La
tension caractérise toujours les rapports entre le Pouvoir et la
néo-opposition et a été exacerbée, cette semaine,
par les déclarations intempestives du leader du PSP. Cependant,
son principal allié, M. Rafic Hariri, après avoir jeté
de l’huile sur le feu, prédend “vouloir le succès du régime”
et lui tend la main! Il l’a confié au président de la Chambre
(notre photo) et devait être reçu le lendemain par le
chef de l’Etat, pour une nouvelle rencontre d’explication” en deux semaines.
(Photo Dalati-Nohra).
Nous avons écrit dans ces colonnes, la semaine dernière,
que la trêve observée par la néo-opposition, depuis
l’audience accordée à son chef de file, en l’occurrence M.
Rafic Hariri, par le chef de l’Etat, pourrait ne pas tenir longtemps; en
tout cas, qu’elle risquait d’être compromise dès le moment
où serait élaboré le projet de la nouvelle loi électorale.
Malheureusement, elle n’a pas tenu jusque-là. En effet, la polémique
a repris de plus belle durant le dernier week-end entre deux membres du
“Cabinet des 16” et M. Walid Joumblatt, principal allié de l’ancien
Premier ministre.
De fait, le ministre de l’Information a pris violemment à partie
le chef du PSP. Sans le citer nommément, il l’a qualifié
“d’hystérique”, l’accusant “de lancer des appels à la guerre
civile”.
Le leader druze a contre-attaqué, en reprochant au Pouvoir “de
traiter avec la lie de l’humanité”.
La tension a été exacerbée par des incidents qui
se sont produits à Ras el-Metn où se tenait une exposition
de travaux artisanaux, sous le patronage de l’épouse du chef de
l’Etat. Des portraits de Kamal et Walid Joumblatt ayant été
arrachés, des habitants pro-PSP de la localité sont intervenus
et ont demandé aux personnes présentes à l’exposition
de quitter les lieux; celle-ci devait être annulée, en définitive.
Mais l’incident a failli dégénérer sans l’intervention
rapide des forces de l’ordre. M. Joumblatt a dû entreprendre des
contacts auprès de ses partisans pour rétablir le calme et
éviter le pire...
Par ailleurs, dans une interview accordée à un journal
koweitien, “Al-Raï Al-Aam”, le ministre des Finances s’en est pris
à la néo-opposition. Disant “qu’elle n’admet pas qu’elle
n’est plus au pouvoir”, il l’accuse de viser par sa cabale contre le gouvernement
“à faire fuir les investisseurs”.
Puis, il a fait assumer aux précédents cabinets (haririens)
la responsabilité du déséquilibre monétaire
qui avait caractérisé la situation financière. “Cet
état de choses. a-t-il observé, ayant résulté
du fait pour le gouvernement d’avoir engagé des dépenses
élevées avant d’assurer les ressources susceptibles les couvrir”...
Dans une autre interview accordée, cette fois à un journal
local, le ministre des Finances révèle qu’en prenant en charge
ses fonctions ministérielles, il avait “pris possession de bureaux
vides où il n’y avait ni ordinateurs, ni dossiers... à l’exception
d’un contrat de location conclu entre le ministère des Finances
et la société “solidere”... De plus, aucun système
d’informatisa-tion pour l’archivage des formalités n’avait été
mis en place...”
Ces déclarations du ministre étaient une réplique
à celles que son prédécesseur avait faites au même
journal.
Rien ne va donc plus entre le Grand Sérail et ses détracteurs.
Tout indique que le climat déjà suffisamment tendu, ne cessera
de s’envenimer au fur et à mesure que l’on approchera du débat
autour de la nouvelle loi sur base de laquelle seront organisées
les législatives de l’an 2.000 |