FLANERIE EN FLORIDE, JOYAU MONDIAL DU TOURISME
Cette région est sans contredit, la plus souriante, la plus fleurie, la plus chaude (grâce au passage du Gulf Stream) et la plus insouciante de toute l’Amérique du Nord. C’est avec bonheur que l’on se lance sur les pittoresques autoroutes de l’aventure floridienne, à la découverte de plages magnifiques, de palmiers genre carte postale, de fascinantes réserves naturelles, de parcs d’attraction les plus ahurissants de la planète et qu’on est confronté avec un luxe tapageur, côtoyant parfois des bidonvilles sordides.

On y rencontre un peu partout un mélange extraordinaire de races de toutes les couleurs. A commencer par Miami, cité cocktail aux super-buildings orgueilleux faisant face à des maisons coquettes et, surtout, Miami-Beach, avec le quartier d’Art Deco District aux huit cents façades multicolores du plus joyeux effet, où l’on vit vingt-quatre heures sur vingt-quatre à la plage, dans les boîtes de nuit ou dans les rues, parmi les mannequins et les photographes les plus en vue de la planète. Vie nocturne à tout casser et ambiance garantie.
Ville trépidante où une notable partie de la population (400.000 sur les 700.000 habitants du centre-ville) est composée de réfugiés de Cuba qui ont fui la tyrannie de Fidel Castro, sans parler d’un nombre imposant d’immigrants du Mexique et d’Amérique centrale. Tout ce monde très expansif parle obstinément l’espagnol, habite le quartier de Little Havana et a réussi à prendre en main une bonne partie d’un commerce urbain florissant. Ne soyez pas surpris si vous demandez un renseignement en anglais à un douanier ou à un agent de police: ils risquent bien de vous répondre dans le plus pur castillan.... Mais vous verrez sur la porte de certains magasins cette affichette réconfortante: “Ici, on parle anglais”! Heureusement...
Par bonheur, il y a encore, à Miami, un tas d’endroits pittoresques où l’on peut s’expliquer en “slang” américain: Coral Gables, quartier résidentiel où s’alignent de charmants petits palais et des villas d’une richesse ostentatoire: Coconut Grove, naguère coin des artistes, des hippies, des marginaux, devenu surtout commerçant aujourd’hui; Key Biscayne, appelée plus communément île des milliardaires, hélas! dévastée par le cyclone Andrew, en 1994; en contraste, Little Haïti, peuplée d’émigrants qui ont fui la dictature odieuse des Duvalier père et fils, aussi fréquentée par des dealers douteux, des margoulins en tous genres, des drogués, des voleurs et des prostituées de très bas étage. Il est impératif, si l’on passe dans ces environs-là, de se méfier de tout ce beau monde.
 


A Pompano Beach, il vous suffit 
de sortir d’une villa ravissante, pour 
monter sur un yacht de rêve.
 

Darleen est une vedette bien connue
à Miami Beach. Elle a doté sa Cadillac 
d’une carrosserie du tonnerre qui, 
avec sa conductrice ne passent 
jamais inaperçues.

FANTASTIQUE ESSOR ÉCONOMIQUE
C’est dans les dernières années du XIXème siècle que va débuter le fantastique essor économique de la Floride dû à de grands industriels aux vues prémonitoires (dont le plus connu est Henry Flagler, homme d’affaires associé à Rockefeller) bien après que les Yankees aient éliminé les Indiens séminoles des territoires qu’ils convoitaient. On voit alors apparaître, en un temps record, un réseau ferroviaire bien organisé reliant entre elles de puissantes chaînes hôtelières construites en des sites attractifs; puis, après la Seconde Guerre mondiale, le lancement du programme spécial de la Nasa et l’apparition du fabuleux Disney World.
Il n’en fallait pas davantage pour créer une atmosphère touristique qui n’a pas son pareil et qui est, très rapidement, devenue la plus séduisante de toute l’Amérique (45 millions de visiteurs chaque année), avec un climat subtropical dont la haute saison, d’octobre à mai, est d’une douceur irrésistible. Il ne fait pas désagréable non plus d’y séjourner pendant le restant de l’année, malgré quelques pluies torrentielles (et parfois l’une ou l’autre tornade), d’autant plus que les prix diminuent alors de cinquante pour cent. Palm Beach, la plus luxueuse des stations balnéaires, a été naturellement construite par Flager. Le  “Guide du Routard” affirme qu’il s’agit là d’un “petit paradis terrestre réservé hier et encore aujourd’hui, à une certaine élite”, qui vit en circuit très fermé, selon le principe bien connu: “Pour vivre heureux, vivons cachés”.
Pompano Beach est, aussi, à sa manière, une succursale céleste, où les citoyens ultra-fortunés se font construire des maisons dont les parois resplendissent de marbre rare et où les robinets en or massif sont monnaie courante dans les salles de bain. Vous désirez prendre un apéritif dans une ambiance choisie? Votre hôte se fera une joie de vous conduire vers son yacht sagement amarré devant son domicile et vous voguerez sur d’innombrables canaux couleur turquoise de la Venise américaine. Vous verrez: à bord de cette nacelle de rêve, Scotch et Bourbon acquièrent un goût incomparable...
Commençons ces visites passionnantes par Saint-Augustine, la plus vieille ville des Etats-Unis, “charmante et presque authentique, quasi européenne, avec un centre historique réhabilité, où on découvre une vie culturelle intense”, affirme le précieux guide, publié chez Hachette.


