![]() Une œuvre figurative. |
![]() Technique mixte.
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Une peinture symboliste.
Mais qu’est-ce que “l’avant-garde”? En réalité, la notion “d’avant-garde” renvoie à une constante de l’histoire de l’art depuis la fin du XIXème siècle en France.
La constance et le renouvellement des avant-gardes furent fondés
sur une volonté d’interroger, de questionner, voire une volonté
de déstabiliser, dans le système, l’art dominant (comme on
dit en terme socio-politique: la classe dominante) au pouvoir qui, comme
on le sait, tente d’empêcher toute nouveauté, mettant son
statut en question. L’avant-garde n’a, d’ailleurs, de raison d’être
que si, en face d’elle, existe une résistance quelconque.
Ce qui demeure commun à tout ce qu’on peut ou tout ce qu’on
a pu appeler avant-garde jusqu’aujourd’hui dans le monde, c’est cette volonté
chez les plasticiens de déstabiliser, de ne pas accepter le statu
quo. Mais ce qu’on appelle l’avant-garde chez nous est, non pas un groupe
de pointe annonçant les changements dans le langage plastique, mais
bien, une arme aux mains de la critique qui montre qu’elle est capable
de faire et de défaire les réputations selon son bon plaisir
et, surtout, ses intérêts propres.
Après avoir utilisé et épuisé les mêmes
noms des années durant, jusqu’à saturation, la dernière
trouvaille de ladite critique est de changer de tactique en acceptant a
priori comme artistes de talent tous ceux qui subissent son emprise, font
partie de sa cour, sont carrément ses poulains. Elle tente d’en
faire un produit à la mode, ipso facto relayé par le marché
de l’art.
Il est bien évident que, dans ces conditions, les pratiques
interrogatives sur l’esthétique, l’économique, le théorique,
etc... les plus dangereuses pour le système de la critique au Liban
sont refoulées comme inintéressantes et l’avant-garde n’est
plus qu’une mode imposée. Ainsi, la critique tente d’en faire un
produit de consommation.
Mais en fait qu’est-ce qu’une œuvre d’art? C’est une projection de
l’imaginaire d’un artiste et cet imaginaire est lui-même un effet
de sa liberté de créer, de sa volonté de la métamorphose,
de son psychisme, de sa mémoire, de sa culture et de ses désirs.
Une œuvre d’art, peinture ou sculpture ou multimédias, etc... est
un en-soi qui, certes, est né du plus existentiel d’un être.
Elle n’est pas un effet de la logique de l’histoire de l’art et seules
les apparences appartiennent à l’anecdote, à la mode, au
contexte. Une œuvre d’art est une affirmation de l’existence de l’âme
et c’est là toute la différence qui séparera toujours
un artiste primaire d’un autre plaçant la transcendance au centre
de sa réflexion sur l’art.
En conclusion, si le rôle de la critique d’art est de permettre
au système de se survivre, il ne faut pas pour autant confondre
les effets et les causes. Les artistes sont sans doute les seuls qui, par
leur création, peuvent “échapper” aux systèmes, doivent
y échapper même si la critique tente de les y emprisonner.
En effet, lorsque les systèmes s’écroulent, les œuvres authentiques
seulement demeurent avec un message qui ne doit rien, lui, au système
et qui, quelquefois, au contraire, le transcende ou le nie.
Il n’est nul besoin d’un discours pour soutenir “la qualité”
d’une œuvre d’art, elle se suffit à elle-même et personne
ne s’y trompe.