SEMAINE POLITICO-PARLEMENTAIRE
SURVOLTÉE EN PERSPECTIVE...
A ce propos, il semble que les enquêteurs détiennent des
indices permettant d’identifier les criminels dont les noms seront divulgués
incessamment. Dans le même temps et alors que certains gradés
des FSI ont été mis aux arrêts et poursuivis pour négligence,
il est procédé au renforcement du dispositif de sécurité
autour des tribunaux, à la suite de la tragédie de Saïda,
que ses commanditaires seraient tentés de rééditer
pour déstabiliser le Liban et l’empêcher de recouvrer sa vitalité.
Quant à la nouvelle crise qui a éclaté entre les
présidents Hoss et Hariri, on s’attend qu’elle ait des retombées
sur la scène politico-parlementaire, comme au niveau des rapports
de l’Etat et de ses détracteurs. Cette crise survient au terme des
pérégrinations que l’ancien chef du gouvernement a effectuées
à l’étranger et au terme desquelles il a annoncé “une
nouvelle étape politique où il aurait une place de premier
plan”.
ATTAQUE VIRULENTE CONTRE HARIRI
La rupture de la trêve politique a été provoquée
par un article qu’a publié “Al-Moustakbal”, journal édité
par M. Hariri qui, dans son premier numéro, a pris violemment à
partie le président Hoss et tenté de le discréditer
en parlant de son “origine modeste” et des “efforts qu’il a déployés
à l’effet de s’intégrer dans la société beyrouthine”.
La réplique à cette diatribe n’a pas tardé à
venir. En effet, l’ANI a diffusé un long communiqué attribué
à des “sources ministérielles” où la plus virulente
des attaques était déclenchée contre Hariri depuis
son départ du Sérail.
Ce dernier est accusé de chercher à déstabiliser
le pays, en entretenant des cabales contre le “Cabinet des 16” et en faisant
endosser à l’équipe ministérielle la responsabilité
de la situation socio-économique dans laquelle le Liban se débat...
Le communiqué s’en prend aux “puissances de l’argent” qui se
partageaient les ressources publiques et persistent à vouloir torpiller
le processus d’édification de l’Etat des institutions. Et ce, en
réclamant un changement ministériel, au moment où
le pays a besoin de stabilité et d’union, pour déjouer les
complots de ses ennemis... “Cette cabale est menée et financée
par M. Rafic Hariri qui s’emploie depuis qu’il a quitté la présidence
du Conseil, à nuire à la situation générale
et à déstabiliser le pays au double plan politique et économique...
Car il ne supporte pas le fait d’avoir été évincé
du pouvoir et continue à se donner des airs de leader et de dirigeant.
Dans ses pérégrinations, il cherche à faire croire
à ses interlocuteurs qu’il reste incontournable et constitue une
nécessité nationale ou même arabe dont on ne saurait
se passer”.
Le communiqué met, également, l’accent sur la façon
dont Hariri gérait les affaires publiques durant les six années
où il a détenu les rênes du pouvoir, en faisant fi
des lois et règlements en vigueur et en distribuant les faveurs
à ceux qui lui étaient acquis ou inféodés,
ce qui a fini par plonger le Liban dans une crise économique, doublée
d’un marasme, dont il n’a pas connu de pareils depuis l’avènement
de l’indépendance. Le président Hoss s’emploie, quant à
lui, à résorber la dette publique qui a atteint un chiffre
astronomique.
Le communiqué accuse l’ancien Premier ministre, “d’avoir cherché
à frapper la Résistance et à dissocier les volets
libanais et syrien du processus de paix”... Et de conclure: “Les illusions
que M. Hariri cherche à entretenir, ne sont que des rêves
utopiques. Il sait très bien qu’il n’est nullement question de le
ramener à la tête du gouvernement. Aussi, ferait-il mieux
de se calmer et de calmer sa troupe”.
Ce communiqué attribué à des “sources ministérielles”,
n’a pas manqué de susciter une réaction au sein de l’Assemblée,
où des députés proches de M. Hariri ont adressé
une question au gouvernement, demandant à connaître l’auteur
d’un texte que le Premier ministre lui-même a assuré n’avoir
pas pris connaissance avant sa diffusion... Mais que le ministre de l’Information,
M. Anouar el-Khalil, a justifié. “Le régime et le Cabinet
ayant été pris à partie par M. Hariri, avaient droit
à une réponse.”
