LE DERNIER MESSAGE DE NETANYAHU |
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Une
fois de plus, le brave petit David israélien a fait la démonstration
de son courage face au gros méchant Goliath libanais. Quelles belles
images d’Epinal que cette centrale de Jamhour et cette autre de Bsalim,
toutes hérissées d’ogives nucléaires et de bombes
bactériologiques, forcées de s’effondrer devant cinq
minuscules phantoms armés de leur seul bon droit!
Quelle somme d’héroïsme n’a-t-il pas fallu aux pilotes de ces phantoms pour faire voler en pièces détachées de monstrueux pompiers armés de leurs redoutables lances d’incendie, des secouristes bardés de brancards et de simples passants, race dangereuse s’il en fut pour la sécurité du peuple élu d’Israël. Pour ce haut fait d’armes, digne de la chevalerie du Moyen-Age, Netanyahu a amplement mérité le prix Nobel de la Paix. Il serait d’ailleurs tout à fait injuste de lui refuser, après l’avoir décerné à son prédécesseur, la “colombe” Shimon Pérès, auteur du massacre de Cana. Ainsi, va un monde où la surprenante logique du parrain américain a force de loi. Il est interdit d’envahir le Koweit qui a du pétrole, mais il est permis d’occuper le Liban qui n’a rien du tout. L’Irak qui discute les résolutions de l’ONU, vit depuis huit ans sous les bombes anglo-US et son peuple crève de famine par suite d’un impitoyable embargo, mais Israël, qui se moque des injonctions de cette même ONU, reçoit en guise de cadeau, chaque année, 5 milliards de dollars, plus un substantiel bonus d’armes supersophistiquées. On ravage la Yougoslavie qui ne s’est pas inclinée assez vite devant les diktats de l’Alliance atlantique et on se propose d’organiser un nouveau procès de Nuremberg pour Milosevic, mais on déroule le tapis rouge pour Netanyahu et Sharon. “Vérité en deçà, erreur au delà”? Même pas, pour la bonne raison que la vérité, pour les hordes de Tel-Aviv et les occupants successifs de la Maison-Blanche, est une notion élastique qu’on peut adapter à sa propre logique. Quant à la morale internationale, qu’est-ce donc sinon une valeur relative inversement proportionnelle à la force militaire des nations? Que certains grands esprits d’Europe, que les bonnes âmes - ou les mauvaises consciences d’Amérique - qui, au nom des prétendus “droits légitimes” d’Israël, ne font en somme que mal interpréter la Bible pour mieux exorciser “Mein Kampf”, cessent de se cacher derrière leur petit doigt exhortant, benoîtement, “les deux parties à la retenue”, l’administration américaine allant même jusqu’à rendre carrément responsable le grand méchant loup libanais des destructions et des massacres commis par le gentil petit chaperon rouge israélien. Attitude que reflète la campagne de désinformation des médias tant européens qu’américains qui, dans tous leurs bulletins d’informations, ont fait passer la sauvage agression israélienne comme une mesure de représailles contre les attaques de la Résistance. Que ces médias aient au moins la décence de ne pas parler, en se gargarisant presque, de la “Banque de sites” libanais sélectionnés comme prochaines cibles des bombardiers sionistes. Le terrorisme, c’est ça. Mais comment reprocher un terrorisme d’Etat à un Etat qui doit son existence à la terreur? Quant au Liban et quelles que soient la violence et l’ampleur de ce terrorisme, il ne semble pas prêt à baisser les bras. S’accrocher à la 425 - si pétard mouillé que soit cette résolution onusienne - pour tenter par ce biais de récupérer le Sud occupé, est-ce tellement débile? Rendre à la circulation en 48 heures les ponts détruits et rétablir le courant malgré la destruction des deux centrales qui alimentent la capitale et une partie du pays, est-ce impensable? Ne pas couvrir nos têtes de cendres, ne pas nous terrer dans les abris, ne pas battre notre coulpe et poursuivre nos activités, est-ce scandaleux? Résister à la fois aux pressions américaines et au chantage israélien, est-ce réellement insensé? Refuser de nous coucher pour lécher nos plaies en silence, est-ce vraiment suicidaire? Il s’en trouvera pour s’étonner - et dans le cas de Clinton et de Sharon - pour s’indigner de notre obstination à vouloir rester debout. Nous ne sommes pas cocardiers et nous ne faisons pas de l’héroïsme facile. Mais nous considérons - même dans ce monde mo-ralement pourri dans lequel nous vivons - qu’il reste encore, entre la fausse grandeur et la vraie bassesse, une place pour la simple dignité. |
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