SOLEIL D'ETE: GARE A SES CARESSES PERNICIEUSES!


Les peaux claires reviennent à la mode. On a, curieusement, tendance à l’ignorer au Liban. Bronzer, outrageusement, reste toujours le “must” de l’été. Par amour du soleil, besoin de changement, affirmation de soi ou snobisme? Qu’importe!
Dans un centre balnéaire privé ou sur une plage publique? On n’en a cure, pourvu qu’on soit dans l’air du temps!
C’est pour certains, l’occasion rêvée d’exhiber leur hâle, de se pavaner en maillot dernier cri, d’arborer des bijoux scintillants, coiffure et maquillage de mise!
Mais c’est, aussi, l’occasion cauchemardesque de gâcher ces petits plaisirs d’été: gare aux maladies de peau dues au soleil!


Par Lina Asfar
 


Allergie solaire apparaissant 
sous forme d’urticaire.

Dr Yahya Boustany, 
dermato-vénéréologue.

LE SOLEIL, AMI OU ENNEMI?
Le soleil, ami et ennemi, lame à double tranchant. Pris à petites doses, il remonte le moral, rehausse le teint, fixe le calcium sur les os et hâte la guérison de certaines maladies. Le psoriasis en est une. C’est une affection d’origine psychique qui occasionne des croûtes au niveau des coudes et des genoux.
Mais l’abus des caresses solaires expose la peau à de multiples risques. Très souvent, des taches blanches, rouges et marrons, ainsi que des ulcérations troublent l’harmonie d’un bronzage.
D’où proviennent-elles? Selon le Dr Yahya Boustany, dermatologue, elles sont dues à des maladies provoquées, visualisées (révélées) ou aggravées par le soleil.
Que de personnes ne voit-on rentrer de plage, rouges comme des écrevisses, la peau brûlée par les rayons UVB responsables des insolations!
Elles ont, toutefois, réussi à se débarrasser de cette blancheur “honteuse” qui jure en cette saison d’été! La douleur et la pelure ne représentent pour elles qu’un moindre mal. Elles ignorent, toutefois, les répercussions néfastes de cette petite coquetterie. Les brûlures du premier degré parsèmeront leur peau brune de taches marrons plus foncées et celles des deuxième et troisième degrés, de taches blanches indélébiles!
Alarmés, stressés, hurlant leur douleur, des patients arrivent en catastrophe chez leur dermatologue à la suite d’une exposition immodérée au soleil. Ils souffrent d’un urticaire caractérisé par un œdème généralisé, une sensation insupportable de brûlure et de grattage. C’est une urgence en dermatologie!
Les peaux sensibles peuvent, également, développer une autre forme d’allergie solaire: l’eczéma aigu. Elles se couvrent d’une nappe rouge, parsemée de petites vésicules remplies d’eau.
 


Une exposition solaire chez un patient sous
traitement médicamenteux pourrait occasionner
une telle photosensibilisation.

Eruption au niveau du visage (Lucites polymorphes) 
à la suite d’une exposition solaire.

PHOTOSENSIBILISATION AU SOLEIL
Cet astre incandescent qu’est le soleil ne se contente pas de causer des disgrâces dermatologiques mais, aussi, d’en visualiser bien d’autres.
Le maquillage demeure une parure indispensable pour certaines femmes, même à la plage. Ce petit péché mignon leur coûtera bien cher! Une fois appliqués et exposés au soleil, les produits cosmétiques parfumés marquent la peau de taches marrons inesthétiques.
Ce phénomène de photosensibilisation touche, également, les patients absorbant des médicaments pour le cœur, les varices, les infections urinaires, ainsi que certains tranquillisants (surtout de la famille du Largactil), les pilules contraceptives et les hormones, en général. Prévenus par leur médecin traitant, ils font souvent fi de ses recommandations, la tentation de bronzer étant bien plus forte!
Mais il ne faut pas confondre ces taches marrons avec celles dues à la pigmentation post-lésionnelle. En effet, toute lésion cutanée exposée au soleil revêterait une coloration similaire.
Le soleil met à nu tous nos défauts! Les troubles cutanés discrets en hiver s’exhibent, ostensiblement, sous son action. De fâcheuses taches blanches s’étalent sur un bronzage presque parfait. Représentant une dépigmentation post-lésionnelle, elles sont provoquées par une mycose appelée, communément, “champignon de plage”. Chez les enfants, ces mêmes décolorations seraient dues aux allergies ou aux infections par streptocoques et staphylocoques (bactéries).
Décidément, la liste est longue! Pour terminer, n’oublions pas le soleil en tant que facteur aggravant les acnés et d’autres maladies. Le Lupus erythémateux en est une. Il s’agit d’une affection grave, englobant le corps tout entier mais s’exprimant au niveau du visage sous forme de taches rouges accompagnées de croûtes et d’ulcérations.