Un Indien “séminole” maîtrisant l’alligator
de service, devant des touristes blêmes
de terreur dans une île des Everglades.

ÉPOPÉE DU XXème SIÈCLE
Il ne faut surtout pas manquer le “John Fitzgerald Kennedy Space”, situé sur la presqu’île du Cap Canaveral. C’est là que des hommes du XXème siècle ont vécu l’épopée peut-être la plus glorieuse de notre millénaire finissant: l’envol vers l’infini et le premier pas vers la conquête des astres.
Ne rater sous aucun prétexte l’Everglades National Park. On plonge à l’improviste dans une ambiance étrange, en marchant sur des sentiers inconnus, en naviguant sur des nappes d’eau sans nombre, enserrés par une végétation d’une jaillissante exubérance, une flore tropicale où règnent les orchidées et des acajous plusieurs fois centenaires. Parfois, on peut s’imaginer être perdu dans une forêt vierge. Aux branches d’arbres hauts comme des piliers de cathédrale, pendent gracieusement des lianes qui pourraient être des serpents.  Depuis bien longtemps, les secrets du passé ont été engloutis dans les marécages. On n’y rencontre plus que des nuées de perroquets, de flamants, d’aigles pêcheurs et, avec un peu de chance, de pumas, de ratons laveurs, de lamantins sauvages. De loin en loin, le museau peu attrayant d’un alligator surgit de l’onde. Dans les îles, de jolies Indiennes séminoles aux yeux de braise négocient des colliers et des bagues. Bijoux gracieux et de bon goût, garnis de pierres multicolores finement gravées.
Fin de voyage inoubliable, une visite aux “Keys”. A l’extrême sud-est des Etats-Unis, presque à cheval sur l’Atlantique, la Florida Bay et le golfe du Mexique, apparaît une chaîne d’îles et d’îlots de corail, longue de 180 km, semée sur les flots par Dieu sait quel enchanteur. Jadis, un chemin de fer, édifié par l’incontournable Henry Flager, reliait Key West, la plus éloignée d’entre elles, à la Floride continentale. En 1926, un cyclone le disloqua. Les ingénieurs américains construisirent alors une magnifique autoroute très au-dessus de la mer, dont la structure semble aérienne dans l’immensité lumineuse du paysage. Une quarantaine de ponts (certains ont plusieurs kilomètres de long) enjambent avec élégance la distance séparant Miami de Key West - cinq heures de bus...

KEY WEST, PERLE DU VOYAGE
Deux ou trois haltes sont indispensables. D’abord, à la première île, Key Largo, fameuse grâce à un film tourné avec Humphrey Bogart et Laurence Bacall; Coral Reef, avec le seul parc sous-marin des Etats-Unis; Islamorada, royaume des dauphins dressés dans un vaste lagon naturel. La perle du voyage est évidemment Key West, naguère repaire de forbans et de pirates. Il règne là-bas une ambiance du tonnerre. On y trouve des écrivains, des artistes plus ou moins connus et, actuellement, une solide invasion de “gays” qui sont champions dans l’art de découvrir et d’animer jour et nuit les endroits à la mode.

