LES CHAÎNES, C’EST LA PUNITION-ALTERNATIVE
À CELLE D’ÊTRE
ENFERMÉE VINGT-TROIS HEURES LE JOUR DANS UNE
CELLULE DE 2X3 MÈTRES,
AVEC TROIS AUTRES DÉTENUES POUR AVOIR VIOLÉ LES RÈGLES
DE LA PRISON.
Les travaux forcés, chaînes aux
chevilles et costume rayé N&B.
C’est le shérif Joe Arpaio, du pénitencier de Maricopa
County, Phoenix, Arizona, qui a eu l’idée de faire porter les chaînes
aux incarcérées dont il a la charge. En général,
les femmes qui se sont bagarrées avec leurs co-détenues,
ont porté longs leurs cheveux ou encore passé en fraude des
cigarettes, préfèrent porter les chaînes aux chevilles
que d’être sévèrement enfermées. Avant les années
cinquante, les chaînes se portaient à la cheville nue; aujourd’hui,
elles sont appliquées autour des bottes, ce qui épargne la
peau et la chair d’être blessées.
Cynthia Arismendez, une Hispanique âgée de 36 ans et mère
de quatre enfants, qui écope de 90 jours pour avoir conduit avec
suspension de permis, avoue que “les chaînes sont assez légères,
sans être trop serrées. Les bottes aident beaucoup, mais si
quelqu’un marche sur les chaînes, ça fait mal aux chevilles.”
La philosophie du shérif Arpaio est simple: “Personne ne doit
vivre en prison mieux qu’il ne le fait dehors.”
Le déjeuner, qui est le plus important repas, est toujours le
même et tout le monde s’entend à le qualifier d’ordure. “Mais
à quoi vous attendez-vous?, réplique le shérif, nous
avons les repas les moins chers aux Etats-Unis. Ils payent plus pour nourrir
leurs chiens de police.”
Les femmes de ce pénitencier portent le traditionnel costume
rayé noir et blanc qu’on avait abandonné aux années
cinquante. Comme ça si elles s’évadent et ne portent pas
le costume vert ou bleu des autres prisons, on ne pourrait les confondre
avec des chirurgiens en route pour l’hôpital.
Même si ses méthodes ont été largement critiquées,
le shérif Arpaio a été, par deux fois, élu
par les 2,7 millions d’habitants de Maricopa County avec une majorité
de 90%. S’il se compare lui-même au légendaire homme de loi,
Wyatt Earp, il n’en est pas moins qu’il inculque le sens de la discipline
à des femmes qui n’en ont eu aucune de leur vie.
Ainsi, Cleopatra Johnson, une toxicomane de 22 ans, arrêtée
pour prostitution, a rejoint la bande des femmes aux chaînes pour
gagner son respect de soi et apprendre la discipline. “Je ne veux pas retourner
ici à 45 ans, dit-elle, et changer alors ma vie, d’autant que je
peux le faire aujourd’hui.”
![]() Une heure de repos pour les incarcérées. |
![]() Le shérif Arpaio, l’instigateur du retour de la formule: chaînes et rayures noires et blanches. |
![]() Pause-déjeuner pour les femmes enchaînées. |
![]() Le palais Topkapi.À la prison de Maricopa County, les femmes apprennent la discipline. |