L’ÉLÉGANCE FRANÇAISE À LA RÉSIDENCE DES PINS

Jeudi 3 juin, la Résidence des Pins avait ouvert ses portes pour accueillir avec faste les quelque 450 personnes venues assister au dîner de gala et au défilé de Haute Couture française donnés au profit
de la Croix-Rouge libanaise.
 



 


UNE AMBIANCE DE RÊVE
Cinq couturiers français célèbres: Christian Dior, Christian Lacroix, Emmanuel Ungaro, Jean-Paul Gaultier et Thierry Mugler, s’étaient entendus pour présenter chacun douze de leurs modèles sélectionnés dans la collection printemps-été 1999. Au total, soixante robes, chefs-d’œuvre, portées par des créatures de rêve, venues spécialement de Paris. La fine fleur des Libanais et Français de Beyrouth était accueillie par l’ambassadeur de France et Mme Jouanneau, heureux d’encourager l’œuvre humanitaire sous le signe de l’élégance et des pures traditions françaises. A leur arrivée, les invités ont pu admirer une magnifique exposition des arts de la table française où le cristal, la fine porcelaine et la belle argenterie étaient à l’honneur. Ensuite, tout ce beau monde fut invité dans les jardins de la Résidence, magnifiquement décorés pour l’occasion: une cinquantaine de tables couvertes de nappes blanches étaient dressées dans la pure tradition française, même les chaises étaient habillées haute couture: housses blanches cintrées dans le dos et gansées par un grand ruban noué en papillon; des cierges en flamme éparpillés çà et là, donnaient à l’ambiance une note de chaleur humaine. L’événement a été organisé par la société française “M.D. International”, sous la direction de Denis Muller; la direction artistique étant signée par Bernard Trux et, la décoration, assurée par la société “Belloir et Jallot”.
Les partenaires principaux furent “Tabbah”, “United Bank of Lebanon”, “Renault”, “Air France” et “MEA”. Le coup d’envoi du défilé fut donné par la présentation des modèles de Thierry Mugler, dont l’extravagance s’est assagie et est devenue très haute couture par l’utilisation des matières et la minutie du travail, certaines de ses robes pouvant facilement être signées Yves Saint Laurent ou Carven. Quant aux créations de Jean-Paul Gaultier, elles sont toujours restées insolentes et osées, mais les formes se sont épurées, rappelant celles de Balenciaga de la belle époque ou les robes de Mme Grès. C’est une splendeur et une perfection dans la réalisation. Rien que la fameuse robe en jean, très moulante et surpiquée de plumes naturelles, a nécessité plus de 2.000 heures de travail dans les ateliers.
Quant aux modèles d’Ungaro, ils ont épaté comme toujours par leurs formes et lignes épurées, très féminines, séduisantes et sexy.
Christian Lacroix qui, depuis vingt ans déjà, s’est taillé un nom de “grand poète et de magicien de la haute couture française”, il a séduit par ses robes au style baroque et arlésien où le mariage des couleurs et des matières ne cessera d’étonner.
John Galliano chez Dior, tout en conservant l’esprit du grand couturier, fait des clins d’œil très personnels où extravagance et modernisme se conjuguent avec beaucoup de génie créateur.
La soirée se termine par la vente aux enchères d’une broche en diamant en forme de papillon, offerte par la joaillerie Tabbah et qui est revenue à Mme Mona Safadi; son prix (9.000 dollars) fut versé à la Croix-Rouge libanaise. A la sortie, les invités se sont vu offrir un beau flacon de “Dune”, le parfum d’été de Christian Dior.
 

Lacroix.

Gaultier: 2.000 heures de travail.

Dior.

Lacroix.

Ungaro.

Lacroix.

Mugler.

Mugler.

Dior.

Ungaro.

 
 

Mme Mouna Hraoui et M. Jacques Mouclier.

Mme Nazarian représentant Mme Andrée Lahoud.

G.D.: M. Mokbel, 
Mme Pharaon et M. Nabil Tabbah.

Mme Safadi à qui a échu la 
broche offerte par Tabbah.

Mmes Madiha Youssri, actrrice 
égyptienne et Brigitte Lefèvre (Dior).

LacroixMme Raymond Audi.

MuglerUne vue du dîner.

MuglerM. Nabil Chaya et 
Mme Stacy Daccache.

Dr Pierre Daccache et son fils, 
M. Jean-Pierre Daccache.

UngaroLe général Georges 
Harrouk, président de la CRL.


PRÉSIDENT D’HONNEUR DE LA FÉDÉRATION FRANÇAISE DE HAUTE COUTURE

JACQUES MOUCLIER:
 
“UN ÉVÉNEMENT D’ENVERGURE AU PALAIS DES CONGRÈS À PARIS ACCUEILLERA L’AN 2000”

Parmi les personnalités françaises venues de Paris pour la présentation des défilés de mode, M. Jacques Mouclier, président durant 25 ans de la Fédération française de haute couture, actuellement président d’honneur; président de la confédération des Métiers d’Art, de la Cristallerie française et de la Fédération française des arts de la table.

