LE POUVOIR FAIT FACE À
TOUTES LES ÉVENTUALITÉS AU LIBAN-SUD
Il est maintenant établi que ce dernier a été la
conséquence de politiques financières improvisées,
suivies au cours des dernières années, en plus du gaspillage
des fonds publics, de vols, de transactions et d’adjudications de gré
à gré, autant d’exactions faisant actuellement l’objet d’investigations.
Le chef de l’Etat a tenu à en parler avec M. Saïdi, sans
attendre le retour de M. Georges Corm, ministre des Finances, lequel mettra
un terme à toutes les rumeurs relatives à son éventuelle
démission, celles-ci ayant été démenties, une
fois de plus, par son remplaçant qui a annoncé sa rentrée
prochaine.
Le Pouvoir est déterminé à édifier l’Etat
de la loi et des institutions, quelles que soient les difficultés
à aplanir. Aussi, tous les dossiers ouverts ou qui seront examinés
ultérieurement, feront-ils l’objet d’investigations, celles-ci devant
être menées jusqu’à leur terme. Le régime ne
peut s’arrêter à mi-chemin; aussi, persévèrera-t-il
dans sa ligne de conduite actuelle, du moment que le chef de l’Etat s’est
placé lui-même sous la loi.
Cependant, atteindre cet objectif n’est pas chose aisée, d’autant
que les développements survenus au Liban-Sud, où les forces
d’occupation empêchent les citoyens d’inhumer leurs morts, comme
ce fut le cas, cette semaine, au village de Houla.
Au plan intérieur, il s’agit de prévenir une “révolte
sociale”, ainsi que l’a souligné S.Em. le cardinal Nasrallah Sfeir
dans sa dernière homélie dominicale, en insistant sur “la
nécessité de promouvoir une ère d’égalité,
de justice et de respect des droits de l’homme.”
Dans le camp de l’opposition, les attitudes restent divergentes. De
fait, si le président Rafic Hariri a mis de l’eau dans son vin,
preuve en est qu’il a informé le président Lahoud de la teneur
de ses derniers entretiens à Damas, M. Walid Joumblatt fait alterner
les prises de position dures et conciliantes à l’égard du
Pouvoir. “Nous n’acceptons pas et ne permettrons à personne d’accaparer
les relations avec la Syrie”, a-t-il dit, dans une harangue prononcée
au cours d’un meeting organisé à Békaata (caza du
Chouf), à l’occasion du cinquantenaire du Parti socialiste progressiste.
Pour en revenir à la réforme administrative, les membres
du gouvernement sont appelés à présenter au Conseil
des ministres des rapports consignant la situation dans leurs départements
respectifs. Le ministre de l’Information a été le premier
à le faire et son rapport a été transmis à
l’Inspection centrale.
Ses collègues vont suivre, le dernier rapport devant être
soumis au Conseil des ministres à la fin du mois courant.
Entre-temps, Télé-Liban fait l’objet d’une action en
profondeur, en vue de la brancher sur le satellite arabe (IRT), les contacts
en cours devant permettre à la télévision d’Etat d’émettre
sur ce réseau le 15 mai.
NOUVELLE PHASE POLITIQUE
Cela dit, on s’attend que le pays entre dans une nouvelle phase politique
après le vote de la loi de finances, qui se traduirait par la réactivation
du cycle économique. Les milieux gouvernementaux laissent espérer
la fin du marasme qui sévit à tous les niveaux et dans les
secteurs productifs.
D’autre part, le gouvernement se propose d’en finir avec des projets
qualifiés d’urgents, tels ceux relatifs à la décentralisation
administrative et à la nouvelle loi électorale, celle-ci
devant être élaborée dans un délai expirant
fin août.
Ainsi que les hautes autorités l’ont déjà affirmé:
il n’est nullement question, dans la phase actuelle, d’un changement, ni
même d’un remaniement ministériel, le “Cabinet des 16” étant
appelé à parachever le processus du changement et du sauvetage,
conformément au plan défini par le nouveau régime
dont les grandes lignes ont été consignées dans le
discours d’investiture.
