Après
avoir fait naître une lueur d’espoir quant à la possibilité
de relancer les négociations de paix et de les faire aboutir dans
un délai de quinze mois, Ehud Barak suscite une vague de scepticisme
en proclamant son attachement à Jérusalem en tant que “capitale
éternelle unifiée” d’Israël et en s’opposant au retour
des réfugiés dont il préconise, implicitement, l’implantation
dans les pays arabes où ils sont établis... M. Yasser Arafat
trouve le délai trop long et réclame l’application immédiate
de l’accord de Wye Plantation. Notre photo: le chef de l’Autorité
palestinienne en conversation avec le président Moubarak au Caire.
On le croyait plus logique et coopératif que son prédéces-seur,
ayant hâte d’en finir avec un conflit ayant trop duré, “en
ne traînant pas les pieds durant trois années de plus” (sic).
De plus, il s’est fixé un délai de quinze mois pour faire
aboutir le processus de paix, “parce qu’il n’y a pas de solution-miracle
qui tomberait du ciel en trois semaines.”
Le nouveau Premier ministre israélien souhaite, d’autre part,
“une négociation immédiate sur le statut de Jérusalem,
l’Etat palesti-nien et le retour des réfugiés.”
Il l’a dit à Washington, à l’issue de ses entretiens
avec le président Clinton qui a déclaré: “C’est une
occasion en or pour le président Hafez Assad de s’im-pliquer dans
les efforts de paix”, tout en souhaitant “la normali-sation des relations
entre Wa-shington et Damas.” Ces rela-tions étaient-elles compromises
par quelque prise de position (de part ou d’autre)? Nous croyions, pourtant,
quelles étaient, dernièrement, au beau fixe!
Cela dit, le même Ehud Barak, avant la conférence de presse
commune qu’il a tenue à la Maison-Blanche avec le chef de l’Exécutif
américain, avait martelé ses trois “non”: “Non au partage
de Jérusalem qui restera la capitale unifiée d’Israël.
Non à l’Etat palestinien. Non au retour des réfugiés”...
Ainsi, le successeur de Neta-nyahu paraît exceller, lui aussi,
dans le système de la douche écossaise, en alternant les
positions dures et conciliatoires! Sans doute, dans l’espoir d’avoir les
interlocuteurs palestiniens et arabes à l’usure...
Puis, avait-il besoin de renforcer sa flotte militaire aérienne,
en la dotant de cinquante avions “F-15”? Ce qui pousse la Syrie à
envisager de se fournir en missiles de longue portée à Moscou...
Dans le même temps, il donne ses directives pour faire entreprendre
le retrait de certaines positions de “Tsahal” de Hébron et de Ramlallah,
en application de l’accord de Wye Plantation.
A vrai dire, on ne sait plus ce que Barak rumine dans la tête
et où il veut en venir en ce qui concerne les retraits du Liban-Sud
et du Golan, ses déclara-tions étant le plus souvent am-biguës,
sinon contradictoires!
La tournée proche-orientale du Premier ministre espagnol, José-Maria
Aznar qui l’a con-duit à Damas, Amman, Bey-routh, Gaza et Jérusalem,
aidera-t-elle à la réussite des ef-forts de paix au Proche-Orient?
Tel est le but de son périple, d’autant qu’il a réitéré
l’appui de son pays au principe de “la terre contre la paix”, adopté
à Madrid en 1991. Il est difficile de se prononcer sur ce point,
d’autant que les Etats-Unis paraissent toujours résolus à
considérer cette région du globe comme une chasse gardée...
Quoi qu’il en soit, la partie arabe se concerte en vue de définir
sa position envers l’Etat hébreu et le “plan Barak”. Les présidents
Assad et Moubarak ont eu un long entretien téléphonique lundi
dernier; ils attendront la visite au Caire de David Lévy, chef de
la diplomatie israélienne et le retour de Barak des USA, pour déterminer
le lieu et la date auxquels se tiendra un sommet (restreint ou élargi)
devant établir la nouvelle stratégie arabe, en prévision
de la relance des négociations de paix. |