L’implantation
refait surface, suite au refus du nouveau Premier minisre israélien
d’accepter le retour des réfugiés palestiniens qui, à
son avis, devraient être maintenus dans les pays où ils se
trouvent depuis 1948. Le Liban où plus de 350.000 de ces personnes
sont installées, risque de pâtir de leur présence.
Fait étrange: ce problème n’a pas été évoqué
jusqu’ici au niveau des négociations multilatérales, ce qui
n’augure rien de bon. Notre photo: manifestation monstre dans un camp palestinien
au Liban-Sud.
La question refait surface et elle est remise, une fois de plus, sur
le tapis, alors qu’on la croyait définitivement classée.
Il n’en est rien. L’affaire est relancée, indirectement, le
plus simplement du monde par Ehud Barak qui la présente comme un
problème dont la solution incombe aux pays arabes où les
réfugiés palestiniens sont établis par centaines de
milliers principalement au Liban, en Jordanie et en Syrie.
Comme nous l’avons écrit précédemment, le nouveau
Premier ministre israélien excelle, autant et mieux que son prédécesseur,
dans le système de la douche écossaise. Et de plus, il le
pratique avec plus de cynisme et de félonie.
Netanyahu ne cachait pas sa politique, faite de duplicité et
de faux-fuyants, par laquelle il visait à torpiller le processus
ou, tout au moins, à le bloquer. Il a atteint son objectif.
Barak se présente en “faiseur de paix” et s’est engagé
à marcher sur les traces de Rabin. Ce qui ne l’empêche pas
de clamer ses trois “non”: Non au partage de Jérusalem. Non au retour
des réfugiés palestiniens. Non au retour aux frontières
de juin 1967 et, aussi, au retrait inconditionnel du Golan et, sans doute,
du Liban-Sud, exigeant pour rapatrier ses troupes des arrangements de sécurité
ou l’établissement (au Golan) d’une zone démilitarisée...
Le président Salim Hoss s’est empressé de lui répliquer.
“Le Liban, a-t-il affirmé, a son mot à dire sur la question
des réfugiés qui le concerne directement”
Faisant allusion aux propos tenus, quelques jours plus tôt, par
l’ambassadeur des Etats Unis à Beyrouth, le chef du gouvernement
n’a pas précisé dans quel cadre et avec quelle partie, il
souhaitait trancher le sort des 350.000 Palestiniens installés chez
nous par vagues successives depuis 1948. (L’ambassadeur US avait qualifié
de “prématurée” toute discussion sur l’avenir des réfugiés!)
D’aucuns, les plus optimistes, pensent que les prises de position de
Barak sont destinées à la consommation intérieure.
Mais M. Hoss, lui, se montre plutôt sceptique et rappelle, à
l’appui de son refus catégorique de l’implantation: “Cette attitude
fait l’unanimité des Libanais et des réfugiés palestinien
eux-mêmes qui tiennent à réintégrer la Palestine
où ils ont leurs racines”.
S.Em. le cardinal Sfeir est, lui, aussi, revenu à la charge.
Dans sa dernière homélie dominicale, le patriarche maronite
a soutenu que “le Liban ne pouvait pas admettre l’implantation, en raison
de l’exiguité de son territoire et de la densité élevée
de sa population.”
Et d’exprimer son appréhension quant au risque que “l’implantation
soit le prix le plus élevé que notre pays serait contraint
de payer”.
L’éminent prélat ne manque pas d’évoquer les dispositions
de l’accord de Taëf qui, invoquant les délicats équilibres
au Liban au plan démographique, s’est carrément prononcé
contre l’implantation et le partage au Liban.
“Si cette équation était violée, observe Sa Béatitude,
ce pays risquerait de disparaître. On ne corrige pas une erreur par
une autre erreur. Et aucune force au monde ne peut imposer à un
peuple une solution qu’il rejette, parce qu’allant contre ses intérêts
et menaçant sa pérennité et sa survie.” |