BIEN QUE SORTIE AFFAIBLIE DU DEBAT BUDGETAIRE
L'OPPOSITION S'APPRETE A CONTRE-ATTAQUER POUR COMPENSER SES PERTES...

La semaine écoulée a été marquée par les réactions hostiles suscitées par la conférence que M. Farid Abboud, ambassadeur du Liban à Washington, a donnée au Congrès, dans laquelle il a dit notamment: “La paix et la sécurité font partie d’une solution globale contre laquelle le “Hezbollah” ne peut opposer son veto.”

M. Abboud, a poursuivi: “Un projet de règlement satisfaisant du conflit régional, joint à des arrangements de caractère économique visant à accélérer la reconstruction du Liban, peut favoriser l’émergence d’un partenaire jouissant de la stabilité d’une bonne administration au nord d’Israël.”
“Haaretz”, journal israélien, a observé que “les déclarations de M. Abboud étaient uniques en leur genre venant de la part d’un délégué officiel libanais”, l’ambassadeur ayant donné sa causerie deux heures avant la rencontre Clinton-Barak à la Maison-Blanche.
Au plan local, le leader du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, a critiqué, indirectement, en plus de l’ambassadeur, le président Salim Hoss, se demandant “si les  propos de Abboud reflétaient la position du Premier ministre, ministre des A.E. ou celle du “Cabinet de l’ombre”?
Le chef du gouvernement a répliqué au député du Chouf en ces termes: “Je m’interdis de répondre à des propos injurieux.”
Quant à M. Hassan Nasrallah, secrétaire général du “Hezbollah”, il a conseillé à certains chefs de missions diplomatiques “de ne pas brûler les étapes” et “de ne pas laisser l’ennemi croire que des garanties lui seraient assurées en contrepartie de la paix”.
NASRALLAH ACCUSE LES USA
Puis, M. Nasrallah a fait endosser aux Etats-Unis la responsabilité de la perpétuation de l’occupation de portions du territoire libanais, en raison de l’appui inconditionnel de Washington à l’Etat hébreu.
Naturellement, le palais Bustros s’est empressé de rappeler aux ambassadeurs en poste à l’étranger, “la nécessité pour eux d’obtenir l’autorisation préalable du palais Bustros avant toute déclaration qu’ils voudraient faire”. D’ailleurs, un avertissement a été adressé par fax à l’ambassadeur du Liban aux Etats-Unis, par le ministre des A.E.
Certains ont trouvé étrange le mutisme observé, à ce sujet, par le chef du Législatif qui a justifié son mutisme par le fait qu’il n’avait pas eu le temps de lire le texte de la conférence de M. Abboud.
Cela dit et pour en revenir aux problèmes internes, il y a lieu d’observer que le “Cabinet des 16” a repris l’initiative des opérations après le vote du projet de budget. De fait, le président du Conseil a marqué des points aux dépens de la néo-opposition qui n’a pas réussi à affaiblir la position du gouvernement, ni même à le discréditer. Et ce, grâce à la réponse faite par le président Hoss aux interventions des opposants qui, presque tous, se réclament du bloc haririen ou joumblattiste, en plus de quelques indépendants sans étiquette précise.

DÉBAT-MARATHON
Ainsi, au terme d’un débat-marathon de cinq jours, la loi de finances a été ratifiée par soixante-treize voix, alors que quinze parlementaires se sont abstenus, ceux des blocs dont Rafic Hariri et Walid Joumblatt sont les chefs de file.
Fait à signaler: la réplique du président du Conseil aux critiques des opposants s’est caractérisée par des faits et chiffres irréfutables qu’il a évoqués, surtout quand il a répondu à ceux qui lui ont reproché “d’avoir négligé Beyrouth dans les prévisions budgétaires”.
“Où étiez-vous et ceux qui vous soutiennent, quand Beyrouth vivait sous les bombes, lorsque ses habitants avaient faim et soif? Et quand nous partagions les peines et la douleur des citoyens qui résistaient à ceux dont le but était d’appliquer le plan de partage?”
M. Hoss a rappelé, également, que son gouvernement ne s’était pas opposé aux libertés publiques, preuve en est qu’il a aboli le décret interdisant les manifestations de rues. Puis, il a fait état de la situation socio-économique déplorable, conséquence du gaspillage des deniers publics et de dépenses ayant représenté quinze pour cent du produit national brut, celles-ci ayant été souvent engagées sans que les crédits nécessaires à leur couverture aient été assurés à l’avance...