Parlez-nous de l’historique de la Fédération française de haute couture?
C’est M. Robert Ricci, président de Nina Ricci dans les années soixante-dix, qui m’a demandé d’instituer la petite chambre syndicale de la haute couture, dont Chanel et Cardin ne faisaient pas partie. Je les ai fait rentrer; puis, j’ai essayé de regrouper les créateurs de mode, tels Mugler, Montana, Castelbajac, pour avoir un véritable organisme de création dans la mode.
Maintenant cela continue, car Mugler et Gaultier qui viennent du prêt-à-porter, font des créations de haute couture et la boucle est bouclée.
En quoi consiste le rôle de la fédération?
Son rôle est de faire entendre les couturiers entre eux, d’être consensuels pour assurer la paix à l’intérieur et faire une bonne politique extérieure; d’assurer la représentation permanente auprès des pouvoirs publics; d’organiser à Paris les grandes manifestations de mode et de se déplacer comme on le fait aujourd’hui sur les marchés extérieurs, pour véhiculer l’image des grandes marques françaises. Non pas, spécialement, de vendre de la haute couture mais, aussi, des accessoires, des parfums et des cosmétiques pour soutenir l’image française à travers le monde. Nous confectionnons 80% de ces produits à travers le monde. Il y a des pays, comme le Liban, où la France était implantée et où il est nécessaire de maintenir une présence importante des métiers d’art, de la mode ou de l’art de la table.
Avec l’inflation actuelle et la concurrence étrangère, comment voyez-vous l’avenir de la haute couture et de la mode en général?
Votre question est bien judicieuse, mais quand on observe bien ce qui se passe, on s’aperçoit que la création est à la base de tout. La France demeure le pays qui produit le plus de créateurs et draine, chaque année, le plus grand nombre de journalistes de mode, ainsi que le plus grand nombre de clientes. L’image de marque de la France brille donc toujours dans le firmament des grands.


M. Mouclier feuilletant “La Revue du Liban”.

Que préparez-vous pour l’an 2000?
Nous préparons pour le 18 décembre prochain une très grande exposition au Palais des Congrès de la Porte Maillot à Paris, en pleine rénovation; elle s’intitulera “De main de maître”. Ce sera une manifestation officielle pour accueillir l’an 2000. Deux mille objets d’art y seront réunis, symbole du siècle à venir. On prévoit, également, une scénographie qui s’étendra sur 6.000m2. On organisera, en même temps, un forum des métiers pour avoir des contacts avec les jeunes et leur montrer tout ce  qu’offrent ces nouvelles perspectives. Nous espérons une totale réussite à cet événement d’envergure.
 
 
DIRECTEUR ARTISTIQUE ET INVENTEUR DES DÉFILÉS DE MODE

BERNARD TRUX:
“JE SUIS RAVI D’ORGANISER UNE TELLE MANIFESTATION DE PRESTIGE AU LIBAN”

En France, Bernard Trux est un homme très médiatisé et d’importance notoire dans le domaine de la mode, puisqu’il a été le premier depuis 29 ans, à révolutionner de fond en comble les défilés de la haute couture et à en faire des tableaux vivants, rehaussés de thèmes musicaux et chorégraphiques, les transformant en moments d’enchantement et d’enrichissement culturel.


M. Bernard Trux à Marie Bteiche: 
“J’aime allier la beauté à la culture.”

Venu à Beyrouth pour organiser le défilé de haute couture française à la Résidence des Pins, il nous a accordé cette interview sur la terrasse de l’hôtel “Albergo”.
Pourquoi ce voyage en groupe au Liban?
C’est un vieux projet qui remonte à 1970. Je rêvais d’y présenter la couture française, parce que c’est un pays d’élégance, de tradition et d’amour pour la France. C’est un voyage de prestige, doublé d’une mission humanitaire, c’est magnifique.
Comment se porte la haute couture française?
Très bien, en dépit de toutes les rumeurs qui courent. Grâce à la vente des produits de grande consommation: les maquillages, les parfums, les cosmétiques, les accessoires, les grands noms peuvent continuer leurs recherches sur la beauté et la créativité gratuite, sans s’inquiéter de pouvoir vendre les robes de la haute couture.
Ces dernières sont le symbole de l’art et de la créativité, c’est ce qui fait que la France demeure unique dans ce domaine.
L’ambassade de France à Beyrouth nous a ouvert les portes de sa magnifique demeure. L’ambassadrice a reçu les invités. Ce mélange des cultures libanaise et française est extraordinaire. L’architecture de l’ambassade d’une rare beauté, m’a inspiré pour réaliser le concept du défilé, de l’exposition et du dîner. J’ai pu, ainsi, créer une formule attractive et glamour pour une soirée magique.
Parlez-nous de votre parcours?
J’ai commencé avec Dior dans les années 70, en introduisant le concept de la musique et de la chorégraphie pour des créatures de rêve dans les défilés. J’ai continué la belle époque de la haute couture française et les couturiers ont tous voulu suivre cette innovation. La Chambre syndicale de la haute couture française m’a demandé d’organiser des défilés à travers le monde et cela a fait une boule de neige. Une année, le groupe L.U.M.H. avait sponsorisé la grande exposition Cézanne. Pour la collection Dior, je me suis inspiré des impressionnistes et de Cézanne. Et le défilé fut un mélange de haute création artistique et de culture. Je suis un des rares dans ce métier, parce que, peut-être, je suis le plus vieux à avoir un peu de culture. Les couturiers aiment beaucoup avoir ce background culturel qui rehausse leur création. Les simples défilés commerciaux ne m’intéressent pas. 

Par MARIE BTEICHE



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