L’ASSOCIATION DES ÉMIGRÉS LIBANAIS
Personnage affable, mais un peu solennel, Lawrence P. Lataif est un homme de loi, docteur en Droit qui dirige un très imposant bureau, s’occupant d’immigration pour les sociétés désirant “importer” aux USA des experts, des techniciens, de la main-d’œuvre. Il est président, pour la Floride, de l’Association des Emigrés libanais (même s’ils sont devenus américains dans l’entre-temps).
M. Lataif est incapable de préciser combien de Libanais ou d’Américains d’origine libanaise vivent en Floride, spécifiant toutefois qu’ils résident pour la plupart dans le sud de la presqu’île où ils sont nombreux. Une bonne moitié d’entre eux (c’étaient des gens simples pour la plupart) sont arrivés à la fin de l’occupation turque ou encore pendant les années vingt et trente de ce siècle, au moment du mandat français. La seconde vague a débarqué à partir des “événements” de 1958; puis, de ceux qui eurent lieu de 1975 à 1990.
Il y a, aussi, des milliers d’étudiants qui viennent faire leurs classes supérieures dans les universités américaines, mais ceux-là, généralement, rentrent au pays pour y élaborer leur carrière, bien que cette tendance soit devenue moins forte au cours des dernières années. Comme me l’expliquait un jeune spécialiste en économie: “Plusieurs d’entre nous préfèrent tenter leur chance ici que de rentrer au Liban où les circonstances politiques ont changé et où l’ambiance n’est plus la même, où l’avenir semble quelque peu incertain pour la jeunesse et où, pour parler franchement, on se sent beaucoup moins libre”.
Fait caractéristique: tous les “permanents” se sont très vite intégrés, parlent l’anglais avec un superbe accent américain, ont adopté les habitudes locales, apprécient le confort ambiant, les facilités d’existence qui sont l’apanage de l’Amérique du Nord. Ils ne cherchent nullement à s’accrocher à leur passé, à reconstituer des “îlots de patrie”, comme le font certains Américains hispanophones et plus encore les Irlandais, les Yougoslaves (particulièrement Serbes, Croates et Macédoniens), les Grecs, avec leurs problèmes politiques et religieux compliqués, se mariant entre eux chaque fois que l’occasion leur en est donnée, se réunissant pour parler avec nostalgie du pays tout en continuant à cultiver leur folklore ancestral, très souvent avec une larme à l’œil ou de gros soupirs.


UTous les styles se côtoient dans
les constructions de Miami. Mais tout
cela marche fort bien ensemble
et vaut le coup d’œil!

PAS DE CLUB LIBANAIS
Les Libanais vivent chacun pour soi - il n’y a aucune cohésion dans cette communauté pourtant très large - dans un pays dont ils acceptent tout naturellement les droits et les devoirs. Il n’y a pas - du moins en Floride - de club où l’on se rencontre régulièrement, sauf à Palm Beach où l’on trouve un modeste “club social”, le seul sur les trois comtés qui forment la Floride. Mais il faut souligner que les émigrés libanais se rencontrent la plupart du temps avec plaisir, quelle que soit leur appartenance religieuse (un musulman et un maronite sympathisent plus facilement à Miami qu’à Beyrouth), même si cette rencontre a lieu le plus souvent par hasard. Très individualistes, ils voyagent beaucoup d’un Etat à l’autre, changent fréquemment de job, si leur intérêt l’exige, comme le font, d’ailleurs la plupart des Américains. La “seconde génération”, née en exil, épouse en général des girls ou des boys du pays, balbutie à peine quelques mots d’arabe que la troisième génération oubliera complètement.
Ce qui ne veut pas dire que les émigrés ont tourné le dos au Liban à titre définitif. Les liens de famille (et de croyance!) empêchent la rupture totale avec un passé situé sur un coin de terre - la patrie libanaise - qui se trouve à quelque 9.000 km de leur domicile actuel. Les parents parlent assez fréquemment de ce pays lointain aux enfants qui en parleront eux-mêmes aux petits-enfants. De plus, les contacts se poursuivent activement d’un continent à l’autre, ce qui était beaucoup moins aisé au temps où il fallait un mois pour qu’une lettre arrive de Beyrouth à New York ou à Miami.
Quelques-uns des émigrés - mais ils sont de moins en moins nombreux - font construire au Liban la maison dont ils ont toujours rêvé, “dans la montagne”, pour y aller finir leurs vieux jours. D’autres soutiennent financièrement leurs familles restées là-bas. La religion constitue, elle aussi, nous l’avons déjà dit, une liaison précieuse, valorisante, de génération en génération. Il y a des églises (et des mosquées) pour les gens du Proche-Orient dans toutes les grandes villes américaines. A Miami, on trouve une église melkite, une autre maronite et les mêmes à Palm Beach. Il y a, de plus, une église orthodoxe, également de fondation libanaise, à Fort-Lauderdale. Tous ces lieux de culte sont très fréquentés. Et chacun est baptisé et se marie dans la religion de son choix.

La Floride, joyau du tourisme mondial, est, actuellement, en ordre d’importance, le quatrième Etat des USA après le Texas et la Californie et dont l’expansion économique dépassera, bientôt, celle de l’Etat de New York. Pour tous ceux qui rêvent de voyages lointains, de réussite outre-océan, la Floride ouvre des possibilités extraordinaires, à condition, que vous soyez le premier à donner le maximum de vous-même.


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