agit moins de vestiges archéologiques, que de bandes d’extorqueurs.
En ce qui a trait au projet de budget 99, il accapare les gouvernants, à tel point que la réforme a subi un temps d’arrêt, motivé par la mise au point de son rapport par le ministre de la Réforme. D’autant que le “Cabinet des 16” est pressé de soumettre à la Chambre le projet de budget pour l’année courante sans plus de retard.
Puis, le Pouvoir est tenu de réduire le déficit budgétaire, ne serait-ce que dans un délai déterminé échelonné sur plusieurs annuités, en vertu d’un plan quinquennal, notamment. Car si ce déficit se maintenait au niveau où il se situait sous le précédent régime, la dimension de la confiance dont jouit notre pays dans les instances internationales pourrait s’en ressentir.
Il s’agit donc pour le gouvernement d’assurer les fonds nécessaires à la couverture des dépenses publiques, en ne surchargeant pas le citoyen de surtaxes qu’il n’est plus en mesure de supporter.
On constate que le président Emile Lahoud attache beaucoup d’importance à cette affaire, se préoccupant surtout des citoyens à revenu limité. Le chef de l’Etat estime que les nantis devraient supporter une part substantielle du déficit, visant ainsi à rétrécir la disparité sociale le plus possible.
Quant au président Nabih Berri, il a émis, indirectement, un avis défavorable au relèvement du prix de l’essence, niant que ce carburant soit l’unique ou la principale source de revenus pour le Trésor. “Cette mesure, dit-il, devrait constituer l’ultime recours.”
Le chef du Législatif soulève, en revanche, le dossier du cellulaire, considérant que le téléphone portable peut assurer à l’Etat d’importantes recettes, ainsi qu’il l’a déclaré au président de l’Ordre des journalistes (voir ailleurs leur rencontre).
Quant au président Salim Hoss, il fait assumer au précédent Cabinet la responsabilité du retard mis à élaborer le projet de budget 99 et, aussi, du déficit budgétaire, alors que des sommes considérables avaient été prises hors budget, ce qui a alourdi davantage la dette publique.
Le Premier ministre a mis les choses au point en Conseil des ministres, pour répliquer à certains opposants qui font grief au Cabinet de commettre des erreurs dont l’ancienne équipe ministérielle assume la responsabilité et, en tout premier lieu, le projet de budget. Cette équipe aurait dû, normalement, mettre au point le projet en question au début de l’automne 98, pour pouvoir le déposer sur le bureau de l’Assemblée dans le délai constitutionnel.
Tout porte à penser que le président du Conseil prépare les esprits à de nouvelles surtaxes prévues dans le cadre de la loi de finances, afin de réduire le déficit budgétaire à 40 pour cent et même en-deçà de ce chiffre.
En effet, M. Hoss laisse entendre que le Cabinet pourrait être amené à prendre des “décisions impopulaires”, afin d’accroître les recettes du Trésor.
En ce qui a trait aux enquêtes judiciaires, le gouvernement laisse à la Justice toute latitude de les poursuivre, en s’interdisant toute ingérence dans des dossiers aussi brûlants.
Il y a lieu de signaler, par ailleurs, que deux dossiers ayant leur importance - ceux de l’information et de la réforme administrative - semblent devoir être gelés jusqu’à la ratification du projet de budget 99; le premier, à la lumière de nouvelles idées dont le ministre de l’Information se garde bien de dévoiler.
Cela dit, il semble que les résultats des élections pour le renouvellement du conseil d’administration de la Caisse nationale de Sécurité sociale (CNSS) aient provoqué une crise sourde au niveau des responsables. A ce sujet, on n’écarte pas la démission collective des représentants du patronat au sein de ladite Caisse.
La crise a été suscitée par le fait pour les représentants des organismes officiels d’avoir voté en faveur du représentant de la CGTL, M. Elias Abou-Rizk, alors que la tendance gouvernementale était en faveur du Dr Maurice Abou-Nader.
On prête aux hautes autorités l’intention de se pencher sur cette affaire le plus rapidement possible, afin de sortir la CNSS de la situation peu enviable dans laquelle elle se trouve.

***
Pour en revenir au projet de budget 99 dont l’étude a commencé mercredi en Conseil des ministres, une source ministérielle indique qu’il sera approuvé et transmis, pour ratification, à la Chambre des députés d’ici à trois semaines tout au plus.
Le budget sera doublé d’un plan dont l’application aidera à réduire progressivement, le déficit budgétaire hérité des gouvernements du précédent régime.
L’Etat s’attellera, ensuite, au redressement de l’économie nationale et des secteurs productifs.
En ouvrant mercredi la réunion du Conseil des ministres, le chef de l’Etat a invité toutes les parties à considérer la loi de finances “avec un regard réaliste”, pour sortir le Liban de la crise étouffante dans laquelle il se débat.
“A cet effet, a dit le président Lahoud, les classes aisées doivent acquitter leur devoir davantage que les autres, afin d’assurer une vie digne et le bien-être aux citoyens.”
Il nous revient, enfin, dans ce même ordre d’idées, que le gouvernement se propose de réviser le système fiscal, à l’effet de promouvoir une ère de justice sociale véritable.
 
NADIM El-HACHEM

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