BRONZER MODÉRÉMENT EN TOUTE SÉCURITÉ
Pour bronzer, sainement, il est indispensable de se départir de certaines idées préconçues, largement répandues. On pense souvent à tort que:
• les peaux brunies, grâce aux produits bronzants et aux autobronzants chimiques, sont protégées contre les rayons ultraviolets du soleil;
• les expositions répétées préservent des insolations;
• une ou deux applications quotidiennes d’écran solaire suffisent amplement.
Or, même les produits antisolaires portant un indice de protection très élevé, ne sont pas toujours efficaces. Et pour cause, l’intensité des rayons solaires au Liban ne correspond pas, nécessai-rement, à celle des pays où ces produits ont été fabriqués. De plus, la transpiration, les plongeons répétés et l’emploi de la serviette, les diluent ou amoindrissent leur effet. Il est donc recommandé de les appliquer plusieurs fois par jour, sans frotter, pour une meilleure action à la surface de la peau.
On ne le répètera jamais assez: évitez à tout prix le soleil de midi entre 11 et 16 heures. Outre les maladies mentionnées, vous vous exposez, à long terme, au vieillissement cutané précoce et au cancer de peau (voir encadrés). Pour les enfants, pas d’exposition recommandée avant l’âge de deux ans.
Si vous êtes à proximité de la piscine, soyez encore plus vigilants: par effet de réflexion, les rayons solaires gagnent en intensité. Des vérités bien connues mais, curieusement oubliées une fois l’été arrivé!
 

VIEILLISSEMENT PRECOCE DE LA PEAU
Les rayons ultraviolets A du soleil pénètrent profondément dans la peau. Leur excès la fripe et accélère son vieillissement. Les rides creusées par l’outrage des ans, se trouvent ainsi aggravées à la suite d’expositions prolongées au soleil.
Cet effet néfaste du soleil apparaît, malheureusement, sans crier gare, à partir d’un certain âge. Il est donc recommandé aux jeunes femmes, soucieuses de leur beauté, d’éviter le soleil à partir de l’âge de 30 ans! 
ECRAN SOLAIRE ET CANCER DE PEAU
Le “mélanome” est la forme la plus redoutable des cancers de peau. Une récente étude a mis en cause les UVA dans l’apparition de ces tumeurs. En France, les médecins en diagnostiquent environ 6.000 cas par an!
Les écrans solaires offrent une protection insuffisante contre ces affections cutanées. Des recherches sont en cours, afin de leur incorporer une défense chimique efficace. En attendant, prudence! 
LA PISCINE OU LA MER?
En marge des méfaits du soleil, on est en droit de se demander: où se baigner?
L’eau de mer est plus riche en oligo-éléments (cuivre, fer, fluor, zinc, iode...), ce qui la rend plus bénéfique pour la santé. Seul problème: la pollution de nos côtes, responsable des maladies infectieuses et digestives (typhoïde, salmonellose).
L’eau de piscine offre un peu plus de garantie de propreté grâce au chlore. Mais ce dernier occasionne, parfois, des allergies et des acnés. Autre risque: le trichonomas (lésion au niveau des organes génitaux) peut être contracté en piscine. 


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