LAHOUD: “NOUS SOMMES TOUS AVEC
VOUS”
LA RÉPUBLIQUE SE PENCHE SUR LES PROBLÈMES
SOCIO-ÉCONOMIQUES DE LA RÉGION
Bain de foule pour le
président Lahoud à Jezzine.
Juchés sur un char abandonné par
l’ALS, ils font le signe de la victoire.
Sans tambours ni trompettes, le président Emile Lahoud a créé
un véritable effet de surprise en arrivant à Jezzine, le
samedi 5 juin vers huit heures du matin avec pour toute escorte une voiture
civile.
Tenue sport, allure décontractée, le sourire illuminant
son visage, il est allé au-devant des gens avec spontanéité
et détermination, tout comme il l’avait fait à Ghazir, lors
de la finale de la coupe d’Asie.
Lahoud se rend, tout d’abord, au palais municipal où les employés
n’en croient pas leurs yeux en le voyant débarquer.
Alertés, les officiels et les notables accourent pour l’accueillir,
les députés de Jezzine Samir Azar et Sleiman Kanaan en tête;
l’ex-député Edmond Rizk et Fayçal Sayegh, administrateur
du Sud.
Dans la ville, la nouvelle se répand comme un éclair
et les gens sortent de chez eux pour accueillir le premier chef de l’Etat
qui visite la région depuis si longtemps.
Le général Lahoud a droit à un véritable
bain de foule, quand on pense à tout ce que la ville et sa région
ont enduré depuis plus de quinze ans.
LAHOUD: “NOTRE FORCE EST DANS L’UNITÉ”
Le chef de l’Etat se dirige vers le Sérail où il tient
une réunion avec les responsables locaux. Il se rend, ensuite, au
nouveau Sérail en construction, promettant de le faire achever bientôt.
Puis, il gagne l’hôpital gouvernemental et s’enquiert de ses besoins.
De retour au palais municipal, il s’adresse en ces termes à une
foule de plus en plus dense: “Notre force est dans l’unité et la
solidarité entre l’Etat, le peuple, l’armée et la Résistance,
en coordination totale avec nos frères syriens.
“Les prochains jours, ajoute-t-il, sont prometteurs pour le Liban.
L’essentiel est que nous unissions nos efforts pour unifier le pays, assurer
l’impartialité et l’intégrité de la Justice.”
Il lance, une fois de plus, un appel aux miliciens de l’ALS les engageant
à se rendre en les assurant que “la justice examinera leur cas loin
de toute ingérence.”
ACCUEIL POPULAIRE POUR LE PREMIER MINISTRE
Vendredi 4 juin, le chef du gouvernement, Salim Hoss, s’était
rendu à Jezzine où il a eu droit à un accueil populaire
chaleureux.
Il devait, notamment, indiquer que “l’Etat se mobilise pour évaluer
les besoins de la région”, avant d’ajouter: “Jezzine fait, désormais,
partie des régions libérées et sera donc traitée
comme toutes les autres.”
Concernant le processus de développement socio-économique
de la région, M. Hoss précise que “dans une première
étape, ce sont essentiellement le Haut-comité de secours,
le Conseil du Sud et le CDR qui y seront impliqués, alors
que l’administrateur coordonnera entre les différents services de
l’Etat.”
Dimanche 6 juin, autre manifestation de solidarité avec Jezzine,
par une messe concélébrée en l’église historique
de Saint-Maron par Mgr Roland Aboujaoudé, vicaire patriarcal
maronite et cinq archevêques. La communauté druze a tenu à
participer à cette rencontre spirituelle et le cheikh Akl druze
p.i. Bahjat Ghaïth est arrivé à la tête d’une
délégation de sa communauté et a prononcé,
sur le parvis de l’église, une allocution insistant sur le climat
de coexistence.
POUR LES MILICIENS “REPENTIS”:
UN JUGEMENT ÉQUITABLE
Evidemment, le cas des miliciens de l’ALS ayant choisi de rester à
Jezzine, demeure le problème majeur à régler. A cet
effet et pour mettre un terme à toutes sortes de rumeurs inquiétantes,
M. Joseph Chaoul, ministre de la Justice, s’est rendu le lundi 7 juin pour
y rencontrer les notables de la localité. Une rumeur avait circulé
selon laquelle “après un bref interrogatoire devant les services
de renseignement libanais, les miliciens seraient entendus par les renseignements
syriens.” Il y avait de quoi être inquiet.
M. Chaoul a tenu à dissiper toute équivoque en assurant
que les juges étudieront les dossiers des “repentis” et prononceront
leur verdict en tenant compte de chaque cas, séparément,
loin de toute influence ou interférence: “Les miliciens, affirme-t-il,
auront des jugements équitables; je vous le garantis. Mais, ni moi,
ni aucun autre responsable ne peut préjuger de la décision
finale des magistrats.”
Le sort des 200 miliciens “repentis” de l’ALS - dont la grande majorité
s’est rendue à l’armée libanaise - est, désormais,
entre les mains de la justice libanaise. Des voix réclament une
amnistie en leur faveur, dont celle du Dr Albert Moukheiber, président
du Rassemblement pour la République (RPR). Dans un communiqué
publié au nom du groupe, il demande à l’Etat d’accéder
à l’aspiration unanime des Libanais à la paix et de renoncer
au jugement des ex-miliciens de l’ALS, “qui risque, dit-il, de provoquer,
tôt ou tard, des dissensions entre les fils d’une même patrie.”
RÉPONDRE AUX BESOINS SOCIO-ÉCONOMIQUES
Aujourd’hui, un message prioritaire se dégage de tout l’intérêt
porté à Jezzine: la nécessité de l’intégrer
pleinement dans le giron de la légalité, d’y assurer la sécurité
et de répondre aux besoins socio-économiques et d’infrastructure
d’un caza si longtemps délaissé.
A l’Etat d’assumer ses responsabilités. C’est ce qui ressort
du communiqué publié par les archevêques maronites,
à l’issue de leur retraite annuelle. Les prélats exhortent
l’Etat de “reprendre totalement et souverainement en main les charges qui
lui incombent, en tant que responsable en premier et dernier ressort des
citoyens, de leurs droits et de leur dignité.”
Quant au patriarche maronite, S.Em. le cardinal Nasrallah Sfeir, il
a rendu grâce à Dieu, dans son homélie dominicale,
“pour le retour de la liberté à Jezzine” et demandé
la clémence pour les jeunes de l’ALS. “Nous souhaitons, dit-il,
que la justice considère avec impartialité le cas des jeunes
qui ont décidé de lui faire confiance. Quelle tienne compte,
avant tout, de la situation dramatique dans laquelle ils vivaient pour
la plupart et qui les a forcés à accepter, dire et faire
ce qu’ils ne souhaitaient pas. Sans liberté, pas de responsabilité.
Privé de liberté, on devient comme un jouet entre les mains
d’autrui.”