ROBERT HATEM "COBRA"
AUTEUR DU LIVRE INTERDIT "D'ISRAEL A DAMAS"
"HOBEIKA A VOULU ACCEDER A LA PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE, EN ME FAISANT ASSUMER LA RESPONSABILITE DE SES ACTES"
"D’Israël à Damas”, de Robert Hatem, surnommé “Cobra”, a provoqué des remous dans les cercles politiques et sociaux au Liban où il a été interdit de vente. De plus, plusieurs personnalités dont il a  cité les noms dans son ouvrage lui ont intenté des procès. Son avocat, Elie Hatem porte le même nom de famille et a assumé la défense du mercenaire international, Bob Denard (voir “La Revue du Liban” N°3689 du 29/5/99). Nous avons rencontré “Cobra” dans une ville d’Europe. Il était accompagné de son avocat et a bien voulu répondre à plusieurs questions que nous lui avons posées.

Pourquoi avez-vous publié votre livre maintenant, d’autant que les événements que vous y relatez remontent au temps de la guerre libanaise?
Je l’ai publié, aujourd’hui, après avoir désespéré de tous les politiciens qui ont essayé de convaincre le peuple libanais du fait qu’ils défendent sa cause. Au début, ils ont défendu les communautés et chacune de ces dernières s’est employée à lutter pour survivre.
Puis, il y a eu soi-disant la défense de la patrie et tout cela a entraîné le peuple libanais à la criminalité. Il en est parmi les politiciens que j’ai servis, personnellement, avec fidélité pendant vingt ans, parce qu’ils prétendaient défendre leur communauté et leur patrie. Il m’est apparu, par la suite, qu’ils ne défendaient que leurs propres intérêts, mus par leur instinct criminel.
Avec mon livre, j’ai voulu laver la honte ayant entaché la réputation des chrétiens du Liban et leur cause. C’est pourquoi, je le dédie à mes camarades martyrs, aux blessés et aux déplacés.

Votre différend avec Elie Hobeika à qui, dit-on, vous gardez rancune, vous a-t-il incité à écrire cet ouvrage?
Je ne souhaite le mal à personne, même pas à ceux qui croient que je leur voue de la haine. Comme je l’ai déjà dit, j’ai été déçu et j’ai voulu apaiser ma conscience en révélant la vérité, à l’intention de tous ceux qui ont lutté pour le Liban et sa cause.

LA JUSTICE DOIT OUVRIR BIEN DES DOSSIERS
Hobeika vous a intenté un procès pour outrage et diffamation. Qu’auriez-vous à dire à son sujet?
Que vaut la calomnie comparée aux crimes qu’ils ont commis et au sang qu’ils ont fait couler? Je préfère que la Justice éclaircisse toutes les affaires criminelles que je cite dans mon livre, au lieu de se limiter à statuer sur les poursuites judiciaires engagées contre ma personne.

D’aucuns prétendent que des adversaires de Hobeika ont financé l’impression de votre livre et en ont assuré la distribution!
Vous devriez parler plutôt des personnes qui ont pâti des injustices perpétrées par Hobeika à leur égard. Mon désir de révéler la vérité à tous ceux qui ont mené la lutte en faveur de la patrie et de sa cause, m’a incité à publier cet ouvrage.

Est-il vrai que vous comptez traduire le livre en arabe et en français pour le vendre en France et ailleurs?
Naturellement, et l’édition en langue française sera plus qu’une traduction, car j’y ajouterai d’autres renseignements et vérités revêtant une grande importance, corroborés par des documents plus graves que ceux reproduits dans l’édition anglaise. Ces derniers concernent les anciens chefs du gouvernement et vice-président du Conseil libanais.

HOBEIKA M’A TRAHI
Quelle a été la raison de votre dispute avec Hobeika dont vous étiez, à un moment donné, l’homme de confiance?
La raison directe est qu’il a voulu accéder à la présidence de la République pour succéder au président Elias Hraoui. Aussi, a-t-il voulu blanchir son casier judiciaire en me faisant assumer la responsabilité de tout ce qu’il a commis, notamment l’affaire des diplomates iraniens dont il connaît le sort ou les affaires de plasticage. En dépit de la fidélité que j’ai manifestée à son égard durant vingt ans, il n’a pas pris ma défense quand ils ont tenté de m’accuser d’avoir caché les diplomates mentionnés.

Envisagez-vous de revenir au Liban ou comptez-vous vous installer, définitivement, aux Etats-Unis ou en Europe?
Je ne me suis pas exilé et je me mets à la disposition du président Lahoud et de l’Etat de la loi, quand le Liban recouvrera la liberté de la décision et lorsque les circonstances le permettront.

Qui vous a aidé à publier le livre et où est-il mis en vente?
Ceux qui m’ont aidé à publier mon livre, sont les personnes ayant pâti de l’injustice et des comportements criminels de certains politiciens. L’ouvrage est vendu en Europe, en Amérique et au Liban à travers l’Internet.


Robert Hatem avec son avocat, Me Elie Hatem.

L’ARGENT NE M’A JAMAIS INTÉRESSÉ
L’avez-vous écrit et publié dans le but de faire de l’argent?
L’argent n’a jamais été l’objectif de ma vie que j’ai consacrée à défendre la cause du Liban. En le publiant, j’ai voulu reposer ma conscience. Si je voulais réaliser une fortune, je n’aurais pas quitté Hobeika.

