LAHOUD: “CETTE AFFAIRE RAFFERMIRA
NOTRE DÉTERMINATION
À LUTTER CONTRE LA CORRUPTION
ET LA CRIMINALITÉ”
Mais en dépit de tous les obstacles qu’il parviendra à
surmonter, notre pays restera inexpugnable, preuve en est qu’après
une longue et dure épreuve, il s’est relevé de ses cendres
comme le phénix. Il se confirme, en effet, que toutes les forces
du mal ne parviendront pas à l’abattre.
Dans ce cadre, alors que les efforts sont déployés pour
jeter les bases de l’Etat de droit et des institutions, surtout après
le retrait de l’ALS de Jezzine, une catastrophe imprévisible s’est
abattue, mardi dernier, sur le Liban. Il s’agit de l’acte criminel perpétré
par des terroristes au tribunal de Saïda où quatre juges ont
été tués en plein prétoire.
Deux éléments armés, peut-être plus, se
sont introduits en plein jour au palais et ont ouvert le feu, à
travers une fenêtre de la Cour criminelle, sur les membres de cette
haute juridiction dont les quatre membres ont été mortellement
atteints: ce sont les regrettés Hassan Osman, président de
la Cour (et frère de M. Mahmoud Osman, président du Conseil
de développement et de la reconstruction); Walid Harmouche; Imad
Chéhab et Assem Bou-Daher.
Deux membres du Barreau: Mes Salem Slim et Zahira Najm, une femme et
un agent des FSI ont été plus ou moins grièvement
blessés.
VIVE RÉPROBATION
Ce crime inqualifiable a provoqué une vague de réprobation
générale, d’autant qu’il a été perpétré
quelques jours après la libération de Jezzine et moins de
deux semaines après la décision prise par le Conseil des
ministres de réformer et de renforcer le corps de la magistrature.
Les observateurs et analystes estiment que cette opération terroriste
avait pour but d’entraver l’action de l’Etat à tous les niveaux,
la magistrature en constituant l’un des principaux piliers. Et, aussi,
de dévier l’attention des responsables de dossiers faisant l’objet
d’enquêtes judiciaires et d’autres à ouvrir incessamment,
dans lesquels sont impliqués des commis de l’Etat.
“Ce crime en dépit de sa laideur, a dit le président
Emile Lahoud, n’affectera pas la détermination de la Justice qui
poursuivra son action avec plus de fermeté, pour protéger
la société contre la criminalité et la corruption.”
Aussi, les hautes autorités ont-elles donné l’ordre d’accélérer
les investigations, afin d’identifier et d’arrêter les coupables,
pour leur infliger un châtiment exemplaire. Et ce, pour prouver la
capacité du Pouvoir de sévir contre tout acte susceptible
de compromettre la sécurité de la nation et sa crédibilité.
Le Conseil des ministres a transmis cette affaire criminelle à
la Cour de justice, car elle constitue une agression contre la sécurité
de l’Etat et à l’un de ses Pouvoirs fondamentaux, le Pouvoir judiciaire.
DOSSIERS OUVERTS...
Par ailleurs et sur un autre plan, les dossiers faisant l’objet d’enquêtes
ont été repris en main par les magistrats instructeurs chargés
de les examiner en profondeur. Il faut s’attendre, à présent,
que ces dossiers soient clos dans le plus bref délai, même
si les magistrats doivent poursuivre leurs investigations, s’il le faut,
durant les vacances judiciaires.
Les dossiers relatifs aux résidus pétroliers, aux fonds
municipaux, au port de Beyrouth et aux biens domaniaux sont décortiqués
par les juges d’instruction qui auront du pain sur la planche quand s’ouvriront
d’autres dossiers concernant des scandales commis sous le précédent
régime.
Sur un autre plan, il y a lieu de faire état de l’affaire qui
opposait M. Najah Wakim, député de Beyrouth, à M.
Bahije Tabbara, ancien ministre de la Justice. Celui-ci avait intenté
un procès au parlementaire sous l’inculpation “d’outrage et de calomnie”.
M. Tabbara a gagné le procès et la Cour de cassation
qui a rendu son verdict dans cette affaire, a nié le “droit à
l’immunité parlementaire” dont se prévaut M. Wakim.
