LES EFFORTS DE L’ÉTAT POUR PRÉVENIR UN DÉRAPAGE À JEZZINE

“Après la fin des vacances judiciaires, la loi suivra son cours et de grosses têtes tomberont. L’argent extorqué au Trésor sera restitué à l’Etat, quels que soient les coupables”. En ces termes, une source renseignée a résumé à ”La Revue du Liban”, les perspectives de la prochaine étape au plan des dossiers chauds en instance au palais de Justice.


Nettoyage des rues de Jezzine.

Pourquoi après la fin des vacances judiciaires? Tout simplement, parce que le mouvement judiciaire aura été effectué, chaque magistrat devant assumer ses responsabilités, après que “l’homme qu’il faut aura été placé à la place qu’il faut”.
Puis, certains qui évitent de se présenter devant les magistrats instructeurs en tant que témoins, dans des affaires déterminées, comparaîtront devant les juges, cette fois en tant qu’accusés.
Mais cela ne signifie pas que tout sera bloqué jusqu’à la fin des vacances judiciaires. Au contraire, les dossiers resteront ouverts et les investigations en cours se poursuivront jusqu’à leur finalité, alors que de nouveaux dossiers s’ajouteront aux anciens. Il n’est pas dit que seuls les petits ronds-de-cuir seront inquiétés; les grands, aussi, n’échapperont pas aux enquêtes et aucun prévenu, si haut placé soit-il, ne sera à l’abri  des sanctions.

LE RETRAIT DE JEZZINE
Le retrait de l’ALS de Jezzine a relégué au second plan les dossiers brûlants au cours de la semaine écoulée. De fait, le chef de l’Etat qui a multiplié les contacts en vue de prévenir tout dérapage dans cette localité sudiste, a rappelé clairement la position officielle: Pas de garanties, ni d’arrangements de sécurité (en contrepartie de l’évacuation de la région par les “forces du fait accompli”), en dehors d’une paix juste et globale dont profiteraient le Liban et la Syrie, réglant tous les problèmes en suspens, dont celui des réfugiés palestiniens.
Le chef de l’Etat a dit encore: Tout retrait partiel n’incitera pas le Liban à prendre des options non conformes à ses prises de position précédemment déclarées, servant ses intérêts nationaux.
“La sécurité de Jezzine, a rappelé le président de la République, était menacée par l’occupant israélien et ses agents, non par leur retrait”, voulant par là dissiper les appréhensions de ceux qui s’inquiètent quant à l’avenir, en raison des retombées éventuelles de l’évacuation de l’ALS.
La radio militaire israélienne avait annoncé le retrait imminent de l’ALS et fixé aux abords du village de Kfarhouné la nouvelle zone de déploiement des miliciens lahdistes. De plus, elle a laissé entendre que le général Lahd qui est à la tête de l’ALS depuis 1984, résignera ses charges, bien que des pressions aient été exercées sur lui pour qu’il gèle sa démission jusqu’après la formation du nouveau Cabinet israélien, sous la présidence d’Ehud Barak.
A ce propos, trois noms sont avancés pour prendre la relève de Lahd: Akl Hachem, responsable du secteur oriental; Karam Allah Saïd, chef d’état-major de l’ALS et un troisième “candidat” sunnite natif de Khiyam.

COOPÉRATION LIBANO-SYRIENNE
La situation au Liban-Sud, en général et à Jezzine, en particulier, était au centre des entretiens que le président Lahoud a eus au début de la semaine avec le chef de la diplomatie syrienne, venu lui transmettre un message personnel du président Assad, au lendemain de la visite que le chef de l’Etat avait effectuée à Amman, à l’invitation du roi Abdallah II.
La rencontre libano-jordanienne au sommet, au cours de laquelle ont été examinées les questions d’intérêt commun et les relations bilatérales, marque un tournant dans les rapports entre Beyrouth et Amman. Elle a été qualifiée “d’historique” par M. Nasser Laouzi, ministre jordanien de l’Information.
Pour en revenir aux entretiens de M. el-Chareh au palais de Baabda et au parlement, il se confirme que les deux parties sont tombées d’accord sur “la nécessité de faire face aux développements pouvant survenir après l’accession d’Ehud Barak au Pouvoir en Israël”. Le chef de la diplomatie syrienne a révélé que Netanyahu avait accepté le principe du retrait israélien du Liban-Sud et du Golan jusqu’aux frontières du 4 juin 1967. Mais le prédécesseur de Barak n’avait pu tenir sa promesse, pour la simple raison qu’il s’était engagé, lors de la précédente campagne électorale, “de ne restituer aucun pouce des territoires arabes occupés”.
Beyrouth et Damas, apprenons-nous, ont convenu de tenir un sommet ayant pour but de consolider la cohésion et la solidarité interarabes, pour faire face en rangs unis à toutes les éventualités. Damas préfèrerait, semble-t-il, un sommet élargi et non limité aux pays de l’étau: Liban, Syrie, Egypte, Jordanie et Palestine (Autorité palestinienne), étant donné le froid qui caractérise les relations palestino-syriennes depuis la signature de l’accord d’Oslo. D’autant que la paix régionale concerne tous les Etats arabes, en définitive.

RENFORCEMENT DE LA MACHINE JUDICIAIRE
Cela dit, il va sans dire que le renforcement de la “machine judiciaire”, afin de lui permettre de s’acquitter des missions qui lui incombent, figure ces temps-ci en tête de l’ordre des priorités et des préoccupations officielles.
Ainsi qu’il l’a proclamé dans son discours d’investiture, le chef de l’Etat s’emploie à assurer l’indépendance de la Justice. Il l’a réaffirmé en recevant, dernièrement, le président du Conseil supérieur de la magistrature, M. Mounir Honein.
Le mouvement judiciaire s’avère d’autant plus impérieux, que plusieurs nouveaux dossiers semblent devoir être ouverts dans les prochaines semaines, même avant le mois de juillet, les vacances judiciaires commençant à cette date.
D’aucuns s’attendent que M. Omar Meskaoui, ancien ministre des Transports, soit interrogé en qualité de témoin, dans une nouvelle affaire autre que celle du port, dans laquelle est impliqué M. Mouhib Itani, ancien directeur de la compagnie du port de Beyrouth, ainsi que M. Imad Nawam, ancien directeur général des Transports.
Admis à faire valoir ses droits à la retraite, celui-ci est poursuivi pour dilapidation des fonds publics et négligence, pour n’avoir pas dénoncé les infractions commises aux dépens des domaines maritimes.

NADIM EL-HACHEM

Home
Home