TOUT EN POURSUIVANT LE PROCESSUS DE LA RÉFORME

LE POUVOIR FAIT FACE À TOUTES LES ÉVENTUALITÉS AU LIBAN-SUD


La “semaine du projet de budget 99” avait été précédée, dimanche dernier, par une rencontre au palais de Baabda, entre le président Lahoud et M. Nasser Saïdi, ministre p.i. des Finances - chargé de présenter et de défendre la loi de finances aux côtés du président Hoss - l’échange de vues s’étant étendu au plan quinquennal, destiné à réduire le déficit budgétaire.

Il est maintenant établi que ce dernier a été la conséquence de politiques financières improvisées, suivies au cours des dernières années, en plus du gaspillage des fonds publics, de vols, de transactions et d’adjudications de gré à gré, autant d’exactions faisant actuellement l’objet d’investigations.
Le chef de l’Etat a tenu à en parler avec M. Saïdi, sans attendre le retour de M. Georges Corm, ministre des Finances, lequel mettra un terme à toutes les rumeurs relatives à son éventuelle démission, celles-ci ayant été démenties, une fois de plus, par son remplaçant qui a annoncé sa rentrée prochaine.
Le Pouvoir est déterminé à édifier l’Etat de la loi et des institutions, quelles que soient les difficultés à aplanir. Aussi, tous les dossiers ouverts ou qui seront examinés ultérieurement, feront-ils l’objet d’investigations, celles-ci devant être menées jusqu’à leur terme. Le régime ne peut s’arrêter à mi-chemin; aussi, persévèrera-t-il dans sa ligne de conduite actuelle, du moment que le chef de l’Etat s’est placé lui-même sous la loi.
Cependant, atteindre cet objectif n’est pas chose aisée, d’autant que les développements survenus au Liban-Sud, où les forces d’occupation empêchent les citoyens d’inhumer leurs morts, comme ce fut le cas, cette semaine, au village de Houla.
Au plan intérieur, il s’agit de prévenir une “révolte sociale”, ainsi que l’a souligné S.Em. le cardinal Nasrallah Sfeir dans sa dernière homélie dominicale, en insistant sur “la nécessité de promouvoir une ère d’égalité, de justice et de respect des droits de l’homme.”
Dans le camp de l’opposition, les attitudes restent divergentes. De fait, si le président Rafic Hariri a mis de l’eau dans son vin, preuve en est qu’il a informé le président Lahoud de la teneur de ses derniers entretiens à Damas, M. Walid Joumblatt fait alterner les prises de position dures et conciliantes à l’égard du Pouvoir. “Nous n’acceptons pas et ne permettrons à personne d’accaparer les relations avec la Syrie”, a-t-il dit, dans une harangue prononcée au cours d’un meeting organisé à Békaata (caza du Chouf), à l’occasion du cinquantenaire du Parti socialiste progressiste.
Pour en revenir à la réforme administrative, les membres du gouvernement sont appelés à présenter au Conseil des ministres des rapports consignant la situation dans leurs départements respectifs. Le ministre de l’Information a été le premier à le faire et son rapport a été transmis à l’Inspection centrale.
Ses collègues vont suivre, le dernier rapport devant être soumis au Conseil des ministres à la fin du mois courant.
Entre-temps, Télé-Liban fait l’objet d’une action en profondeur, en vue de la brancher sur le satellite arabe (IRT), les contacts en cours devant permettre à la télévision d’Etat d’émettre sur ce réseau le 15 mai.

NOUVELLE PHASE POLITIQUE
Cela dit, on s’attend que le pays entre dans une nouvelle phase politique après le vote de la loi de finances, qui se traduirait par la réactivation du cycle économique. Les milieux gouvernementaux laissent espérer la fin du marasme qui sévit à tous les niveaux et dans les secteurs productifs.
D’autre part, le gouvernement se propose d’en finir avec des projets qualifiés d’urgents, tels ceux relatifs à la décentralisation administrative et à la nouvelle loi électorale, celle-ci devant être élaborée dans un délai expirant fin août.
Ainsi que les hautes autorités l’ont déjà affirmé: il n’est nullement question, dans la phase actuelle, d’un changement, ni même d’un remaniement ministériel, le “Cabinet des 16” étant appelé à parachever le processus du changement et du sauvetage, conformément au plan défini par le nouveau régime dont les grandes lignes ont été consignées dans le discours d’investiture.
Les milieux informés certifient que le gouvernement Hoss terminera la réforme administrative à tous les échelons, l’Etat n’étant nullement disposé à transiger dans tout ce qui concerne l’intérêt des citoyens.
A ce propos, il nous revient que l’action entamée au ministère de l’Information sera étendue aux autres départements ministériels.

