La
rivalité franco-américaine s’est manifestée, une fois
de plus, à la suite de la dernière flambée de violence
dans nos murs. En effet, alors que l’émissaire du Quai d’Orsay (notre
photo) effectuait une tournée l’ayant conduit de Damas à
Tel-Aviv, via Beyrouth, pour tenter de calmer le jeu, les Etats-Unis faisaient
assumer au Liban la responsabilité de la crise. Prenant note de
“l’avertissement” de Washington, Beyrouth a opté pour la retenue,
en attendant la formation du Cabinet Barak.
La rivalité franco-américaine au Proche-Orient - que Paris
et Washington persistent à nier - s’est manifestée de nouveau
ces derniers jours et, pour la seconde fois en quelques années;
plus exactement depuis avril 1996, date à laquelle les deux capitales,
par les chefs de leur diplomatie interposés, sont parvenus à
convaincre le Liban et Israël de souscrire à l’arrangement
d’avril, ce dernier ayant constitué le comité de surveillance
de la trêve.
Or, ce comité appelé à siéger mardi dernier,
pour statuer sur plus d’une trentaine de plaintes présentées
par Beyrouth et Tel-Aviv, a été reporté sine die,
en raison de l’opposition d’Israël, selon des sources diplomatiques.
Et ce, au moment où un émissaire du Quai d’Orsay effectuait
une tournée qui l’a mené de Damas à Tel-Aviv, via
Beyrouth, pour tenter de hâter la tenue du comité mentionné,
considéré par la France comme un élément essentiel
pour la pacification au plan régional, susceptible de prévenir
de nouveaux embrasements sur le terrain.
En effet, Israël accuse la France de “partialité”, alors
que les Etats-Unis prennent, comme toujours, le parti de l’Etat hébreu,
en faisant assumer au “Hezbollah” l’entière responsabilité
de la récente escalade.
La capitale fédérale avait, précédemment,
mis les autorités libanaises en garde contre “de nouvelles erreurs”
dans le cadre de la confrontation au Liban-Sud. Elle avait attiré
leur attention quelque temps plus tôt sur “des risques auxquels s’exposerait
le Liban si des roquettes katiouchas étaient tirées sur le
nord d’Israël”, spécialement entre l’élection de Barak
et son entrée en fonctions. De plus, les USA s’engageaient à
relancer les négociations de paix, dès la formation du nouveau
Cabinet israélien...
Washington a refusé de condamner, explicitement, les raids israéliens
du 25 juin et considéré le Liban comme “responsable et initiateur”
de la crise.
Il apparaît, clairement, que Paris et Washington ne sont pas
sur la même longueur d’onde. Les réactions totalement différentes,
voire contradictoires, entre les deux capitales étant suffisamment
flagrantes pour qu’on ait encore besoin d’avancer des preuves.
Entre les Etats-Unis et la France - et, à travers cette dernière,
les Etats membres de l’Union européenne - c’est une “bataille de
prestige et d’intérêt”...
Ainsi, Washington s’emploierait, dit-on, à écarter Paris
d’une solution à la crise, à en juger par le ton violent
des critiques décochées par Tel-Aviv contre la capitale française.
On comprend pourquoi le Liban s’abstient de présenter une plainte
contre l’Etat hébreu au Conseil de Sécurité, les USA
lui faisant endosser la responsabilité de la dernière flambée
de violence... Il va sans dire que les Américains useraient de leur
droit de veto, si un projet de résolution anti-israélien
était déposé devant la haute instance onusienne.
Attendons donc de voir siéger le comité de surveillance,
après la formation du Cabinet Barak... |