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Diplômé
de l’université de Harvard, spécialisé dans
la gestion des affaires, M. Najib Mikati a œuvré depuis 1988 dans
le domaine social. Ceci l’a poussé à s’intéresser
aux problèmes des gens et à améliorer leurs conditions
de vie et de travail.
En tant que ministre des Travaux publics et des Transports, il se préoccupe de servir les citoyens et, dans une plus large mesure, de contribuer à la réalisation du développement équilibré au niveau des différentes régions libanaises. De plus, il est acquis à l’idée qu’il faut empêcher le cumul des charges de ministre et de député, tout en prônant une coopération parfaite entre les trois pouvoirs. Il est d’avis que tout responsable est tenu de rendre compte de sa gestion de la chose publique, la réforme administrative étant une opération permanente non liée à un délai déterminé. En ce qui concerne la nouvelle loi électorale, il la conçoit juste et se prononce contre le découpage de Beyrouth qu’il préfère garder unifiée. |
POURQUOI LE RALENTISSEMENTDES TRAVAUX PUBLICS?
Interrogé sur les raisons du ralentissement des travaux publics
dont son ministère a la charge, M. Mikati précise: Il y a
plutôt un souci de réaliser les projets avec plus de minutie
et de perfection, selon un ordre des priorités.
Après le vote du projet de budget par la Chambre, ajoute-t-il,
nos équipes disposent d’une plus grande liberté d’action
et entreprendront les travaux de réfection et d’entretien du réseau
routier avec plus de célérité, en vue de réactiver
le cycle économique.
Où en sont les projets d’équipement et de développement
des régions défavorisées: le Akkar, Baalbeck-Hermel,
notamment, auxquels ont été affectés des crédits
de l’ordre de 150 milliards de livres?
Ce dossier m’intéresse au plus haut point et j’ai beaucoup profité
des erreurs du passé. Le développement équilibré
est un objectif national que nous devons atteindre, en application d’une
clause essentielle du document de l’entente, car cela raffermit l’unité
nationale et rapproche davantage l’Etat des administrés, à
travers des prestations destinées à améliorer leurs
conditions de vie et de travail.
QUID DE L’AUTOSTRADE ARABE?
A-t-on renoncé à l’autostrade arabe qui doit relier
la capitale à la frontière libano-syrienne?
Bien des questions me sont posées à propos de ce projet
vital dont la réalisation a été retardée faute
de financement. Le gouvernement effectue les contacts et démarches
afin d’assurer les crédits nécessaires à l’expropriation
des bien-fonds que traversera l’autostrade.
Si nous ne parvenons pas à obtenir les fonds permettant l’exécution
du projet dans son ensemble, nous procéderons par étapes,
à commencer par le tronçon de Sofar en cours de réalisation.
Cela prendra quelques années.
Et qu’en est-il de l’autostrade du Liban-Sud?
Pas de problèmes insurmontables de ce côté, les
travaux étant exécutés entre Jieh et le pont du sud
de Saïda.
Le projet de l’aéroport de Beyrouth serait-il affecté
par la politique d’austérité?
Pas du tout. Les travaux d’agrandissement de l’aérogare se poursuivent
et seront achevés au printemps de l’an 2000. Ce projet a une grande
importance économique et lorsqu’il sera terminé, il permettra
à notre aérodrome d’accueillir six millions de voyageurs
par an. Ce sera la façade à travers laquelle le Liban apparaîtra
au monde du IIIème millénaire. C’est pourquoi, la politique
d’austérité ne sera pas appliquée dans ce secteur.
POLITIQUE D’AUSTÉRITÉ
Les prévisions budgétaires du ministère dont
vous détenez le portefeuille, permettent-elles de répondre
aux exigences du programme établi?
Naturellement, elles permettent de couvrir les frais d’entretien du
réseau routier et de percement de nouvelles routes jugées
nécessaires, ceci pouvant contribuer à la réactivation
du cycle économique et des secteurs productifs.
Votre nom est souvent cité parmi les candidats au “club des
présidentiables sunnites”. Qu’en pensez-vous?