Les milieux informés certifient que le gouvernement Hoss terminera
la réforme administrative à tous les échelons, l’Etat
n’étant nullement disposé à transiger dans tout ce
qui concerne l’intérêt des citoyens.
A ce propos, il nous revient que l’action entamée au ministère
de l’Information sera étendue aux autres départements ministériels.
TOURNÉES-SURPRISES
Pendant ce temps, le Général-Président poursuit
ses tournées-surprises dans les différents secteurs étatiques.
Il s’y rend sans escorte et se déplace d’un service à l’autre,
pour toucher du doigt la bonne marche des ministères. Chaque fois,
le président Lahoud arrive en coup de vent, peu après 8 heures
du matin et souvent la plupart des fonctionnaires ne sont pas à
leurs postes. On peut imaginer leur mine quand ils trouvent à leurs
bureaux le président de la République...
Le président Lahoud s’est rendu, notamment, au siège
de l’administration centrale de l’Université libanaise, sise place
du Musée, à la direction générale de l’Urbanisme,
au bureau de l’administrateur de Beyrouth, à l’aéroport international,
aux services financiers installés à l’immeuble des Makassed,
rue Mar Elias. Il s’est enquis, surtout, de la présence des
fonctionnaires, des difficultés qui entravent l’accomplissement
des formalités, insistant sur la nécessité de satisfaire
les demandes des citoyens.
A l’A.I.B., la visite présidentielle a été longue,
puisqu’elle a englobé les bureaux de la Sûreté générale
chargés d’organiser l’entrée et le départ des passagers,
le centre des douanes et il s’est même intéressé aux
travaux d’élargissement de l’aérogare.
En ce qui a trait à l’exécution des grands projets et
à la demande du président Lahoud, le Conseil des ministres
exige des entrepreneurs d’obtenir l’accord préalable du Conseil,
partant de la détermination du Pouvoir d’assurer le principe de
la transparence pour prévenir les magouilles... et autres abus.
Sur un autre plan, le président Nabih Berri n’a pas caché
son désappointement de la campagne menée par certains moyens
d’information contre le Pouvoir et la réforme administrative, des
médias connus pour leur attache avec d’anciens responsables, suscitant
le doute sur l’impartialité du Premier ministre et des membres du
Cabinet. Surtout à la suite du maintien à son poste du Dr
Hassan Farran, président de la Banque pour le financement, dont
la vigilance a permis d’économiser plus de 4 milliards de
livres à cet établissement en 1998, son capital ayant été
porté de 8.547 millions de livres fin 93, à plus de cent
milliards l’année dernière.
Il en est de même par rapport au Conseil du Liban-Sud dont le
président, M. Kabalan Kabalan a fait l’objet d’une cabale visant
à le discréditer. Pourtant, cet organisme a exécuté
des projets et assuré des prestations excédant de loin son
budget annuel, ainsi que le prouvent ses relevés de comptes qui
sont soumis, régulièrement, aux organismes de contrôle,
la Cour des comptes en tête.
VIGILANCE AU SUD
En ce qui concerne le Liban-Sud, où la situation redevient inquiétante,
le chef de l’Etat appelle à la vigilance, “car on ne peut faire
confiance à Israël, le gouvernement prenant toutes les dispositions
nécessaires pour faire face à toutes les éventualités.”
A ce sujet, M. Melhem Karam, président de l’Ordre des journalistes,
a rapporté les propos tenus par le président Berri, au cours
d’une visite qu’il lui a rendue, disant que le chef du Législatif
se préoccupe de deux faits: le souci sudiste, à l’occasion
de la bataille électorale israélienne et des surenchères
qui l’accompagnent; le second souci étant celui de la vie quotidienne
des citoyens qui vivent dans des conditions difficiles.
Le président Berri s’est réjoui de la fondation de la
“banque des pauvres” et a prédit des jours meilleurs, en précisant
que “la politique d’austérité n’affecte nullement les questions
fondamentales, les gouvernants ayant à cœur de défendre les
droits du peuple et d’assurer ses besoins.”