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De ce fait, tous voient qu’ils sont au rendez-vous avec une autre sorte de démocratie, de débats et de colloques: en France, autour de la multiplicité des provin-ces, l’homme politique pouvant être ministre, député, président du conseil municipal ou maire en même temps. Aux Etats-Unis, autour de la nécessité de supprimer le procureur indépendant (Kenneth Starr). En Allemagne, après la démission d’Oskar Lafontaine, autour de la décentralisation. Et au Royaume-Uni, autour de la nécessité de la Grande-Bretagne et de l’adhésion de Londres, au niveau européen et dans le cadre politique, à la monnaie unique. Tous ces indices ne trompent personne. Les démocraties dialoguent, aujourd’hui, entre elles, s’interrogent sur elles-mêmes, sur leur utilité et leur évolution en cette fin du siècle. Aucune fois, la démocratie n’a été élargie à ce point: le communisme s’est effondré en Europe centrale et orientale; les Etats totalitaires ont disparu d’Europe méridionale et d’Amérique latine, la démocratie ne faisant plus l’objet de doute dans aucun coin du globe. Cependant, partout elle est frêle et pâle. Les peuples boycottent les élections; plutôt proclament avec franchise qu’ils n’en attendent rien. Tout se déroule comme si les sondages d’opinion ont remplacé la pratique électorale, le scrutin et la déposition des bulletins dans les urnes. On dirait que la loi des marchés occulte la loi des parlements. La démocratie n’a plus d’adversaires, mais fait face à beaucoup d’ennuis. La déception générale mérite d’être méticuleusement définie. Elle rappelle des crises distinctives et différentes, bien que soudées entre elles, de la politique, de l’Etat et de la démocratie dans sa conception totale. Autant il a usé de la politique et exagéré son exploitation, le XXème siècle réalise parfaitement ses risques. Lorsque nous attendons beaucoup de la politique, nous en obtenons davantage que ce que nous pouvons en supporter. Les dictatures brunes et rouges nous ont incités à des massacres ayant affecté cent millions d’êtres humains, comme elles ont porté tout le monde au désespoir de la mobilisation qui satisfait les grandes ambitions collectives. Quand la politique veut être une religion, que ce soit la religion de la race ou de la classe, elle minimise l’importance des deux. Les citoyens entrent dans le XXIème siècle à l’ombre d’ambitions collectives, en redoutant tout discours autour de l’homme nouveau ou autour des jours souriants à venir et pleins d’optimisme. Les peuples sont frappés toujours de déceptions, après la griserie et l’ivresse, suite à une danse folle et bruyante. *** A l’ombre de tout cela, comment s’édifie
l’Etat dans le cadre de la patrie? Où placer l’Etat? Et comment
l’organiser à l’ombre d’un tiraillement entre une société
civile réclamant ses exemptions, ses acquis, ses institutions et
une mondialisation économique vivant ces jours-ci la plus grande
de ses crises, sans que personne sache comment lui trouver les issues et
les finalités?
*** En conclusion, qu’est-ce que la démocratie?
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