L’OTAN EST PASSÉ
À L’ACTION CONTRE LA SERBIE LA YOUGOSLAVIE DANS L’ŒIL DU
CYCLONE
Le 24 mars, à
vingt heures précises, l’Otan lançait des frappes aériennes
dans toute la Yougoslavie.
Tir d’un Tomahawk américain à bord du
“Philippine Sea” vers la Yougoslavie et le Kosovo
. Milosevic défiant l’OTAN à la télé.
Clinton, décidé, annonçant les premières frappes aériennes.
Les avions de l’Alliance atlantique, parmi lesquels des tornados allemands,
des mirages français et plusieurs bombardiers américains
avaient déjà décollé des bases de l’Otan en
Italie et des porte-avions croisant en mer Adriatique et indiquaient déjà
aux observateurs en place dans la région, l’imminence des opérations.
La première vague des raids a visé des sites militaires,
batteries de missiles, bases de radar et sites de communication installés
dans la banlieue de Belgrade et de Pristina, ainsi que les principaux aéroports
du Monténégro et du Kosovo.
Huit explosions étaient signalées dans la capitale, cinq
à Novisad, la principale ville du nord; d’autres déflagrations
secouaient la grande base militaire de Batajnica, Zastava où une
usine d’automobile a été touchée et près de
Kragujevac.
Avant même les nouvelles du soir, la télévision
de Belgrade avait diffusé des consignes de défense passive,
décrivant les mesures à prendre en cas de bombardement classique,
mais également nucléaire, bactériologique ou chimique.
Le secrétaire général, Javier Solana, a parlé
de devoir moral, “tous les efforts entrepris pour parvenir à une
solution politique négociée à la crise du Kosovo ayant
échoué.”
Le président américain s’adressant à la nation,
a justifié en ces termes sa décision de faire participer
les Etats-Unis aux frappes aériennes de l’Otan: “Nous agissons pour
protéger des milliers d’innocents contre une offensive militaire
croissante, éviter une extension de la guerre et désamorcer
une poudrière au cœur de l’Europe... Notre mission est claire...
Si le président Milosevic ne fait pas la paix, nous réduirons
ses capacités à faire la guerre.” Lionel Jospin affirmait
à la veille de l’attaque, que son pays était déterminé
à prendre toute sa part à une action militaire: “Le président,
a dit le Premier ministre et le gouvernement partagent cette détermination.
M. Milosevic ne manifeste aucun signe d’ouverture et refuse toujours d’adhérer
au cadre du règlement élaboré à Rambouillet.”
Les Européens donc ont assumé leurs responsabilités.
Mais la Russie multiplie les protestations et les menaces.
Boris Eltsine s’est déclaré choqué par l’intervention
et s’est “réservé le droit de prendre des mesures militaires
en cas d’extension du conflit”.
La Chine emboîtant le pas à la Russie, a exigé
à l’ONU “l’arrêt immédiat des frappes”, condamnant
toutes les actions militaires en dehors du cadre des Nations Unies.
La guerre du Kosovo façonnera très certainement le profil
de l’Europe du XXIème siècle, le poids qu’y jouera l’Otan,
les relations qu’elle entretiendra avec la Russie, ce qui sera collectivement
toléré ou ce qui ne le sera pas...
C’est dire combien les Occidentaux ont à faire face à
de lourdes responsabilités.
C’est la première fois en cinquante ans d’existence que l’Otan
entre en guerre contre un pays souverain, sans autorisation explicite de
l’ONU en principe chargée de la seule défense de ses membres.
L’Otan a agi contre un pays qui ne le menaçait pas et n’avait
pas envahi un Etat voisin.
Autant d’éléments qui conduisent à mesurer l’événement
en cours au regard de l’Histoire du continent.
Le succès de ces bombardements n’est pas garanti et les raids
pourraient même servir de prétexte à Milosevic d’accroître
son offensive et d’engager les Occidentaux dans un processus les conduisant
à une intervention au sol contre une armée serbe qui n’a
rien d’une milice sous-entraînée.