POUR CETTE 71ÈME ÉDITION DES OSCARS DU CINÉMA,
LE TOUT-HOLLYWOOD S’ÉTAIT MIS SUR SON TRENTE-ET-UN...

LES OSCARS 1999

AMERICA IN LOVE WITH SHAKESPEARE!


Parterre des stars, public de rêve, les têtes d’affiche du cinéma contemporain étaient tous au rendez-vous de cette nuit à nulle autre pareille: Kevin Costner, Robin Williams, Meryl Streep, James Coburn, Angelica Huston, Sophia Loren, Tom Hanks, Cathy Bates, Goldie Hawn, Nick Nolte, Jim Carey... Les lumières de la salle s’éteignent...  Roulement de tambour et le rideau se lève sur une Whoopi Goldberg dans une tenue ahurissante, en reine Elizabeth, le visage maquillé de blanc, une perruque rehaussée de perles sur la tête qui déclare la cérémonie ouverte. Un début digne de Hollywood et la salle commence à chauffer... Tout au long des quatre heures et quatre minutes que durera cette soirée, l’une des plus longues de l’année, l’inénarrable Whoopi présentera avec l’humour qu’on lui connaît et des tenues les unes plus loufoques que les autres, les heureux lauréats des Oscars et les vedettes chargées de les remettre. Avec sept prix, c’est la comédie romantique “Shakespeare in love”, de John Madden qui est la grande triomphatrice des Oscars 1999. “Shakespeare in love” qui avait reçu treize nominations, relate la vie amoureuse du jeune William Shakespeare, interprété par Joseph Fiennes, qui essaie en vain d’écrire une ligne de sa nouvelle comédie sans grand succès... Il rencontre Lady Viola (Gwyneth Paltrow), une belle héritière amoureuse de ses sonnets qui transformera sa vie et son œuvre, en montant sur les planches...
 
 
 
 
 
 
 

Keiko Ibi, la Japonaise, remporte l’Oscar 
du meilleur court métrage documentaire.

 

Elia Kazan enlace, affectueusement, 
Martin Scorsese... Seule fausse note de la soirée!

Gwyneth Paltrow, très émue, remercie le jury.

 

Benigni triomphe et fait le pitre 
avec les Oscars pour 
son film: “La vie est belle”.

 
La plume de Shakespeare l’aura donc emporté sur la mémoire... Déjà depuis quelque temps, les pronostics allaient bon train et l’on savait qu’une véritable guerre faisait rage entre deux prétendants au couronnement des Oscars: “Shakespeare in love” et “Saving Private Ryan”, de Spielberg s’affrontant à coups de millions de dollars de publicité. Miramax qui a produit cette histoire d’amour entre une aristocrate et le dramaturge aurait dépensé quelque 15 millions de dollars avant les Oscars, essayant d’influencer les 6.000 membres du jury de l’Académie des arts et des sciences du cinéma. Un véritable triomphe pour Madden. Oscar du meilleur film, de la meilleure actrice (Gwyneth Paltrow), meilleur second rôle féminin (Judie Dench), de la meilleure direction artistique (Martin Childs, Jill Quertier), meilleur costume (Sandy Powell), meilleure musique (Stephen Warbeck), meilleur scénario original (Marc Norman-Tom Stoppard). La très délicate Gwyneth Paltrow visiblement émue par sa nomination, monte sur scène pour recevoir la première récompense de sa carrière et confie: “Je n’aurais jamais pu jouer ce rôle si je n’avais compris l’immensité de l’amour et pour cela, je remercie ma famille, particulièrement ma mère que j’aime par-dessus tout au monde: Blythe Danner. Je pense, aussi, ce soir à mon père Bruce Paltrow qui a surmonté cette année d’immenses problèmes... Je veux lui dire je t’aime” et la comédienne d’essuyer ses larmes de bonheur.
Cinq ans après “La liste de Shindler”, Steven Spielberg remporte l’Oscar du meilleur réalisateur et quatre autres récompenses pour sa toute dernière production: “Il faut sauver le soldat Ryan”, film réaliste relatant l’histoire d’une escouade américaine chargée en plein débarquement, lors de la Seconde Guerre mondiale, de ramener sain et sauf un soldat dont les trois frères sont morts au combat en l’espace de quelques jours. Un film de guerre aux images difficiles à supporter. Encore une fois, Spielberg aura voulu tourner un film fondamental au nom de la mémoire. Tom Hanks joue le rôle d’un capitaine bourru et dans le genre anticipation du malheur; le film de Spielberg est un chef-d’œuvre. Meilleure photo (Janusz Kaminski), meilleur montage (Michael Kahn), meilleur son (Gary Rydstrom - Gary Summers - Andy Nelson), meilleur effets sonores (Gary Rydstrom - Richard Hymns). Cinq oscars au total! En recevant son Oscar, Spielberg remercie les membres du jury et le public: “Laissez-moi regarder Tom Hanks, dit-il, qui dès le début de cette aventure m’a dit, cela va être quelque chose d’extraordinaire. Dois-je avouer que j’ai désiré cette récompense?... C’est fantastique... Je tiens à remercier, a dit encore Spielberg, les familles de tous ceux qui sont tombés là-bas et tout spécialement mon père aujourd’hui dans la salle, qui servait à ce moment-là dans l’armée de l’air...” Déception pour Spielberg quand même, qui partait grand favori avec onze nominations; pincement de cœur pour Tom Hanks qui rêvait peut-être à un troisième Oscar.

