Le
débat budgétaire a donné à l’opposition l’occasion
de critiquer, tant la politique économique et fiscale du gouvernement
que sa gestion de la chose publique. Et ce, en riposte au “Cabinet des
16” qui fait assumer à la précédente équipe
ministérielle - celle de M. Hariri - la responsabilité de
la dégradation de la situation au double plan économique
et financier. Dans son exposé, le ministre des Finances a insisté
sur “la nécessité de reconsidérer la conception de
l’économie libanaise”.
Au moment où paraîtront ces lignes, l’Assemblée
nationale aura ratifié le projet de budget 99, au terme d’un débat
auquel auront pris part une soixantaine de députés parmi
les cent vingt-huit que compte le parlement.
Les séances plénières ayant été
radio-télévisées, on devait s’attendre à des
interventions enflammées - de la part des porte-parole de la néo-opposition
- et de certains “ministrables”, ces derniers ayant cherché à
attirer l’attention sous l’hémicycle et parmi les téléspectateurs
par leur qualité de tribun...
Car la présente législature élue en 1996, demeure
acquise au précédent régime et soutient, sans doute,
à contre-cœur l’actuel Pouvoir. Et dès l’ouverture du débat
budgétaire, un courant s’est dessiné, place de l’Etoile,
en faveur d’un changement ou, tout au moins, d’un remaniement ministériel,
ce qui a ranimé le désir de certains “ministrables” de prendre
en main un maroquin!
Mais les milieux proches du palais de Baabda continuent à écarter
une telle éventualité, laissant même entendre que le
“Cabinet des 16” serait maintenu jusqu’aux législatives de l’an
2000, lesquelles seraient organisées sur base d’une nouvelle loi
électorale qu’il aurait élaborée. Et il n’est pas
impossible que le gouvernement Hoss soit chargé de superviser le
scrutin.
Le débat s’est prolongé durant quatre jours (et soirées)
qui s’annonçaient particulièrement chauds, autant que le
climat, la canicule étant, en plein juillet, mois du vent, aussi
forte qu’au mois d’août!
Les opposants ont décoché leurs critiques contre le gouvernement,
lui faisant grief notamment de ses prévisions qualifiées
“d’irréalistes”: les dépenses prévues s’élèvent
à 8,395 milliards de livres et les recettes du Trésor 4,990
milliards, le déficit étant de l’ordre de 58%, d’après
l’opposition et de 43%, selon le ministre des Finances.
Naturellement, les détracteurs du Cabinet se sont acharnés
contre la politique économique, financière et fiscale du
Sérail. Certains ont dénoncé sa gestion de la chose
publique, en soutenant que l’action gouvernementale se caractérise
par son état statique, huit mois après l’écoulement
du “délai de grâce”.
Fait à signaler: le chef du Législatif ne cache pas,
depuis quelque temps, son mécontentement de la gestion gouvernementale
et un membre de son bloc parlementaire, en l’occurrence M. Mohamed Abdel-Hamid
Beydoun disait, la veille de l’ouverture du débat: “Personne n’est
satisfait”..., avant d’ajouter: “Le projet de budget et le plan quinquennal
de redressement ne contiennent pas des éléments laissant
prévoir une politique nouvelle ou une amorce de changement”... Et
de plus, il a insisté sur la nécessité, pour le président
Hoss et son équipe, “de rectifier le tir”...
Les opposants ont accusé l’équipe ministérielle
“d’envenimer le climat politique”, en engageant des poursuites judiciaires
contre d’anciens responsables - ministres et hauts fonctionnaires - impliqués
dans des affaires non encore élucidées. |