Cette méthode ancienne reste très populaire parmi les minorités ethniques, comme celle de Zhuang, dans le sud de la Chine. Elle remonte au précédent millénaire et était considérée comme un rituel de passage à la vie d’adulte. On applique, d’abord, de la poudre de plantes sur le visage. Puis, la soigneuse prend les deux fils de lin, les tenant d’un côté par les dents et de l’autre par les doigts et les déplace, de haut en bas sur le visage, les oreilles et le cou.
Cette tradition antique était appelée “Kailian”, c’est-à-dire “ouverture du visage” et avait une signification: les jeunes filles pouvaient, alors, demander à une marieuse de leur trouver un époux.
Désormais, des femmes de tous âges fréquentent les salons de nettoyage du visage et, avec le temps, les cendres de plantes ont été remplacées par des poudres cosmétiques.
Cette activité est maintenant très rentable. L’investissement est minime et constitué d’instruments simples: du fil, de la poudre cosmétique et un petit tabouret. Autres avantages de cette méthode: elle est relaxante et améliore la circulation sanguine.
C’est une rue étroite, profonde et calme de Nanning. Ici, des dizaines de femmes d’âge mûr ou même avancé, s’affairent à nettoyer et embellir le visage de leurs clientes à l’aide de longs et fins fils de coton. Leur dextérité permet, ainsi, à des milliers de femmes de profiter d’une peau nette et saine.
 

Les fils passent et repassent  sur le visage, procurant une sensation  de bien-être à la cliente.	Le nettoyage se fait habituellement du front jusqu’au cou. Mais retirer l es poils entre les sourcils demande  un certain métier.
Mme Zeng Renying, 80 ans, épile la nuque d’une cliente.	Les professionnelles affichent une  grande dextérité. Les minces fils  naviguent facilement entre leurs doigts, ce qui ne s’apprend pas du jour au lendemain.

Après ce “Kailian”, les jeunes femmes ont demandé à se faire nettoyer ainsi la peau régulièrement. Le rituel fut alors rebaptisé “Xiulian” (nettoyage de peau).
Mme Zeng Renying, qui a plus de 80 ans, a passé plus de 60 années de sa vie à nettoyer la peau des autres et développé sa propre méthode. Elle a transmis son savoir à ses voisines et enseigné à de nombreuses étudiantes. Comme le nettoyage de peau est devenu un business rentable, elle n’affiche jamais l’allure d’une vieille artisane et participe aux concours avec ses élèves.
L’opération, nettoyage et épilation, prend environ quarante minutes. Il faut ajouter que ces soins permettent aussi d’améliorer la circulation sanguine, de relaxer les muscles, d’effacer les rides et de retarder le processus de vieillissement de la peau du visage. Après un tel entretien, la peau devient rose et douce. Les clientes affirment se sentir parfaitement bien, les pores du visage comme ouverts pour respirer l’air frais...
Autour de 9 heures, chaque matin, Mme Zeng arrive dans la rue, place ses tabourets et attend la clientèle. Elle travaille ainsi jusqu’au coucher du soleil. Son extraordinaire talent lui a apporté une large clientèle, dont bon nombre de jeunes filles branchées qui viennent spécialement la voir. Car, en plus, elle applique un tarif défiant toute concurrence: cinq yuans la séance. Une misère, comparé aux prix pratiqués dans les beaux quartiers. Les jours de grande affluence, Mme Zeng peut enchaîner dix séances et faire un bon bénéfice. Dans ce cas, elle apporte son repas sur place.
Ainsi, en dépit de l’ouverture de plusieurs salons de beauté première classe à Nanning, ces dernières années, la méthode traditionnelle n’est pas oubliée. Mieux, elle attire de plus en plus de clientes, fatiguées de l’ambiance des grands salons. Mme Zeng a de beaux jours devant elle...