DÉPLOIEMENT DE L’ARMÉE À SAÏDA
Sur un autre plan et pour en revenir au quadruple crime de Saïda,
il y a lieu de signaler le déploiement de l’Armée en force
dans la capitale sudiste, en particulier dans les secteurs névralgiques
de la ville et aux abords du camp palestinien d’Aïn el-Héloué.
L’imposant dispositif de sécurité a été
favorablement accueilli par les Sidoniens. En revanche, les milieux palestiniens
s’en sont formalisés, surtout les fractions hostiles au chef de
l’Autorité palestinienne et les groupes islamiques.
Les responsables traitent avec prudence la situation dans les camps
du Sud, afin de ne pas exacerber les groupes formant le “front du refus”.
D’autant que le “colonel” Aboul-Aynaïne, responsable de Fath au Liban,
procède depuis deux semaines à la réactivation de
ce mouvement palestinien qui a des bureaux dans les camps du Sud. De plus,
le “colonel” Mounir Makdah, dissident de Fath, a repris du service après
avoir été exclu pendant quelque temps de cette organisation.
En ce qui concerne “l’affaire de Saïda”, le Conseil des ministres
a décidé de la déférer devant la Cour de justice
et de confier à l’Armée le soin de veiller au maintien de
l’ordre dans la cité, en même temps que les forces de sécurité
intérieure.
Cette double décision confirme la ferme détermination
de l’Etat à arrêter les assassins et tous ceux qui ont planifié
le crime.
De fait, le président Lahoud a déclaré: “La main
de la Justice arrêtera les exécutants de ce quadruple meurtre
et leurs commanditaires, quels qu’ils soient et partout où ils se
trouvent. Car ces derniers et leurs forfaits servent les ennemis de la
patrie en s’attaquant à la magistrature et, à travers elle,
à l’Etat de droit.”
De son côté, le président Salim Hoss a émis
ces réflexions: “Si cela est la réplique d’Israël à
la victoire du Liban à Jezzine, la réprobation unanime des
Libanais du quadruple crime de Saïda et leur regroupement autour de
l’Etat, est la réplique du Liban tout entier aux assassins et à
tous ceux qui les soutiennent.”
Fait à signaler: le président Hafez Assad a pris contact,
téléphoniquement, avec le président Emile Lahoud pour
lui présenter ses condoléances et réaffirmer l’appui
de la Syrie au Liban dans toute mesure qu’il a prise et prendra en
vue de consolider la sécurité et la stabilité
intérieures.
BERRI DE TUNIS À TÉHÉRAN
Pendant ce temps, le président Nabih Berri se déplaçait
de Tunis - où il a effectué une visite officielle de quatre
jours - à Téhéran, pour participer à la conférence
des parlements islamiques.
Le chef du Législatif a eu droit à un accueil chaleureux.
Il a été reçu, à sa descente d’avion, par son
homologue iranien, cheikh Ali Akbar Noury, entouré de plusieurs
membres du “Majlis” (parlement), ainsi que par M. Adnan Mansour, ambassadeur
du Liban et ses principaux collaborateurs.
Avant son départ, le président Berri avait fait part
au chef de l’Etat de la teneur de ses entretiens à Tunis avec le
président Zein El-Abidine Ben Ali et d’autres responsables tunisiens.
De son côté, le président Lahoud a mis le président
de la Chambre au courant des derniers développements au plan intérieur,
à commencer par le crime de Saïda, pour finir par l’étape
à laquelle ont abouti l’étude du projet de budget et la réforme
administrative.
Une parfaite identité de vues s’est manifestée entre
les chefs de l’Etat et du Législatif, le président Berri
ayant infirmé les rumeurs, propagées par qui l’on sait, faisant
état de prétendues divergences qui l’opposeraient au chef
du gouvernement, les qualifiant de “nuages d’été”.
Quoi qu’il en soit, la prochaine semaine pourrait apporter avec elle
des surprises au double plan politique et parlementaire, l’Assemblée
devant entamer l’étude de la loi de finances, après le retour
de son président de la capitale iranienne.