ROUCHAÏD EL-KHAZEN:
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Après
le décès de M. Haykal el-Khazen, président du Conseil
municipal de Jounieh, la bataille de succession s’est engagée. Son
frère, le député du Kesrouan M. Rouchaïd el-Khazen
s’attèle à trouver un compromis entre les divers courants
et familles de la ville, afin de préserver la solidarité
du Conseil, comme au temps de son défunt frère.
Cependant, notre entretien ne s’est pas limité à la question municipale; mais s’est étendu aux problèmes d’actualité au double plan local et régional. |
LES CONSEILLERS MUNICIPAUX
DE JOUNIEH RESTENT SOLIDAIRES
La bataille pour la présidence de la municipalité
de Jounieh a déjà commencé. Quels sont vos pronostics?
Toutes les parties sont soucieuses de sauvegarder la solidarité
des membres du Conseil municipal. A mon avis, tout se déroule conformément
à nos souhaits. Les amis et alliés de la veille restent sur
leur position et je ne crois pas que quelqu’un d’entre eux attendait la
vacance de la présidence de la municipalité, pour prendre
la place de mon frère ou pour assouvir ses desseins à
travers cette vacance.
Tous restent solidaires et n’œuvrent pas dans un sens contraire à
la ville de Jounieh et à ses intérêts.
JEZZINE NE DOIT PAS CRAINDRE L’AVENIR
Le retrait de Jezzine a eu lieu. Etes-vous confiant en l’avenir?
L’affaire semble avoir été mijotée à feu
doux et il n’y a rien à craindre pour Jezzine à l’avenir.
Nous pouvons, dès à présent, faire état de
maints développements politiques en rapport avec cet événement,
le plus frappant étant la prise de position du président
de la République, le général Emile Lahoud qui a déclaré:
Pas de garanties, ni d’arrangements de sécurité pour tout
retrait israélien, en dehors du cadre de paix englobant le Liban
et la Syrie et prévoyant des solutions aux questions vitales, dont
celle des réfugiés palestiniens.
Le chef de l’Etat a dit encore que la sécurité de la
région de Jezzine était menacée par l’occupation israélienne,
non par la fin de cette occupation. Puis, les constantes nationales se
raffermiront par la libération de cette localité et non le
contraire, le temps des séditions et le jeu sur les antagonismes
étant révolus sans espoir de retour.
Il n’y a rien à craindre pour Jezzine et ses habitants, tant
que l’Etat a conscience de ses responsabilités. D’ailleurs, les
responsables les ont rassurés en affirmant qu’ils connaîtront
le calme et la sécurité.
Je ne pense pas que le fruit mûrit de cette manière, sans
que des concertations aient eu lieu entre Beyrouth, Damas et la diplomatie
américaine, celle-ci ayant communiqué au Liban et à
la Syrie des assurances quant à la portée du retrait de l’ALS.
Auriez-vous connaissance de la teneur de ces assurances?
Des assurances fermes ont été données à
Damas quant à un éventuel rapport du retrait avec quelque
plan du président du Conseil israélien élu, Ehud Barak,
en vue du retrait du Liban-Sud, à la suite de la reprise des négociations
au double volet libanais et syrien. Il n’y a aucun lien non plus avec la
concomitance de ces volets.
Le retrait n’exige pas le déploiement immédiat d’unités
de l’Armée libanaise dans la région évacuée
par l’ALS. En revanche, toutes les parties se sont engagées à
ne pas permettre des incidents de nature à compromettre la sécurité
dans cette localité.
Le “Hezbollah” respectera-t-il la consigne de l’Etat en ce qui concerne
le retrait de Jezzine et l’étape future?
Le retrait des Lahdistes est une victoire pour le “Hezbollah” et l’un
des fruits de la résistance. Je ne crois pas qu’Israël aura
la possibilité de semer de nouveau les germes de la sédition,
d’autant qu’à mon avis, la Résistance ne dépassera
pas la ligne tracée par le Pouvoir, lequel a affirmé plus
d’une fois qu’il n’y a rien à craindre pour la sécurité
de Jezzine, même si l’Armée ne s’y déployait pas en
force.
Les FSI sont en mesure d’assurer l’ordre et de faire respecter la souveraineté
de la loi, l’Armée libanaise ne devant en aucun cas garantir la
présence d’Israël le long du cordon frontalier, ni se laisser
entraîner à des solutions auxquelles ni le Liban, ni la Syrie
ne peuvent souscrire.
• IL N’Y A RIEN
À CRAINDRE POUR LES HABITANTS
DE JEZZINE TANT QUE L’ÉTAT ASSUME
SES RESPONSABILITÉS
• LA RÉSISTANCENE DÉPASSERA
PAS LA LIGNE TRACÉE PAR LE POUVOIR
UN SOMMET ARABE RESTREINT, NÉCESSAIRE
Un sommet (restreint ou élargi) se tiendra-t-il en vue d’unifier
la position arabe pour faire face à la nouvelle étape ou
bien les Etats arabes directement concernés par la crise se contenteront-ils
de se concerter entre eux?
La nouvelle étape exige un sommet restreint auquel participeraient
le Liban, la Syrie, l’Egypte, la Jordanie et la zone où est exercé
le régime d’autonomie en Palestine, à l’effet de définir
la stratégie commune, au cas où les négociations de
paix venaient à reprendre.
Cependant, il faut attendre la formation du nouveau Cabinet israélien,
pour être fixé sur ses options quant aux principes sur base
desquels le processus de paix sera réactivé.
Les Israéliens seraient favorables à la reprise des
négociations de paix au point où elles avaient abouti en
1996; iraient-ils jusqu’à accepter d’évacuer le Sud et le
Golan?
Le Liban et la Syrie sont soucieux d’instaurer la paix sur les bases
définies par la conférence de Madrid. Il faut donc attendre
de connaître les orientations d’Ehud Barak pour se prononcer sur
ce sujet.
Quoi qu’il en soit, Beyrouth et Damas voudraient un soutien arabe en
vue d’un retrait total du Sud, de la Békaa-ouest et du Golan; de
l’application de la résolution 425 et des autres résolutions
de la légalité internationale. D’où la nécessité
d’un sommet restreint, tous les Etats arabes ayant intérêt
à ce que le conflit du Proche-Orient soit réglé de
façon à servir leurs intérêts.
L’Egypte et sa diplomatie peuvent-elles jouer un rôle efficace?
L’Egypte a, sans nul doute, un rôle actif, car elle a la possibilité
de faire accélérer le processus de paix, sans laisser les
groupes extrémistes le compromettre. Elle exercera des pressions
sur les différentes parties pour les amener à s’accorder
des concessions et, partant, à favoriser l’aboutissement des négociations.
Le Caire est en faveur d’un retrait israélien du Sud, de la Békaa-ouest
et du Golan, comme l’exigent les résolutions 425, 338 et 242 du
Conseil de Sécurité.
Propos recueillis par
JOSEPH
MELKANE