Le retrait de l’ALS de Jezzine avait suscité des appréhensions et le doute quant à la sécurité de ses habitants et à leur avenir.
De fait, étant donné les dangereux précédents à inscrire à l’actif de l’Etat hébreu, il y avait lieu de craindre quelque surprise désagréable dont la population civile paierait le prix, la contraignant à prendre le chemin de l’exode, cette fois pour ne plus retourner.
Le risque de l’implantation (palestinienne) qui n’était pas totalement conjuré, préoccupait encore les esprits, d’autant que des complexes résidentiels (genre HLM) avaient été construits dans la région depuis peu, dont on ignorait l’usage qui devait en être fait.
Le mystère entourant ces habitations non encore occupées, entretenait l’inquiétude, d’autant que le cas de Jezzine était maintenu en suspens durant de longues années, aucune initiative n’ayant été entreprise de la part de quelque instance locale, arabe ou étrangère, pour le trancher. Même le Vatican, se contentait de déclarations d’intentions, sans plus, surtout depuis le décès de son émissaire, le regretté père Buhigas, dont le Saint-Siège n’a plus désigné de remplaçant.
Pour en revenir au retrait de l’ALS, le sentiment d’inquiétude provoqué et entretenu par les insinuations des responsables, selon lesquelles “l’Armée ne serait pas déployée à Jezzine, seules les forces de sécurité intérieure étant chargées d’y assurer l’ordre et la sécurité”, ce sentiment s’est dissipé en quelques jours, suite aux visites qu’y ont effectuées les présidents de la République et du Conseil.
Les chefs de l’Etat et du gouvernement ont rassuré les habitants, d’abord par leur présence; ensuite, par leur engagement à donner les instructions aux organismes officiels qualifiés pour hâter la remise en état du réseau routier, des infrastructures relatives à l’eau, à l’électricité et au téléphone; de renforcer l’équipement de l’hôpital gouvernemental et d’achever la construction du sérail.
De plus, les présidents Lahoud et Hoss ont appelé les familles jezziniotes à réintégrer leurs pénates dans le plus bref délai, alors que la Résistance, par la voix de son vice-président, cheikh Naïm Kassem, a confirmé le succès du “Hezbollah” dans l’épreuve de Jezzine.
L’appel des hautes autorités a été entendu, preuve en est l’afflux de milliers de personnes natives de la région, au cours du dernier week-end, suivi de la visite d’une délégation de six archevêques maronites dépêchés par S.Em. le cardinal Sfeir. Les prélats ont concélébré la messe dans l’église paroissiale Saint Maron qui n’a pu contenir la foule des fidèles, beaucoup d’entre eux étant revenus au village natal pour la première fois depuis quinze ans.
Il s’agit, à présent, de trouver une issue autant humaine qu’équitable, au cas d’anciens membres de l’ALS qui se sont livrés à l’Armée et espèrent être réhabilités, la plupart d’entre eux ayant été amenés, contre leur gré, à coopérer avec les “forces du fait accompli”, puisqu’ils ont refusé de les suivre à l’heure du départ.