Le
report du 4 mai jusqu’après les élections israéliennes,
de la proclamation de l’Etat palestinien - qui a attendu 50 ans peut patienter
deux semaines - a pour avantage de gagner à la cause palestinienne
la communauté internationale, déjà acquise à
cette idée.
Même Farouk Kaddoumi, chef du département politique
de l’OLP (notre photo), y est favorable, bien qu’il ne soit pas d’accord
avec Abou-Ammar sur toute le ligne...
Il va sans dire qu’en ajournant la proclamation de leur Etat, le 4 mai,
les Palestiniens - et leur autorité autonome - ont fait montre de
souplesse et gagné à leur cause la communauté internationale.
De plus, l’opinion israélienne paraît acquise, maintenant,
à l’idée d’un tel Etat, jugé selon un récent
sondage, comme un droit inaliénable.
Cette proclamation a été reportée jusqu’après
les législatives israéliennes (fixées au 17 mai).
Ce n’est donc pas un temps difficile à supporter, car qui a attendu
cinquante ans, peut patienter deux semaines.
Naturellement, les extré-mistes palestiniens ne sont pas de
cet avis et pressent Abou-Ammar de proclamer son Etat, quels que soient
les réactions que sa décision suscitera en Israël et
dans les pays - les Etats-Unis, notam-ment - ayant conseillé au
Conseil national palestinien d’y surseoir, Washington ayant recommandé
un délai de douze mois...
Que peut-on attendre de la part des Palestiniens après le 4
mai? M. Farouk Kaddoumi, chef du département politique de l’OLP
- poste équivalent à celui de chef de la diplomatie - pourtant
en désaccord avec M. Yasser Arafat, surtout depuis la signature
de l’accord d’Olso, prône une attitude souple. “A partir du 4 mai,
a-t-il dit, a commencé à courir le droit des Palestiniens
d’exercer leur souveraineté sur leur terre...
“Dans le même temps, les Etats-Unis devraient prendre les dispositions
nécessaires en vue d’amener les Nations Unies et les Etats membres
à reconnaître la nouvelle entité palestinienne... Le
Conseil palestinien devrait convaincre les Etats européens d’exercer
des pressions sur Israël pour l’amener à admettre le fait accompli
en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.”
L’Union européenne peut-elle influer sur Tel-Aviv? M. Kaddoumi
répond par l’affirmative, “parce que le volume des échanges
commerciaux est énorme de part et d’autre... à condition
que la position des Etats membres de la Ligue arabe soit unie et forte.”
Une autre question se pose: le report de la proclamation de l’Etat
palestinien jusqu’après le 17 mai, laisse-t-il espérer quelque
avantage, même si Netanyahu devait perdre la bataille?
M. Kaddoumi se montre sceptique sur ce point, partant du fait que “les
Travaillistes sont trompeurs, le changement avec eux pouvant être
purement tactique, mais non stratégique.”
Il rappelle que leur parti a lancé les colonies de peuplement,
tout en œuvrant à intégrer la Cisjordanie. Shimon Pérès
“qui a perdu les élections de 96 à cause du massacre de Cana”,
a bien entrepris les négociations de paix, mais n’est nullement
favorable à un Etat palestinien dans le plein sens du terme; c’est
ce qui explique l’ambiguité de l’accord d’Oslo.
Enfin, selon M. Kaddoumi, le timing se prête maintenant à
la concomitance de tous les volets arabes, la création d’un Etat
palestinien ayant été décidée lors du sommet
arabe de 1986. |