Je remercie les gens de leur confiance. En fait, mon unique souci est
de les servir dans le cadre de mes fonctions officielles. Le rêve
que je souhaite réaliser, consiste à relever le standing
de vie de mes concitoyens, en agissant de manière à leur
assurer les conditions leur permettant de disposer d’un foyer, d’envoyer
leurs enfants à l’école, de trouver un gagne-pain pour les
dissuader de s’expatrier, de les prémunir contre la maladie et de
leur assurer l’assurance-vieillesse.
Puis, je suis un homme croyant, acceptant tout ce que Dieu veut bien
m’offrir et je suis persuadé qu’Il ne me veut que le bien...
On fait état, ces temps-ci, d’une certaine prostration au
sein de la communauté sunnite. Est-ce exact?
La communauté sunnite a été, de tout temps, pionnière
au plan de l’entente et de l’unité nationale. Elle milite en faveur
du Liban et de ses justes causes; aussi, ne peut-elle être prostrée
à cause de l’exclusion d’un fonctionnaire, de la nomination d’un
autre ou d’une décision de quelque nature qu’elle soit. Peut-on
parler de prostration, lorsque le chef du gouvernement entretient les meilleurs
rapports avec le chef de l’Etat dans le cadre de la coopération
parfaite entre les pouvoirs?
Nous sommes pour l’entente et l’unique prostration qui pourrait affecter
notre communauté, proviendrait uniquement, d’un danger dont, à
Dieu ne plaise, le Liban serait menacé.
NON AU CUMUL DES CHARGES DE MINISTRE ET DE
DÉPUTÉ
Qu’en est-il des travaux de la commission économique dont
vous êtes membre?
Cette commission poursuit ses réunions hebdomadaires et s’occupe
des questions économiques dans le cadre de la tâche que lui
a attribuée le Conseil des ministres. Chaque samedi, nous nous réunissons
sous la présidence du chef du gouvernement, pour discuter des questions
économiques et déterminer les démarches que nous devons
entreprendre.
Jusqu’à présent, nous avons été au courant
de tout, ce qui nous a permis d’établir le budget de 1999 et de
réduire le déficit. Il nous reste un défi à
relever: établir le budget de l’année prochaine avec un déficit
réduit et appliquer le plan quinquennal de redressement financier.
Nous n’avons d’autre choix que de nous serrer la ceinture et d’augmenter
les recettes du Trésor.
Comment voyez-vous l’avenir du gouvernement et êtes-vous candidat
à la députation?
En ce qui concerne le premier volet de votre question, le gouvernement
restera tant qu’il jouira de la confiance de l’Assemblée nationale,
à l’ombre de notre système républicain, démocratique,
parlementaire.
Quant à la députation, j’y ai pensé au début
de mon accession au ministère. Cependant, mon travail dans le domaine
public, le suivi des projets, ainsi que les intérêts des citoyens,
m’ont convaincu de la nécessité de ne pas cumuler les charges
du ministère et de la députation. Ainsi, j’ai décidé
de ne plus y penser tant que je détiens un portefeuille ministériel.
OU EN EST LA RÉFORME ADMINISTRATIVE?
La réforme administrative s’est-elle arrêtée?
A-t-elle commencé au ministère des Transports et des Travaux
publics?
Je m’étonne du fait de lier la réforme administrative
à une période déterminée. C’est une opération
continue ayant pour but d’assurer le meilleur service aux citoyens et de
réduire les prix et taxes. Si elle s’arrête, l’administration
périclite et perd de son élan.
Depuis ma prise en charge des portefeuilles des Transports et des Travaux
publics, la réforme est en tête de mes préoccupations.
Je suis sur le point d’entreprendre des démarches devant contribuer
à améliorer le travail de mon ministère.
Que pensez-vous de la loi électorale à élaborer
et du découpage des circonscriptions?
Le système électoral doit viser une bonne représentation
des bases populaires et l’entente nationale dans le cadre de la coexistence.
Point n’est besoin de se prononcer sur le découpage des circonscriptions,
puisque la loi électorale sera juste et équitable, abstraction
faite des intérêts de toutes les parties.
Quant à Beyrouth, il est préférable de préserver
son unité.