DU SUBLIME À L’ABSURDE
La Laurice de Farhat, la Almaza de Hanna, la Juliette de Jamil, la Nazira d’Anis, la Nabiha de Tewfik...
Dans les villages où les prénoms de chaque génération revenaient à la nième puissance, on avait besoin de se référer au prénom du mari pour reconnaître de quelle Nabiha, Nazira, Anissé ou Zakié il s’agissait!
Mais la réciproque était vraie; on disait, aussi, le Hanna de Jamilé, le Saïd de Louisa, le Tewfik de Nabiha, etc...
Aujourd’hui, nous entendons et lisons, continuellement, dans les médias “Andrée Emile Lahoud”, “Mona Elias Hraoui”, “Zalfa Farès Bouez”, etc...
Or, la tradition, l’usage (se référer au dictionnaire et au protocole de bonnes manières) veut que ce soit Mme Andrée Lahoud ou Mme Emile Lahoud, Mme Joyce Gemayel ou Mme Amine Gemayel, Mme Zalfa Bouez ou Mme Farès Bouez...
On n’a jamais lu ou entendu Mme Hillary Bill Clinton, Mme Bernadette Jacques Chirac, Mme Danièle François Mitterrand... Ce sont Hillary Clinton, Bernadette Chirac ou Danièle Mitterrand.
Il faudrait arrêter ces “paysanneries”. C’est un peu comme la “Hanné de Jamil”...
Un peu de logique s’il vous plaît! Ou le prénom de la dame est connu et, alors, on l’utilise, ou il ne l’est pas et on s’en abstient.
Il faut que le protocole du palais de Baabda impose aux médias une appellation correcte de la Première Libanaise. Trêve de singularité ridicule!
Cette habitude a donné lieu à un quiproquo amusant à l’Aéroport Roissy-Charles de Gaulle.
Une Libanaise de culture incertaine, remplit sa fiche de débarquement. Le préposé à la Sûreté française compare la fiche qu’elle a écrite avec son passeport. Bien entendu, il y a contradiction. Dans le passeport, c’est son prénom, suivi des prénom et nom du père de la dame qui sont mentionnés, suivi de “Epouse Untel” (le nom du mari).
La dame en fourrures et en minaudant explique: “C’est comme cela que nous écrivons au Liban...” Et le responsable qui connaît notre pays de rétorquer avec un humour bon enfant: “Eh! bien ma chère dame, ce qui se fait chez vous n’est pas une référence... Imaginez un peu si nous commencions à “conduire” et à nous conduire comme vous.”
La dame en question n’a pas compris jusqu’à présent ce qui a pu déclencher l’hilarité de ses compatriotes qui assistaient à la scène.