MAGNELLI... COLLAGES DES ANNÉES 30 À 60
EXPLOITER LA FORME PURE ET SES CADENCES

La galerie Denise René propose sur ses cimaises les collages d’une des stars d’une époque passée, l’artiste Magnelli qui fut des grands combats de l’abstraction après le passage d’une figuration colorée. Un créateur adulé dans les années 50 au même titre que de Staël, Hartung ou Delaunay. On connaît, surtout, de lui ses œuvres fragmentées et ses explosions de couleurs empruntant au futurisme et au cubisme

Magnelli est cet artiste d’avant-garde qui, suite à la disparition de Kandinsky et de Mondrian, a fait figure de relais après les années de guerre, face à une nouvelle génération d’artistes comme Poliakoff, Dorazio ou Dewaene...
Il fut celui qui explora toutes les ressources d’une peinture libre de toute représentation.
Aujourd’hui, la galerie Denise René met à l’honneur ses collages, collages pratiqués par lui jusqu’à la fin des années 60.
Un art alternatif face à l’éternel conflit de la ligne et de la couleur.
Dans cette nouvelle démarche abstraite, Magnelli abandonnant la couleur vive et le lyrisme, recherchait exclusivement la forme pure et ses cadences, exploitant les matériaux voués au rebut, à l’instar de Kurt Schwitters.
Avec des matériaux comme le papier de verre, la corde, des ficelles ou le carton ondulé, il ordonnait ces éléments sur la toile afin qu’ils deviennent de véritables poèmes visuels.
Les formes chez cet artiste affirment à la fois leur autonomie, leur aptitude à exister en tant que telles dans le monde extérieur et à générer aussi, par le seul contact de leurs couleurs et leurs matières, ce dessin affirmé qui rend son œuvre reconnaissable entre toutes.
 

Un art de la récupération aussi.

Magnelli avait très vite compris 
l’enjeu de la peinture contemporaine.

DIALOGUES D’ESPACES... ŒUVRES
QUI ONT QUELQUE CHOSE D’ABSOLU
Les collages de Magnelli sont, en quelque sorte, des dialogues d’espace, jeux de géométrie.
Ils ont quelque chose d’absolu, car même s’ils obéissent à une rigueur solennelle, la fragmentation et l’explosion de la matière les rendent libres et fantasmatiques.
Avec ces matériaux, Magnelli a ouvert la voie à ce qui sera, après la guerre, l’une des formes d’expression artistique privilégiée de la peinture abstraite.
Cette œuvre nous offre une image qui révèle toujours une confidence dans la vérité quotidienne du peintre.
En fragmentant d’un coup de ciseaux sur le papier réglé des compositeurs, les images des magazines en couleurs ou en optant pour le papier d’un paquet de cigarettes ou même en utilisant les supports d’ampoules de pharmacie, Magnelli travaille ses séries comme “Les Musiques” réalisées entre 1941 et 1942.
En organisant par quelques traits d’encre en musiques désinvoltes, en partitions, il organise tous ces éléments de la fuite et de la privation.
En regardant de près ses collages, on y lit un de ces airs simples que chantent les enfants pour se rassurer, quand vient le soir...
Son exposition qui souligne le caractère et la plasticité organique des formes inventées par un peintre qui trouvait un écho puissant dans le travail des jeunes artistes abstraits en Europe et en Amérique du Sud.
La galerie de Saint Germain-des-Prés a ressorti des œuvres d’un grand artiste, profitant de la vague sud-américaine qui déferle en ces temps sur Paris avec Soto, Demarco, Tomasello et bien d’autres...
Magnelli, ce créateur, a très vite compris l’enjeu de la peinture contemporaine.
 
Explorer toutes les ressources d’une peinture 
libre de toute représentation.

Un collage réalisé en 1950.

par SONIA NIGOLIAN-PARIS

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