LE PEUPLE ARMENIEN A PORTE EN TERRE SACREE
LE CATHOLICOS DE TOUS LES ARMENIENS, SA SAINTETE KAREKINE I

Le règne du catholicos de tous les Arméniens, Sa Sainteté Karékine I aura été le plus court dans l’histoire de l’Eglise arménienne, pour autant ce chef spirituel aura réussi à réaliser la fusion avec son peuple, gommant définitivement le goût amer des décennies d’oppression soviétique.

Sa Sainteté a été enterré le 8 juillet.

La spiritualité, qui est le domaine de l’Eglise arménienne apostolique, a retrouvé sous son impulsion, sa dynamique, sa juste place dans la vie de cette jeune nation indépendante.
Le communiqué du Saint-Siège d’Etchmiadzine annonçait que Sa Sainteté était décédé des suites d’une longue et douloureuse maladie: un cancer du larynx plus précisément.
Il n’était, en effet, un secret pour personne que sa santé s’était déjà détériorée depuis plusieurs mois, le cancer dont il souffrait atteignant sa phase terminale, ne lui laissant aucun espoir de rémission. L’annonce du décès de l’éminent prélat a jeté la consternation dans tous les milieux tant religieux que politiques, alors que des messages de condoléances affluaient du monde entier.
Le Conseil du Saint-Siège d’Etchmiadzine proclamait quarante jours de deuil traditionnels et faisait recouvrir d’un voile noir le trône catholicossal.
 

Nombre de personnalités ont prié pour 
le repos de l’âme du catholicos de tous les Arméniens.
 

S.S. Aram I a présidé aux cérémonies 
funèbres et administré les derniers 
sacrements au défunt catholicos.
 
Des milliers d’Arméniens ont rendu un dernier hommage à leur chef suprême dans l’enceinte de l’église de Saint Sarkis où devaient avoir lieu les cérémonies marquant le 1700ème anniversaire de la fondation de l’Eglise apostolique arménienne.
Après quoi sa dépouille a été transférée à l’église de Sainte Etchmiadzine, accompagnée des autorités religieuses et politiques.
Des délégations de l’Eglise arménienne du monde entier avec, en tête, le catholicos de la Grande Maison de Cilicie Sa Sainteté Aram I qui devait présider les cérémonies funèbres, le patriarche de Jérusalem, les prélats de l’ensemble des diocèses, le représentant du pape Jean-Paul II, le cardinal Cassidy, le patriarche orthodoxe de toutes les Russies Alexis II, le métropolite de Petirim, des représentants du patriarcat des arméniens catholiques avec, à leur tête, Sa Béatitude Jean-Pierre XVIII Kasparian, se sont rendus en Arménie.
La délégation officielle libanaise comprenait le ministre Arthur Nazarian, représentant le chef de l’Etat le général Emile Lahoud; le député Jihad Samad, représentant le chef du Législatif M. Nabih Berri; le ministre de la Défense, M. Ghazi Zéaïter représentant le président du Conseil M. Salim Hoss; les députés Salah Haraké, Sébouh Hovnanian, Jacques Jokhadarian, Yéghia Djéréjian; M. Béchara Merhej, représentant l’ancien Premier ministre M. Hariri et des représentants des trois partis politiques arméniens.
La cérémonie d’inhumation a eu lieu le 8 juillet et des milliers de personnes ont assisté à l’extérieur de la cathédrale, l’intérieur étant réservé aux personnalités politiques et religieuses, à une cérémonie émouvante où la messe était célébrée par Mgr Nercès Bozabalian qui assure l’intérim jusqu’aux prochaines élections. L’extrême-onction a été délivrée par S.S. Aram I.
Après la cérémonie, le cortège s’est dirigé vers la tombe, près du campanile.
C’est là que le président Robert Kotcharian a adressé son oraison funèbre. Le président d’Arménie a rendu un vibrant hommage: “Sa Sainteté a pris la direction de l’Eglise quand notre pays a obtenu son indépendance. Il a consacré sa vie à servir Dieu et son peuple.
“Sa Sainteté Karékine I a revendiqué la place de l’Eglise apostolique arménienne dans l’Eglise universelle.
“Il a exhorté ses fidèles à vivre leur foi d’une manière active et les a appelés à retrouver le sens de cette foi de notre existence et de nous comporter en conséquence.”
 

Le Saint-Siège d’Etchmiadzine en deuil...

M. Arthur Nazarian représentant le chef 
de l’Etat, le général Lahoud et M. Zéaïter.
 
L’archevêque Nercès Bozabalian a souligné le charisme du chef de l’Eglise: “Il était un brillant théologien. Il nous aura laissé en héritage son amour pour l’Eglise et le peuple arménien...”
Sa Sainteté Aram I a dit: “Nous avons eu le privilège de le connaître et de travailler de concert avec Sa Sainteté Karékine I.
“Nous avons servi ensemble l’Eglise apostolique arménienne....”
Sa Sainteté Karékine I confiait souvent: “Nous nous trouvons à un tournant de notre Histoire. Je veux m’atteler à ce changement de direction... La Diaspora vit et vivra toujours en moi. Aujourd’hui, je dois transmettre cette expérience à notre peuple d’Arménie et, en même temps, traduire les tendances, les aspirations et les grandes réalisations de notre peuple à la Diaspora, dans le sens où l’un et l’autre de ces termes ne sont pas contradictoires, mais sont complémentaires... Prédication, engagement, service social, voilà notre tâche...”
Le catholicos Karékine I fut l’un des premiers prélats à accepter les défis de la modernité.
Du village de Kessab en Syrie, aux études à Oxford, en passant par les Etats-Unis et le Liban, il n’a cessé de forger sa vision du monde au creuset des cultures orientales et occidentales.
Il passait avec aisance d’une réflexion théologique à des analyses géopolitiques.
Cet intellectuel pasteur avant tout, se voulait soucieux du renouveau d’une pratique étouffée dans la jeune République d’Arménie par des décennies de régime répressif.
Sans jamais oublier le passé, il avait tourné son attention vers le prochain millénaire.
Cette personnalité œcuménique œuvrait à rapprocher son Eglise des orthodoxes et, surtout, des catholiques.
A son initiative, en décembre 1996, l’Eglise arménienne signait avec Rome, une déclaration déplorant les conflits idéologiques ayant opposé au fil des siècles les deux Eglises.
C’est dans ce cadre que S.S. Jean-Paul II devait visiter l’Arménie. Une visite annulée en raison de la brusque détérioration de la santé du catholicos.

Une partie de la délégation officielle qui venait
du Liban se recueille devant la tombe de Sa Sainteté.

Le Premier ministre Sarkissian, le chef 
du Législatif, M. Démirdjian, le président 
de la République, M. Robert Kotcharian.
Sa Sainteté Karékine I a marqué non seulement l’histoire de l’Eglise, celle du peuple arménien, mais son époque.
C’était un chef spirituel doté d’un sens œcuménique certain, doublé d’un philosophe. Il avait une vision autre des réalités de ce monde. Du Saint-Siège de Cilicie au Saint-Siège d’Etchmiadzine... Que de chemin parcouru, que d’étapes franchies!
Aujourd’hui, il est aux côtés de son Seigneur Tout Puissant et continuera à veiller, comme il l’a toujours fait, sur son peuple. Pour l’éternité.

SONIA NIGOLIAN

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