Le 8 juin
dernier, l’événement local a consisté dans l’assassinat
de quatre juges en plein prétoire au palais de Justice à
Saïda.
Un mois plus tard, exactement le 4 juillet, un autre événement braquait l’attention sur la capitale sudiste où M. Moustapha Saad, député de la circonscription, accusait de “grands services de renseignements” d’avoir perpétré le quadruple crime, liant ce dernier à la tentative d’assassinat dont lui-même a été l’objet. Le parlementaire a évoqué ce que lui avait confié le magistrat-martyr, Hassan Osman, quelques jours avant son décès, à savoir qu’il s’apprêtait à rédiger l’ordonnance d’inculpation à l’encontre d’un certain nombre de civils et de militaires, impliqués dans l’attentat contre M. Saad en 1985. Celui-ci a bien voulu nous entretenir de cette affaire, du projet d’implantation (des Palestiniens), de l’avenir de la situation au Liban-Sud après l’accession de Ehud Barak à la présidence du Conseil en Israël, de sa position envers le gouvernement et le régime. |
Les renseignements dont vous disposez à propos du quadruple
crime du palais de Justice à Saïda, peuvent-ils aider à
identifier les criminels?
Au cours de ma conférence de presse, je n’ai pas dit que j’avais
des renseignements sur l’assassinat des quatre juges à Saïda.
J’ai simplement établi un lien entre ce que m’avait confié
le juge-martyr Hassan Osman, en sa qualité de magistrat instructeur
en charge de la tentative de mon assassinat en 1985, à savoir qu’il
avait la conviction du fait qu’un certain nombre de civils et de militaires
ont trempé dans cet attentat et qu’il se proposait de rédiger
une ordonnance d’inculpation à l’encontre de ces prévenus.
Le procureur général près la Cour de cassation,
M. Adnan Addoum, a qualifié les propos que vous avez tenus au cours
de la conférence de presse “d’analyse politique” et non de faits
probants...
J’ai dit et je le répète: l’Autorité politique
a le droit de lier l’assassinat des quatre magistrats à des éléments
se déplaçant en motocyclette dans le but d’attenter à
la vie des gens.
De mon côté, j’ai le droit de lier l’assassinat des juges
à ce que m’a confié le magistrat-martyr Hassan Osman.
Les documents en ma possession ne concernent pas le quadruple crime
du palais de Justice de Saïda, mais certains officiers et civils qui
ont avoué, franchement, avoir été mêlés
à la tentative d’assassinat contre ma personne dont ils ont rapporté
tous les détails. D’ailleurs, ils ont apposé leur signature
sur toutes les pages du procès-verbal consignant leur interrogatoire.
Puis, leurs aveux sont enregistrés dans une cassette vidéo,
conservée en dehors du Liban. J’en ai remis une copie au juge Osman
qui s’est appuyé sur ce document pour établir son ordonnance
d’inculpation.
Chaque fois qu’un incident se produit à Saïda, on ressort
le dossier des armes dans les camps palestiniens, surtout celui d’Aïn
Héloué. Comment expliquez-vous cela?
La présence de ce camp à l’intérieur de Saïda,
le plus grand de tous les camps palestiniens au Liban, rend naturelle l’évocation
de ce sujet. D’autant que la région tout entière semble devoir
connaître des développements, surtout si les négociations
avec Israël devaient être reprises sur tous les volets.
Il est naturel que le dossier relatif à la présence palestinienne
soit évoqué au cours de ces négociations, en particulier
le point relatif à l’implantation.
Le fait d’évoquer la question sécuritaire à
Saïda aurait-il quelque rapport avec l’implantation des Palestiniens?
Nous ne cessons de nous opposer à l’implantation de nos frères
palestiniens au Liban, partant de notre souci de sauvegarder la cause palestinienne
et de la nécessité d’assurer le retour des réfugiés
en Palestine, en application de la résolution 194 des Nations Unies
qui prévoit leur retour et leur indemnisation.
Le dossier de l’implantation est toujours à l’ordre du jour
au double plan local et international, en raison des retombées de
l’implantation sur la démographie de notre pays.
Puis, le cas des réfugiés palestiniens est l’un des points
devant être examinés dans le cadre des négociations
multilatérales, celles-ci devant suivre les négociations
directes entre les Arabes et l’entité sioniste.
Quelle est votre position vis-à-vis du gouvernement et des
organismes de sécurité que vous avez pris dernièrement
pour cible?
Nous appuyons le régime et approuvons le discours d’investiture
du président Emile Lahoud, ainsi que la déclaration ministérielle
sur base de laquelle la confiance a été accordée au
gouvernement. Mais cela ne nous empêche pas de louer ou de critiquer
l’action gouvernementale et d’en signaler les lacunes. Il ne s’agit donc
pas de loyalisme ou d’opposition à l’aveuglette, mais de critique
constructive en vue de rectifier l’action du Cabinet. Je préconise
la réhabilitation des FSI en fonction des tâches qui leur
incombent.
Comment concevez-vous, vous-même et l’Organisation populaire
nassérienne, les législatives de l’an 2000?
Nous préconisons une loi électorale élaborée
sur base de l’unité des critères, de manière à
garantir une représentativité nationale la plus parfaite
possible.
Avec l’accession de Ehud Barak au Pouvoir en Israël, comment
voyez-vous la situation au Liban-Sud en ce qui concerne l’application de
la 425 et le rôle de la Résistance?
Les partis travailliste et du Likoud sont les deux faces d’une même
monnaie. Aussi, est-il erroné de parier sur Barak et ses propositions.
Les grandes guerres ont été menées contre les
Arabes lorsque le parti travailliste était au Pouvoir.
Je parie donc sur la résistance armée qui a contraint
l’ennemi à se retirer de plusieurs portions du territoire libanais
et, dernièrement, de Jezzine. Quant à la résolution
425, elle ne nécessite pas de négociations, parce qu’elle
doit être appliquée immédiatement, l’ennemi devant
se retirer sans condition.
La Résistance avait joué le rôle principal dans
la libération de Jezzine, le 3 juin dernier. Cependant, l’armée
n’est pas encore entrée dans la région et les habitants sont
inquiets.
Nous comprenons les causes ayant empêché le déploiement
de l’armée dans la région libérée de Jezzine,
le Pouvoir craignant un piège israélien. En tout cas, la
libération de Jezzine est une performance en soi, puisque cette
région a réintégré le giron de l’Etat.