La
cabale de la néo-opposition contre le Pouvoir et le Cabinet s’étant
finalement apaisée, on s’attend à un débat “budgétaire”
calme à la Chambre des députés. En l’absence du Grand
Argentier - pour raisons de santé - la loi de finances sera exposée
(et défendue) par le président Hoss et le ministre p.i. des
Finances, en l’occurrence M. Nasser Saïdi (notre photo).
Après une attente relativement longue, la Chambre des députés
a été, enfin, saisie du projet de budget 99, dont la commission
parlementaire des Finances aura entamé l’étude mercredi,
celle-ci devant prendre fin, normalement, dans la seconde quinzaine de
juin.
D’ores et déjà, des blocs de l’Assemblée font
part de leur intention de critiquer certaines taxes indirectes, notamment
celle imposée sur les cigarettes importées (35%). Le chef
du Législatif la trouve inadéquate pour une double raison:
elle entraînera la baisse de consommation et, partant, réduira
les rentrées du Trésor, tout en encourageant la contrebande.
Une autre réaction hostile enregistrée sous l’hémicycle,
porte sur le relèvement (dans une proportion de 40%) du tarif des
communications par téléphone mobile qui passe de 7,5 cents
US à 11,5 cents la minute.
Puis, certaines taxes nouvel-lement imposées aux sociétés,
seront payées effectivement par les particuliers, tels les droits
d’atterrissage et des services d’aéroport devenus 50 pour cent plus
chers.
D’autre part, le relèvement du prix de l’essence ne passera
pas sans quelques grincements.
A ce propos, le secrétaire général du “Hezbollah”
a donné le ton dans une harangue prononcée à l’occasion
de la fête d’Achoura. Tout en appelant à “une étude
réaliste de la loi de finances”, cheikh Hassan Nasrallah s’est élevé
contre la hausse du prix de l’essence (+ 2.000 L.L. les vingt litres).
“Le peuple, a-t-il dit, ne peut plus supporter la moindre surcharge, car
la plupart de nos concitoyens vivent sous le seuil de pauvreté.”
Il y a lieu de rappeler qu’en l’absence du ministre des Finances à
Paris, “pour raisons de santé”, le membre du Cabinet qui assume
cette fonction à titre intérimaire, en l’occurrence M. Nasser
Saidi, en charge de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie, défendra
le projet gouvernemental, aux côtés du Premier ministre.
En dépit de tous les démentis de rumeurs selon lesquelles
M. Georges Corm, le “grand Argentier” de la République serait enclin
à rendre le tablier, à cause d’un désaccord sur la
politique financière et fiscale du gouvernement, les milieux officiels
continuent à affirmer que le ministre des Finances souffre d’une
hypertension résultant du surmenage auquel il s’est exposé
en remettant de l’ordre dans les finances publiques.
Quoi qu’il en soit, on s’attend que le débat autour des prévisions
budgétaires, en dépit des coupes sombres qui y ont été
opérées dans le cadre de la politique d’austérité,
se déroule dans une atmosphère plutôt calme et non
survoltée, comme le laissaient prévoir la cabale et les critiques
acerbes des opposants.
En effet, ces derniers ont mis de l’eau dans leur vin et changé
le fusil d’épaule - suivant ainsi les conseils de qui l’on sait
- convaincus de la nécessité de donner sa chance au premier
Cabinet du nouveau régime. |