HUSSEINI À LA REScOUssE DE HOSS
Le chef du gouvernement n’a pas manqué de dénoncer “le rôle de l’argent qui a déformé la pratique démocratique au Liban” et se fait un point d’honneur “de respecter toutes les libertés, contrairement à certains qui ont fait mainmise sur l’audiovisuel, octroyant les licences à des stations de télévision d’une façon arbitraire et discrétionnaire.”
Avant de gagner la tribune, le Premier ministre y avait été précédé par deux de ses anciens alliés de la “Rencontre parlementaire”, le président Hussein Husseini et M. Boutros Harb, députés de Baalbeck-Hermel et de Batroun. Ceux-ci ont pris fait et cause pour la politique, les décisions et initiatives du régime et du chef du gouvernement, l’ancien chef du Législatif ayant terminé son intervention en ces termes: “La présence du général Lahoud à la tête de l’Etat et du président Hoss à la tête du Cabinet, constitue une occasion historique que nous ne devons pas laisser passer. De plus, cette présence est une garantie en vue de la concrétisation de l’entente nationale et de l’édification de l’Etat des institutions.”

L’OPPOSITION NE BAISSE PAS LES BRAS
Cependant, la tournure du débat budgétaire en faveur de l’Exécutif, n’a pas désarmé l’opposition qui ne baisse pas les bras, comme le prouvent les conciliabules qui ont repris à Koraytem où M. Rafic Hariri procède au “rassemblement de ses troupes disséminées après la bataille du budget” et a donné à ses moyens d’information des instructions claires, les engageant à relancer la cabale contre le Grand Sérail... Malgré les conseils à lui prodigués par Damas, la semaine ayant précédé les séances de la Chambre.
Le gouvernement ne prête pas attention au nouveau branle-bas de combat de la néo-opposition et semble devoir faire redémarrer en force la réforme de l’Administration et mettre dans leur forme définitive les projets de loi relatifs à la décentralisation administrative et à la naturalisation.
De plus, il s’emploie à élaborer le projet de budget de l’an 2000, pour pouvoir le déposer sur le bureau de l’Assemblée dans le délai constitutionnel, soit dans la seconde moitié du mois d’octobre.
Il restera au “Cabinet des 16” à mettre au point la nouvelle loi électorale, sur la base d’un découpage électoral susceptible d’asurer une meilleure représentation nationale.
Pendant ce temps, les opposants persistent dans leurs manœuvres visant à brouiller les présidents de la République et du Conseil, en alléguant que “le premier domine le second ou l’éclipse et empiète sur ses prérogatives”. (sic)...

BERRI SATISFAIT DU CLIMAT POLITIQUE
A ce propos, il y a lieu de faire état des déclarations faites par le président Nabih Berri qui se dit satisfait “du climat politique et de la réhabilitation de la démocratie suite au débat budgétaire.”
Les milieux proches de M. Berri lui attribuent des réflexions dont il ressort que le récent débat sous l’hémicycle, confirme que la vie politique au Liban se porte bien et se déroule conformément aux normes, l’Assemblée restant la scène tout indiquée pour une confrontation entre les diverses parties qui y gravitent.
Ceci a favorisé des rapports favorables à notre pays, dont celui établi par le directeur de la branche du Fonds monétaire international pour le Proche-Orient. Celui-ci se réjouit de l’évolution de la conjoncture locale et prédit une baisse notoire du déficit budgétaire jusqu’à 11 et 12 pour cent du produit national brut l’année prochaine, suivie d’une autre baisse en l’an 2001 après l’adoption de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA).
Le même responsable du FMI ne manque pas de féliciter le Cabinet Hoss pour les excellents résultats obtenus au plan de la transparence, du développement économique, de l’arrêt du gaspillage et de la corruption dans l’administration publique.
A ce propos, on doit s’attendre à la poursuite des investigations en cours par les représentants du Parquet, en ce qui concerne les abus et infractions dans lesquels sont impliqués un certain nombre de fonctionnaires de toutes les catégories, les vacances judiciaires ne devant nullement ralentir le rythme des enquêtes.

NADIM EL-HACHEM

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