Une Whoopi Goldberg ahurissante 
en reine Elizabeth attendait le public...

Le couple Kim Basinger et Alec Baldwin.

Photo-souvenir pour Gwyneth Paltrow, 
Judie Dench, James Coburn et Roberto Benigni.

 

Cinq Oscars pour Spielberg qui, 
pourtant, semblait être le grand favori.

L’Oscar du meilleur acteur a été remporté par Roberto Benigni dans “La vie est belle”, une fable située dans un camp de concentration. Les Américains ont gâté le bondissant réalisateur italien dont l’œuvre a remporté, également, l’Oscar du meilleur film en langue étrangère et de la meilleure musique-drame.
Et Benigni d’enjamber les fauteuils, de serrer en passant des comédiens dans ses bras, de laisser une fois sur scène éclater sa joie qu’il sait faire partager avec le public. Merci pour ce moment de joie. “Merci pour ce moment colossal. Je dédie cet Oscar à tous ceux qui sont morts pour qu’on puisse dire aujourd’hui la vie est belle. Viva Italia.” L’Oscar du meilleur second rôle masculin est revenu à James Coburn qui reçoit pour la première fois de sa carrière cette récompense. Judie Dench remporte l’Oscar du meilleur second rôle féminin pour son extraordinaire performance dans “Shakespeare in love”. Mais la soirée des Oscars est, aussi, la soirée des souvenirs et ce sont les hommages à Roy Rogers, le cow-boy chantant, Frank Sinatra. Un in memorian pour Pakula, Susan Strasberg, Jean Marais, John Adison, Kurosawa, Robert Young, John Derek... Hommage, aussi, à Stanley Kubrick. Steven Spielberg prend la parole: “Il nous emmenait dans les lieux qu’on n’imaginait pas... Il les imaginait pour nous. Kubrick est mort avant de vivre l’odyssée de l’an 2001. Hommage à celui qui a toujours le courage de ses convictions...” Et le public de visionner de très courts extraits de ses œuvres: “Path of glory”, “Lolita”, Full Metal Jacquet”, “Spartacus”, “The Killing”, “Doctor Strangelove”... Cet hommage a quand même laissé le public sur sa soif... Kubrick méritait mieux et plus... Autre temps fort très controversé celui-là: l’hommage à Elia Kazan. Un Oscar pour l’ensemble de son œuvre... Kazan fut accusé pendant la “Chasse aux sorcières” communistes d’être un délateur, un critique de l’establishment. Une récompense qui n’a pas fait l’unanimité à Hollywood et dans le public où de nombreux acteurs et réalisateurs n’ont pas applaudi, restant de marbre, les bras croisés. Elia Kazan soutenu par Martin Scorsese et Robert de Niro  monte sur les planches pour remercier les membres du jury de l’Académie des arts et des sciences du cinéma de “leur générosité et leur courage”.

L’extraordinaire duo 
Mariah Carey-Whitney Houston.


Michael Kahn et Jim Carey.


Sophia Loren au comble de la joie à 
l’annonce de l’Oscar du meilleur acteur à Benigni.

Le Polonais Janusz Kaminski, un Oscar
du meilleur “achievement” en cinématographie 
pour “Saving private Ryan”.  

Robin Williams.

Les stars arrivent... Ici, Meryl Streep.

Kate Blanchett, une entrée très remarquée.
Mais une soirée n’en est vraiment pas une sans les stars de la chanson... Des millions de téléspectateurs ont eu droit à un fabuleux duo de Mariah Carey et Whitney Houston, sans parler de cet autre duo qui a fait chavirer bien des cœurs: Céline Dion - Andrea Bocelli.
L’an dernier, pas de mystère... La seule incertitude concernait le nombre de statuettes que le colossal “Titanic” allait recevoir. La soirée, cette année, fut très pimentée... Des moments corsés d’un ingrédient de taille: la politique, avec l’intervention très remarquée du sénateur Glenn, qui a présenté des extraits de films comme “Abraham Lincoln”, “Christophe Colomb”, “Louis Pasteur”, “Docteur Livingstone”, “Bell”, “Lindberg” “John F. Kennedy”, “Roosevelt”... Très applaudie aussi l’arrivée sur scène du général Collin Powell, ancien chef d’état-major qui a dit un mot très senti sur les films de guerre. Ceci sans compter les petites flèches lancées par l’extraordinaire hôtesse de la soirée, Whoopi Goldberg à l’encontre du procureur Kenneth Starr...! Actualité quand tu nous rattrapes... Nous qui avions la tête dans les étoiles...!

SONIA NIGOLIAN


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