Ne considérez-vous pas avoir porté atteinte à certaines personnalités parmi celles dont vous citez les faits et gestes dans votre livre?
Comme je l’ai déjà dit, je ne porte atteinte à aucune personne innocente, mais la vérité doit être révélée, même si on doit évoquer des faits que certains n’aiment pas entendre. C’est par là qu’il faut commencer pour réédifier le Liban sur des bases saines. J’avoue que des personnalités politiques libanaises honnêtes m’ont encouragé à rédiger mon livre.

Quelle est votre tendance politique et votre affiliation partisane?
Comme vous le savez, je me suis enrôlé, au début de la guerre libanaise, dans les partis nationaux et les milices, partant de ma conviction qu’ils luttent en faveur de la patrie. J’ai adhéré, tout d’abord, à la Ligue maronite; puis, aux Kataëb et aux Forces libanaises. Mais aujourd’hui, je me présente comme un citoyen libanais chrétien ordinaire voulant vivre en toute liberté et dignité dans son pays.

Envisagez-vous de publier d’autres ouvrages sur la guerre et ses secrets?
Ainsi que je l’ai déjà dit, je prépare un nouveau livre qui ne sera pas simplement la traduction de celui que j’ai écrit en langue anglaise.

Votre livre a été tiré à combien d’exemplaires et quelle maison d’édition l’a imprimé?
Il a été imprimé par une maison d’édition américaine “Publications INC Por International” et je m’excuse de ne pas révéler le volume du tirage. Je tiens à préciser, toutefois, que toutes les copies de l’ouvrage ont été vendues.

Qui vous a donné le surnom de “Cobra”; quand et pourquoi?
Au début de la guerre au Liban, je me suis enrôlé dans les milices chrétiennes, dans l’idée de défendre la patrie. A ce moment, je portais en permanence un revolver marque “Colt Cobra” et c’est à cause de cela qu’on m’a surnommé “Cobra”.

Ne craignez-vous pas que certaines parmi les personnalités que vous citez dans votre livre se vengent de vous d’une manière ou d’une autre?
Si la vérité conduit celui qui la révèle à la mort, celle-ci est la bienvenue. Des milliers de jeunes Libanais ont subi le martyre; je ne suis pas meilleur qu’eux.

De quelle région libanaise êtes-vous originaire et pourquoi vous êtes-vous établi en Amérique?
Je suis né dans la capitale, Beyrouth; plus exactement à Téhouitet An-Nahr à Furn el-Chebbak. Mais mon nom est enregistré au village d’Al-Ghabate dans le jurd de Jbeil.

Comment avez-vous pu faire parvenir des copies de votre livre à Beyrouth, au moyen du Fax ou de l’Internet et combien d’exemplaires y ont été vendus?
Je l’ai fait parvenir par mes moyens personnels et quiconque veut en obtenir une copie peut se la procurer au moyen de l’Internet.

D’aucuns disent que d’autres que vous ont écrit le livre et emprunté votre nom pour le mettre en vente; affirmez-vous toujours que vous en êtes l’auteur?
Ceci prouve la stupidité de ceux qui propagent cette rumeur et l’embarras dans lequel le livre les a placés. Ceux qui tiennent ce langage veulent porter atteinte à ma réputation. Qui connaît les vérités que j’ai révélées mieux que moi? Qui a fréquenté pendant tant d’années de hauts responsables plus que moi et est au courant des actes qu’ils ont commis?

Seriez-vous prêt à vous rendre à Beyrouth pour répondre devant la Justice des accusations portées contre vous?
J’irai à Beyrouth quand le président Lahoud finira d’édifier l’Etat de la loi. Je respecte la loi, à condition que le cours de la justice se déroule dans mon pays de la même manière que dans les pays évolués. C’est pourquoi, je me mets à la disposition de l’autorité des lois internationales qui protègent les droits de l’homme. Ma confiance est grande dans mon avocat, le Dr Elie Hatem, internationalement connu, pour avoir pris la défense de grandes affaires et de personnalités, tout autant que de personnes poursuivies pour des crimes en rapport avec les droits de l’homme et la liberté d’opinion.

Seriez-vous en mesure de prouver par les textes, l’image et les documents, les faits consignés dans votre ouvrage?
Naturellement, les documents étant imprimés dans le livre, doublés des images originales. La plus grande preuve de la véracité de ce que je rapporte est la situation déplorable dans laquelle vit actuellement le Liban.

Certains affirment que Hobeika vous réservait un bon traitement et ne vous a causé aucun préjudice. Pourquoi vous êtes-vous retourné contre lui?
J’ai déjà répondu à cette question. Je répète que Hobeika m’a trahi et trahi des personnes que je respecte, après que j’ai coopéré avec lui avec fidélité pendant vingt ans, en prenant sa défense et celle de sa famille.

Des services de renseignements et des considérations politiques sont-ils pour quelque chose dans votre décision de publier “D’Israël à Damas”?
Je répète que ce livre, je l’ai écrit par fidélité au sang de tous les martyrs qui ont consenti le sacrifice suprême et qui, malheureusement, ont été exploités par certains politiciens. C’est l’unique motif qui m’a incité à le publier.

Les autorités françaises vous ont-elles assuré une protection à votre demande?
C’est une question personnelle qui me concerne. Je précise que je me trouve maintenant sous une protection internationale, confiant en tout ce qu’entreprend mon avocat, le Dr Elie Hatem.


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