Mais le climat au sein de la Chambre est en faveur du député
de Beyrouth, partant du fait que le tribunal mentionné a violé
les dispositions de l’article 13 de la Constitution. M. Elie Ferzli, vice-président
de l’Assemblée, soutenu par plusieurs de ses collègues, conteste
le verdict rendu contre M. Wakim.
Cette question risque d’accaparer l’attention des membres de l’Assemblée,
au moment où celle-ci est appelée à entamer l’étude
du projet de budget 99, avec l’intention de le ratifier dans le dernier
tiers du mois courant.
CONVOCATION DE DEUX ANCIENS MINISTRES
Toujours au plan judiciaire, les enquêtes sont poursuivies avec
célérité. Ainsi, M. El-Fadl Chalak, ancien ministre,
ex-président du CDR, a été interrogé par Rabiha
Kaddoura, juge d’instruction, autour du scandale découvert dans
les domaines maritimes; plus précisément, sur la jetée
construite au port de Tyr, en violation des lois en vigueur.
De même, M. Omar Meskaoui, député de Tripoli, ancien
ministre des Transports, devait se présenter, jeudi, devant le représentant
du Parquet, pour une déposition portant sur le dossier du port de
Beyrouth, dans lequel est impliqué M. Mouhib Itani, ex-directeur
de cette institution.
Rappelons qu’à la demande pressante du chef de l’Etat, tout
dossier ouvert ne sera clos qu’au terme des investigations le concernant.
JEZZINE RÉINTÈGRE LA LÉGALITÉ
Pour en revenir à Jezzine, il sied de signaler que l’ALS s’en
est retiré la nuit, afin d’éviter les attaques de la Résistance.
Cette localité sudiste a donc réintégré
la légalité et le président Lahoud n’a pas manqué
de vanter “l’esprit de lutte et de résistance de ses fils qui, joint
à celui de la Résistance, a contraint les “forces du fait
accompli” de l’évacuer. Le Liban, a dit encore le chef de l’Etat,
ne se prêtera nullement à des arrangements de nature à
rassurer l’ennemi quant à sa sécurité dans les nouvelles
zones où il s’est établi.”
Il y a lieu de faire état, à ce propos, des contacts
intensifs effectués par M. David Satterfield, ambassadeur des Etats-Unis,
au double niveau officiel et populaire, à l’effet de rassurer les
responsables quant à l’éventuelle relance des négociations
de paix au Proche-Orient, dès la mise sur pied du nouveau Cabinet
israélien.
Le diplomate américain a, d’ailleurs, transmis au président
Hoss, un message personnel de Mme Albright, secrétaire d’Etat US,
en rapport avec la reprise du processus de paix.
Par ailleurs, le président Hoss a gagné Damas durant
le dernier week-end où il a eu des entretiens avec les responsables
syriens, le Dr Bachar Assad, en tête. Ces entretiens, qualifiés
“d’importants” et de “réussis” par les milieux gouvernementaux,
ont porté sur les questions locales et régionales.
Le Premier ministre est revenu satisfait de sa visite, d’autant qu’il
a eu la certitude que la direction syrienne continue à accorder
à son Cabinet un appui total. Ceci conforte l’idée qu’un
changement ministériel est exclu dans un avenir prévisible,
à tel point qu’on s’attend que le “Cabinet des 16” soit maintenu
jusqu’aux prochaines législatives; peut-être serait-il chargé
de les superviser.
Au cours de sa rencontre avec son homologue syrien, M. Mahmoud Zohbi,
le président Hoss aurait fixé, dit-on, la date d’une réunion
de la commission supérieure libano-syrienne.
Cela dit, on prête à M. Rafic Hariri l’intention de repartir
en guerre contre le gouvernement, l’ancien président du Conseil
s’étant formalisé de la convocation au palais de Justice
de certains de ses anciens ministres: MM. Omar Meskaoui et El-Fadl Chalak
- après MM. Sanioura et Sabeh - dans le cadre des investigations
portant sur des scandales découverts au port de Beyrouth, aux ministères
de l’Environnement et des Affaires municipales et au CDR.
Ceci explique la nouvelle cabale contre le Sérail, déclenchée
par la “machine médiatique” du président Hariri qui appréhende,
dit-on, le découpage des circonscriptions (à Beyrouth) dans
la nouvelle loi électorale.