Magnelli est cet artiste d’avant-garde qui, suite à la disparition
de Kandinsky et de Mondrian, a fait figure de relais après les années
de guerre, face à une nouvelle génération d’artistes
comme Poliakoff, Dorazio ou Dewaene...
Il fut celui qui explora toutes les ressources d’une peinture libre
de toute représentation.
Aujourd’hui, la galerie Denise René met à l’honneur ses
collages, collages pratiqués par lui jusqu’à la fin des années
60.
Un art alternatif face à l’éternel conflit de la ligne
et de la couleur.
Dans cette nouvelle démarche abstraite, Magnelli abandonnant
la couleur vive et le lyrisme, recherchait exclusivement la forme pure
et ses cadences, exploitant les matériaux voués au rebut,
à l’instar de Kurt Schwitters.
Avec des matériaux comme le papier de verre, la corde, des ficelles
ou le carton ondulé, il ordonnait ces éléments sur
la toile afin qu’ils deviennent de véritables poèmes visuels.
Les formes chez cet artiste affirment à la fois leur autonomie,
leur aptitude à exister en tant que telles dans le monde extérieur
et à générer aussi, par le seul contact de leurs couleurs
et leurs matières, ce dessin affirmé qui rend son œuvre reconnaissable
entre toutes.
![]() Un art de la récupération aussi. |
![]() Magnelli avait très vite compris l’enjeu de la peinture contemporaine. |
DIALOGUES D’ESPACES... ŒUVRES
QUI ONT QUELQUE CHOSE D’ABSOLU
Les collages de Magnelli sont, en quelque sorte, des dialogues d’espace,
jeux de géométrie.
Ils ont quelque chose d’absolu, car même s’ils obéissent
à une rigueur solennelle, la fragmentation et l’explosion de la
matière les rendent libres et fantasmatiques.
Avec ces matériaux, Magnelli a ouvert la voie à ce qui
sera, après la guerre, l’une des formes d’expression artistique
privilégiée de la peinture abstraite.
Cette œuvre nous offre une image qui révèle toujours
une confidence dans la vérité quotidienne du peintre.
En fragmentant d’un coup de ciseaux sur le papier réglé
des compositeurs, les images des magazines en couleurs ou en optant pour
le papier d’un paquet de cigarettes ou même en utilisant les supports
d’ampoules de pharmacie, Magnelli travaille ses séries comme “Les
Musiques” réalisées entre 1941 et 1942.
En organisant par quelques traits d’encre en musiques désinvoltes,
en partitions, il organise tous ces éléments de la fuite
et de la privation.
En regardant de près ses collages, on y lit un de ces airs simples
que chantent les enfants pour se rassurer, quand vient le soir...
Son exposition qui souligne le caractère et la plasticité
organique des formes inventées par un peintre qui trouvait un écho
puissant dans le travail des jeunes artistes abstraits en Europe et en
Amérique du Sud.
La galerie de Saint Germain-des-Prés a ressorti des œuvres d’un
grand artiste, profitant de la vague sud-américaine qui déferle
en ces temps sur Paris avec Soto, Demarco, Tomasello et bien d’autres...
Magnelli, ce créateur, a très vite compris l’enjeu de
la peinture contemporaine.
![]() libre de toute représentation. |
![]() Un collage réalisé en 1950. |