L’ART LIBANAIS!
ART DE SALON OU GRAND ART?


Une œuvre figurative.

Technique mixte.



Une expression surréaliste.


Une peinture symboliste.

Une certaine critique d’art prend à cœur de faire continuellement l’éloge d’artistes plasticiens libanais, peintres ou sculpteurs, appartenant à différentes générations depuis les années “50” et qui ont sa faveur.  Elle leur attribue pompeusement le titre “d’avant-gardistes”.

Mais qu’est-ce que “l’avant-garde”? En réalité, la notion “d’avant-garde” renvoie à une constante de l’histoire de l’art depuis la fin du XIXème siècle en France.

La constance et le renouvellement des avant-gardes furent fondés sur une volonté d’interroger, de questionner, voire une volonté de déstabiliser, dans le système, l’art dominant (comme on dit en terme socio-politique: la classe dominante) au pouvoir qui, comme on le sait, tente d’empêcher toute nouveauté, mettant son statut en question. L’avant-garde n’a, d’ailleurs, de raison d’être que si, en face d’elle, existe une résistance quelconque.
Ce qui demeure commun à tout ce qu’on peut ou tout ce qu’on a pu appeler avant-garde jusqu’aujourd’hui dans le monde, c’est cette volonté chez les plasticiens de déstabiliser, de ne pas accepter le statu quo. Mais ce qu’on appelle l’avant-garde chez nous est, non pas un groupe de pointe annonçant les changements dans le langage plastique, mais bien, une arme aux mains de la critique qui montre qu’elle est capable de faire et de défaire les réputations selon son bon plaisir et, surtout, ses intérêts propres.
Après avoir utilisé et épuisé les mêmes noms des années durant, jusqu’à saturation, la dernière trouvaille de ladite critique est de changer de tactique en acceptant a priori comme artistes de talent tous ceux qui subissent son emprise, font partie de sa cour, sont carrément ses poulains. Elle tente d’en faire un produit à la mode, ipso facto relayé par le marché de l’art.
Il est bien évident que, dans ces conditions, les pratiques interrogatives sur l’esthétique, l’économique, le théorique, etc... les plus dangereuses pour le système de la critique au Liban sont refoulées comme inintéressantes et l’avant-garde n’est plus qu’une mode imposée. Ainsi, la critique tente d’en faire un produit de consommation.
Mais en fait qu’est-ce qu’une œuvre d’art? C’est une projection de l’imaginaire d’un artiste et cet imaginaire est lui-même un effet de sa liberté de créer, de sa volonté de la métamorphose, de son psychisme, de sa mémoire, de sa culture et de ses désirs. Une œuvre d’art, peinture ou sculpture ou multimédias, etc... est un en-soi qui, certes, est né du plus existentiel d’un être. Elle n’est pas un effet de la logique de l’histoire de l’art et seules les apparences appartiennent à l’anecdote, à la mode, au contexte. Une œuvre d’art est une affirmation de l’existence de l’âme et c’est là toute la différence qui séparera toujours un artiste primaire d’un autre plaçant la transcendance au centre de sa réflexion sur l’art.
En conclusion, si le rôle de la critique d’art est de permettre au système de se survivre, il ne faut pas pour autant confondre les effets et les causes. Les artistes sont sans doute les seuls qui, par leur création, peuvent “échapper” aux systèmes, doivent y échapper même si la critique tente de les y emprisonner. En effet, lorsque les systèmes s’écroulent, les œuvres authentiques seulement demeurent avec un message qui ne doit rien, lui, au système et qui, quelquefois, au contraire, le transcende ou le nie.
Il n’est nul besoin d’un discours pour soutenir “la qualité” d’une œuvre d’art, elle se suffit à elle-même et personne ne s’y trompe.
 

Par NICOLE MALHAMÉ HARFOUCHE

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