Saturnale


Par MARY  YAZBECK AZOURY

VOL A L'ARRACHE? CONNAISSEZ-VOUZ?
Le dernier exercice en vogue au Liban, c’est le “vol à l’arraché”, style Chicago 1920...
Jeudi dernier vers 11 heures du matin, rue Doumani - Achrafieh, perpendiculaire à Abdel-Wahab Al-Inglizi... un quartier résidentiel agrémenté de plusieurs luxueux restaurants. Une dame (A.B.) vient de sortir d’une pharmacie et se dirige vers une librairie quand, soudain, une moto la frôle et le conducteur essaie de lui arracher son sac qu’elle porte par hasard en bandoulière à la manière d’un facteur.
Elle tombe; il la traîne plusieurs mètres, n’arrive pas à emporter le sac et s’enfuit. Les passants abasourdis, n’ont pas le temps de réagir. Un œil au beurre noir au contact des graviers et pierres (d’un proche chantier en construction), des hématomes sur tout le corps, les genoux et les coudes en sang, la dame s’en tire, heureusement, sans fractures.
Même scénario deux jours plus tard, à la rue Ibrine, Mme M.S., présidente d’une association caritative, subit le même sort... Tout cela en plein jour, au su et au vu de passants, peu rapides pour intervenir. Celle-la a moins de chance! Elle subit plusieurs fractures!
Les dames portent plainte contre inconnus! Dans l’état où elles sont, inutile d’ajouter qu’elles ne peuvent ni décrire l’agresseur, ni donner le numéro d’immatriculation des motos! Conclusion: les préposés au poste de la gendarmerie leur souhaitent une bonne santé. (“Hamdella ala salametkon”).
Quant au ministère de l’Intérieur, on leur répond qu’il est impossible de doter chaque dame d’un garde de corps.

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SHOCKING
Un spectacle déshonorant à la télévision libanaise. On voit un prévenu, non encore jugé, mais bras et jambes ligotés, en train de descendre des escaliers; puis, remonter à la manière d’un animal. Pourtant, il est entouré d’une dizaine de gendarmes; pas moyens qu’il puisse fuir. Il porte sur la figure des traces de coups, des blessures au visage, visibles à distance.
Le prévenu est, semble-t-il, coupable d’un viol sur une fillette, alors qu’il était complètement soûl.
Il mérite, dit-on, bien plus que ce qu’il a enduré!
Mais est-ce normal dans un pays prétendûment civilisé, de lui ligoter les pieds et de le faire sautiller à la manière d’un animal? Ensuite, de l’exhiber sur les écrans de TV?
Coupable? Peut-être. Mais attendons le jugement! Où sont les droits de l’homme? Depuis quelque temps, nous voyons à la TV libanaise un tas de menus fretins, certains coupables de larcins, d’autres de délits plus graves. Mais on n’a pas le droit de les exhiber à la TV... ni dans les journaux, avant de les juger!
Qu’on exhibe les grands criminels et les voleurs, avant de s’attaquer à des gangs de quatre sous... en insistant sur les nationalités étrangères des prévenus.
De qui se moque-t-on?

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Y A-T-IL UNE EVOLUTION?
Pourquoi ce délai dans la présentation des lettres de créance du nouvel ambassadeur du Liban en France?
Arrivé depuis environ deux mois, à Paris, M. Raymond Baaklini n’a pas encore présenté ses lettres de créance au président Jacques Chirac. Il est vrai que celui-ci a eu un agenda très chargé, mais pas au point de ne pouvoir recevoir le représentant d’un pays plus qu’ami.
“Le Canard Enchaîné” de fin juin a fait état, sur cinq colonnes d’une demi-page, d’un “léger froid” entre le Liban et la France...
Les deux parties ont, énergiquement, démenti cela. Par personnes interposées, chaque pays a échangé des “serments d’amitié” (non d’amour) l’un envers l’autre.
Pourtant, la rapidité de la présentation des lettres de créance d’un ambassadeur est tributaire de l’amitié qui existe entre deux pays... A moins qu’il y ait une révolution dans l’un de ces pays.
 
 
À HASSAN II
“Un souvenir heureux est parfois sur terre plus vrai que le bonheur”
Il y a trente ans, jour pour jour, je revenais du Maroc où je venais de passer un séjour enchanteur, à l’occasion des festivités qui avaient marqué le 40ème anniversaire du roi Hassan II.
“Ces festivités ont revêtu un faste exceptionnel et selon la volonté de Hassan II, elles ne se répèteront plus.”
C’est ainsi que le reportage commençait...
J’ajoutais: “Mais tout Libanais a plus de raisons que quiconque de s’y plaire. Ici, le Maroc est une seconde patrie naturelle.
“En apprenant que j’étais Libanaise, pas un seul Marocain n’a failli de me rappeler avec le sourire: “Vous êtes chez vous ici. Nous sommes tout comme le Liban, le pays des Cèdres. Des liens profonds aussi nous unissent.
Le Maroc est, si l’on peut s’exprimer ainsi, le “gendre du Liban” de par le mariage du frère du roi Hassan II, Moulay Abdallah, avec la princesse Lamia, fille du grand patriote libanais, Riad Solh. 
Puis, je poursuivais:
(...) Le 40ème anniversaire de S.M. Hassan II fera date dans l’Histoire du pays, non pas tant à cause des réjouissances et festivités ayant marqué cet événement, mais en raison des mesures sociales prises en cette occasion.
On dit que “le souvenir est un poète
N’en fais pas un Historien...”
Mais, aujourd’hui, avec la disparition du roi Hassan II, les souvenirs deviennent une page d’Histoire!

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