TOURNÉES-SURPRISES
Pendant ce temps, le Général-Président poursuit ses tournées-surprises dans les différents secteurs étatiques. Il s’y rend sans escorte et se déplace d’un service à l’autre, pour toucher du doigt la bonne marche des ministères. Chaque fois, le président Lahoud arrive en coup de vent, peu après 8 heures du matin et souvent la plupart des fonctionnaires ne sont pas à leurs postes. On peut imaginer leur mine quand ils trouvent à leurs bureaux le président de la République...
Le président Lahoud s’est rendu, notamment, au siège de l’administration centrale de l’Université libanaise, sise place du Musée, à la direction générale de l’Urbanisme, au bureau de l’administrateur de Beyrouth, à l’aéroport international, aux services financiers installés à l’immeuble des Makassed, rue Mar Elias. Il s’est enquis, surtout,  de la présence des fonctionnaires, des difficultés qui entravent l’accomplissement des formalités, insistant sur la nécessité de satisfaire les demandes des citoyens.
A l’A.I.B., la visite présidentielle a été longue, puisqu’elle a englobé les bureaux de la Sûreté générale chargés d’organiser l’entrée et le départ des passagers, le centre des douanes et il s’est même intéressé aux travaux d’élargissement de l’aérogare.
En ce qui a trait à l’exécution des grands projets et à la demande du président Lahoud, le Conseil des ministres exige des entrepreneurs d’obtenir l’accord préalable du Conseil, partant de la détermination du Pouvoir d’assurer le principe de la transparence pour prévenir les magouilles... et autres abus.
Sur un autre plan, le président Nabih Berri n’a pas caché son désappointement de la campagne menée par certains moyens d’information contre le Pouvoir et la réforme administrative, des médias connus pour leur attache avec d’anciens responsables, suscitant le doute sur l’impartialité du Premier ministre et des membres du Cabinet. Surtout à la suite du maintien à son poste du Dr Hassan Farran, président de la Banque pour le financement, dont la vigilance a permis d’économiser plus de 4 milliards  de livres à cet établissement en 1998, son capital ayant été porté de 8.547 millions de livres fin 93, à plus de cent milliards l’année dernière.
Il en est de même par rapport au Conseil du Liban-Sud dont le président, M. Kabalan Kabalan a fait l’objet d’une cabale visant à le discréditer. Pourtant, cet organisme a exécuté des projets et assuré des prestations excédant de loin son budget annuel, ainsi que le prouvent ses relevés de comptes qui sont soumis, régulièrement, aux organismes de contrôle, la Cour des comptes en tête.

VIGILANCE AU SUD
En ce qui concerne le Liban-Sud, où la situation redevient inquiétante, le chef de l’Etat appelle à la vigilance, “car on ne peut faire confiance à Israël, le gouvernement prenant toutes les dispositions nécessaires pour faire face à toutes les éventualités.”
A ce sujet, M. Melhem Karam, président de l’Ordre des journalistes, a rapporté les propos tenus par le président Berri, au cours d’une visite qu’il lui a rendue, disant que le chef du Législatif se préoccupe de deux faits: le souci sudiste, à l’occasion de la bataille électorale israélienne et des surenchères qui l’accompagnent; le second souci étant celui de la vie quotidienne des citoyens qui vivent dans des conditions difficiles.
Le président Berri s’est réjoui de la fondation de la “banque des pauvres” et a prédit des jours meilleurs, en précisant que “la politique d’austérité n’affecte nullement les questions fondamentales, les gouvernants ayant à cœur de défendre les droits du peuple et d’assurer ses besoins.”

NADIM El-HACHEM

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