Editorial


Par MELHEM KARAM 

A L'INSTAR DU KOSOVO
AVORTEMENT DE L'IMPLANTATION ET RETOUR DES REFUGIES A LEURS TERRES

Après le succès de Barak aux élections israéliennes et la fin des négociations de l’étape transitoire, en dépit du fait pour les Israéliens de n’avoir pas tenu leurs engagements consignés dans les accords d’Oslo et de Wye River et l’approche de la reprise des négociations devant discuter des questions principales ajournées: le sort des colonies, Jérusalem, les réfugiés et la souveraineté palestinienne, les prises de position célèbres de Barak étaient ses quatre “Non”.
Premièrement: Non au retour des réfugiés. Deuxièmement: Non à une armée arabe à l’ouest du Jourdain. Troisièmement: Non au démantèlement des colonies et à l’annexion de leurs terres équivalant à 52% du territoire de l’Etat hébreu. Quatrièmement: Non au retour aux frontières du 4 juin 1967. Il y a ajouté un cinquième “non”: Non au retour de Jérusalem à la souveraineté palestinienne, tout en la proclamant en tant que capitale éternelle d’Israël.
Il ne l’a pas cité ici, mais lors de sa visite en Amérique, pour dire que les Israéliens n’avaient pas inscrit à l’ordre du jour des négociations avec les Arabes la question des réfugiés, insinuant, toujours en Amérique, qu’elle sera discutée au sein des “multilatérales”. Autrement dit, les Etats du monde règleront le problème des réfugiés partant du fait que les “multilatérales” ne traitent pas du droit du retour, mais de la réhabilitation et de l’intégration dans les sociétés hôtes. Ce qui conduit à l’implantation, dans le cadre de la reprise des négociations.
Quant aux pourparlers sur la situation permanente, appelés à reprendre entre les Palestiniens et les Israéliens, malgré ce qu’ils comportent d’interventions dans la conjoncture arabe, ces pourparlers comportent bien des risques graves, surtout si la position arabe n’est pas coordonnée et cohérente. On ne peut décider du sort des réfugiés palestiniens au Liban, leur nombre s’élevant à 400.000, par des négociations entre l’Autorité palestinienne et israélienne, uniquement. L’Etat hôte, le Liban, a un rôle principal à jouer.
A cela s’ajoute le rôle des Syriens, étant donné le lien existant entre la situation des réfugiés dans les deux pays. Ce facteur a commencé à se manifester au Liban. Premièrement, la position officielle libanaise, rejetant l’implantation, est consacrée, constitutionnellement, à Taëf; les prises de position proclamées par tous les présidents le confirment. Deuxièmement, les prises de position populaires libanaises; les forces populaires, les partis et les hommes de religion rejettent le non retour des réfugiés palestiniens à leur patrie. Troisièmement, Les réfugiés palestiniens eux-mêmes s’opposent avec férocité aux tentatives entamées en 1948, en vue d’abolir leur identité nationale et leur affiliation palestinienne. De plus, ils considèrent l’implantation comme un danger pour les Palestiniens et les Libanais à la fois.
Où est donc le maillon perdu et où est la traduction des positions proclamées, prenant fait et cause pour l’intérêt supérieur arabe?
Les Palestiniens doivent s’employer à unifier leurs positions internes. C’est ce qu’a entrepris le Front démocratique, sous forme de dialogue unificateur de toutes les forces palestiniennes à l’intérieur et à l’extérieur, pour faire face aux échéances, aux négociations de la situation permanente et traiter les questions de la souveraineté, des réfugiés et de Jérusalem.
Ceci a besoin de deux faits: l’engagement des Palestiniens vis-à-vis de la souveraineté libanaise, tout en se soumettant à ses lois. Les Palestiniens du Liban prétendent s’y engager. En contrepartie, l’Autorité libanaise traite avec la présence palestinienne au Liban, en lui conférant les droits sociaux de l’homme et en l’aidant à résister aux pressions de l’implantation.
Cela signifie la préservation de la situation juridique des réfugiés, l’amélioration de leurs conditions de vie dans les camps et la pression commune sur l’UNRWA pour qu’elle leur offre les services convenables, tout en conservant son rôle, pour traduire l’engagement international vis-à-vis du drame des réfugiés jusqu’à leur retour.
Puis, de sauvegarder le camp, non en tant qu’îlot fermé, mais parce qu’il traduit la valeur du réfugié.
La solution réside dans la coordination entre les orientations arabes et l’unification de la position arabe, à l’effet de soutenir la cause des réfugiés palestiniens, conformément à la résolution 194 qui garantit leur droit au retour. En attendant, il faut traiter certaines questions pressantes sur les Palestiniens, de manière à renforcer et à appuyer leur rejet de tous les projets de l’implantation. Et en même temps, consolider la position du négociateur arabe, ce qui sert l’intérêt commun palestino-libanais.
La communauté internationale, spécialement l’Amérique, est concernée par l’élaboration d’une solution au retour des réfugiés à leurs terres, à l’instar de ce qui s’est passé au Kosovo.
Le mémorandum du Front démocratique comporte bien des positivismes. Il évalue les sacrifices élevés consentis par le Liban pour soutenir le peuple de Palestine et ses droits nationaux. De même, il considère que les risques israéliens qui menacent le Liban menacent, aussi, le peuple palestinien. C’est pourquoi, l’engagement palestinien et des camps de réfugiés au Liban vis-à-vis des obligations de la souveraineté, des dispositions de la loi et de l’ordre public, est un engagement stable, la sécurité des camps palestiniens faisant partie de la sécurité de l’ensemble des régions libanaises.
De même, il considère que le peuple palestinien au Liban place toutes ses possibilités au service d’un plan commun libano-palestinien pour mettre en échec les plans louches de l’implantation, visant à utiliser le Palestinien en vue de porter atteinte à l’intérêt national libanais.
Le front démocratique affirme son soutien à la Résistance au Liban et dit que le peuple palestinien considère que la résistance du peuple libanais à l’occupation de ses terres sous toutes les formes, surtout par la résistance armée, représente un appui véritable à la lutte nationale palestinienne sur la terre de Palestine. Et que le peuple palestinien ambitionne de raffermir ses relations fraternelles avec le peuple libanais et de sauvegarder son identité nationale.
A son avis, ceci nécessite la coordination des positions des parties libanaises et palestiniennes dans leur ensemble, de manière à servir l’intérêt commun.
Le front considère, à juste raison, que le soutien du peuple palestinien afin de proclamer la souveraineté de l’Etat de Palestine sur le territoire palestinien occupé suite à l’agression de 1967, y compris Jérusalem; la proclamation de la fin de l’étape transitoire; l’abolition de tous les engagements découlant de cette étape qui aliène la souveraineté nationale de l’Etat de Palestine ou la contredit; tout cela constitue une garantie principale pour la sauvegarde de l’identité nationale palestinienne, tout en réactivant la lutte du peuple palestinien, aux fins de consacrer son droit sacré au retour à ses terres, au sol de la patrie, en coupant la voie aux plans de l’exode et de l’implantation. 

Photo Melhem Karam


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