Le
chef du Likoud qui n’a pas encore “digéré” son éviction
de la présidence du Conseil, tentera jusqu’au dernier jour de compromettre
l’opération de paix et, surtout, d’embarrasser son successeur en
lui mettant des bâtons dans les roues. Sa décision de faire
bombarder nos infrastructures s’est retournée contre son parti,
Barak ayant résolu de ne pas le faire représenter dans son
équipe ministérielle...
A-t-on encore besoin de preuves pour montrer qu’Israël, surtout
sous le règne du Likoud, a manœuvré au cours des trois dernières
années et dès l’accession au pouvoir de son chef, à
l’effet de torpiller le processus de paix, selon les principes définis
à la conférence de Madrid, dont celui exigeant la restitution
des territoires occupés (“la terre contre la paix”)?
Moins d’une semaine après les raids sauvages contre nos infrastructures,
Benjamin Netanyahu et Arens, son ministre de la Défense, renouvellent
leurs menaces contre le Liban: “Au moindre tir de roquette en direction
des kibboutzim, la riposte sera dure et nous reprendrons nos attaques au
coup par coup.”
Puis, Barak, Premier ministre élu et Ariel Sharon, ministre
sortant des Affaires étrangères, ont fermé la porte
à l’initiative française. En effet, ils ont refusé
de recevoir l’émissaire du Quai d’Orsay, M. Yves de la Messuzières:
le premier, sous prétexte qu’il n’est pas encore entrée,
officiellement, en fonctions; le second, “en signe de protestation contre
la réaction française aux derniers raids israéliens
sur le Liban”, la qualifiant de “non équilibrée”.
Autre raison invoquée par Sharon: l’exigence de Paris que son
émissaire rencontre ses interlocuteurs israéliens à
Tel-Aviv et non à Jérusalem.
Il est clair, d’autre part, que l’Etat hébreu et, spécialement,
Netanyahu ne voient pas d’un bon œil le renflouement du groupe de surveillance
de la trêve, constitué en vertu de “l’arrangement d’avril
96”, parce que ce dernier entrave la liberté d’action de “Tsahal”,
en riposte aux opérations anti-israéliennes à partir
du Liban-Sud.
Or, la France estime que ledit comité constitue l’instrument
principal pour le règlement des conflits, seul capable de prévenir
un nouvel engrenage et, partant, d’empêcher la réédition
des dramatiques événements de la semaine dernière.
Cela dit, il y a lieu de signaler l’échec des pourparlers que
Ehud Barak a eus lundi avec Ariel Sharon, aux fins d’examiner une éventuelle
participation du Likoud au nouveau Cabinet.
Les raids sur le Liban sont, croyons-nous, la cause de cet échec.
Car contrairement à ce que prétend la coterie de Netanyahu,
Barak n’a pas eu son mot à dire dans la décision du gouvernement
sortant, relative au bombardement de cibles civiles en territoire libanais,
dont les centrales électriques (de Bsalim et de Jamhour) et quatre
ponts reliant la capitale au Sud.
En revanche, le Premier ministre israélien élu a conclu
au cours du dernier week-end des accords de coalition avec trois autres
partis: le Meretz, Israël Ben Aliya et le parti national religieux,
en plus du Shass, en raison notamment de leurs positions conciliantes envers
le processus de paix. |