LE DESARROI APRES L'HORREUR
Alors que le dernier bilan faisait état de 18.000 morts  et de 25.000 blessés, l’ONU craint que le séisme d’Izmit culmine à 40.000 morts! D’autant plus que 35.000 personnes seraient encore ensevelies sous les décombres.
Le tiers de la population turque vivait dans la zone affectée par le tremblement de terre. Cette estimation des autorités se fonde sur un décompte aérien des bâtiments détruits et sur une forme d’appel effectué, immeuble après immeuble et des informations recueillies dans chaque quartier auprès des rescapés. Dans la seule région de Gölcük, 10.000 personnes n’auraient ainsi pas été retrouvées! Les chances de dégager à temps nombre de victimes sont épuisées.

Les efforts déployés, selon les observateurs, sont insuffisants et dispersés en raison, semble-t-il, des milliers de bâtiments effondrés dans une région représentant les 30% du territoire turc et où vit un bon tiers de la population.
Plus de 2.000 secouristes, de 65 équipes internationales aidés de 120 chiens, se trouvent sur place et travaillent aux côtés des sauveteurs turcs. Tous sont à court d’engins lourds, de grues et d’appareils de levage. Contrairement à ce que l’on pense, la chaleur ambiante, 30ÞC., constitue un facteur positif. En période de froid, l’être humain est plus vulnérable.
L’OMS a précisé que les risques d’épidémie étaient présentement inexistants. En général, les catastrophes naturelles ne provoquent pas l’apparition de maladies qui ne seraient pas déjà présentes. Et l’OMS d’affirmer que la prise en charge des cadavres repose sur une idée fausse: à savoir qu’ils constituent un risque sanitaire s’ils ne sont pas immédiatement enterrés ou brûlés. En fait, note l’OMS, collecte, évacuation, enterrement  ou incinération, mobilisent des ressources importantes devant plutôt bénéficier aux survivants sous terre et aux blessés.
 

LES SECOURISTES SUR LE POINT DE PARTIR
A part quelques “miraculés” qui se comptent sur les doigts d’une main, les miracles se font de plus en plus rares et les équipes de sauvetage étrangères s’apprêtent à quitter les lieux. Ainsi, les secouristes japonais ont quitté Yalova et les Français devraient les suivre.
Les équipes allemandes opérant à Izmit auront regagné l’Allemagne, tandis que les Suisses ont arrêté les recherches. Les équipes britanniques et hollandaises se retireraient instamment...
Les efforts se concentreraient, désormais, sur les survivants, tandis que pelleteuses et bulldozers rasent les vestiges des bâtiments écroulés à cause du sinistre.
Le Premier ministre turc Ecevit a annoncé que le séisme avait détruit ou endommagé 60.000 immeubles dans le nord-ouest du pays. Il a souligné que la priorité était d’établir des conditions sanitaires décentes dans la région et de loger les sans-abri.
Le ministre de la Santé, Osman Durmus, cible des critiques unanimes, a assuré qu’aucun cas de maladies contagieuses n’avait été signalé et les responsables gouvernementaux, accablés par l’opinion pour l’inorganisation des secours, montent aux créneaux afin d’obtenir une coordination d’aide aux survivants.
 

POPULATION ET MÉDIAS ACCABLENT LE POUVOIR
C’est peut-être engendrer une polémique sur des décombres? N’empêche que l’Etat turc est littéralement cloué au pilori, pour sa faillite dans l’organisation des secours et son imprévoyance face à un phénomène, pourtant récurrent, dans une contrée à haute sismicité. La population livrée à elle-même dans les zones frappées par le séisme, ne cesse de dénoncer l’insuffisance de l’aide ou son arrivée tardive, exprimant un sentiment d’abandon! Dans certains hameaux de la province d’Izmit, la plus durement frappée, aucun secours n’était arrivé cinq jours après la catastrophe!
La presse analyse de long en large la faillite du système mettant en cause jusqu’à l’armée. “Ne démoralisez pas l’armée”, a répliqué sous forme d’avertissement le chef d’état-major Huseyin Kivrikioglu. Largement  incriminés, également, sont les promoteurs et constructeurs véreux ayant bâti à tour de bras avec du matériau inadéquat. Mais au-delà de la vénalité des entrepreneurs privés et de la corruption des fonctionnaires locaux - qui les ont laissé faire - c’est le manque de contrôle de l’Etat sur le secteur qui est mis en cause. Déjà, après le séisme d’Adana qui n’avait fait qu’une centaine de morts (!) l’année passée, une polémique avait éclaté sur les mêmes thèmes... Le gouvernement tente de limiter les dégâts, en faisant valoir que n’importe quel pays aurait été débordé devant l’ampleur d’une telle catastrophe. M. Ecevit a annoncé qu’un système d’inspection plus efficace dans “le bâtiment” serait mis en place et que des lourdes sanctions frapperaient le non-respect des règles de sécurité dans la construction.


L’étudiante omur kinay ne retrouvera
plus l’usage de ses jambes.
COMME UN MALHEUR NE VIENT JAMAIS SEUL...
Après le départ amorcé des secouristes n’ayant plus d’espoir de retrouver des rescapés, sous les décombres, des trombes d’eau se sont abattues sur le nord-ouest de la Turquie, accroissant la précarité des sans-abri, tandis que les secouristes pliaient bagage...
Ces fortes pluies ont accentué le spectacle de désolation et le désarroi des habitants entourés de destructions à perte de vue. Les autorités ont distribué de grands morceaux de plastique pour imperméabiliser les abris de fortune et 50.000 tentes devaient être plantées à travers la ville.
La polémique sur l’impéritie du gouvernement turc - débordé par les événements - a pris une nouvelle dimension avec les appels indignés à la démission du ministre de la Santé, Osman Durmus, auteur de déclarations contestées sur les secours étrangers et les besoins en aide de la Turquie. Selon les médias, le ministre aurait tenu des propos incongrus et qualifiés de xénophobes en déclinant les offres d’aide ou de sang, américaine, italienne, grecque, arménienne et autres...
Aussitôt à Ankara, l’influent MGK (Conseil national de Sécurité) qui réunit les plus hauts responsables civils et militaires, s’est réuni pour évaluer les opérations de secours, en coordonner la suite et atténuer, ainsi, la véhémence de la polémique.

LA RESPONSABILITÉ DU DÉSASTRE, À QUI INCOMBE-T-ELLE?
“La Turquie ne tire aucune leçon des désastres qu’elle connaît: 95% de sa population vit dans des zones sismiques actives”, rappelle l’Union turque des Chambres d’ingénieurs et d’architectes. Selon les experts, l’incurie et l’incompétence des administrations locales qui ne font pas appel à des personnes qualifiées, sont parmi les causes du désastre. Le comité municipal chargé de délivrer les permis de construire est souvent formé de l’épicier du coin ou du boucher! Comment tolère-t-on, au seuil du 3ème millénaire, un tel comportement? Les promoteurs sont, également, sur la sellette, dans les médias et dans la bouche des habitants qui abordent en exemples à donner le frisson!! Le fait est que si la région a été secouée par un séisme dévastateur, l’Etat turc ne l’est pas moins actuellement par les retombées du sinistre et sur de nombreux plans. Il faudra des mesures radicales de bien longue haleine pour y remédier et panser de la sorte des blessures, pour la plupart inguérissables!

EN EXCLUSIVITÉ:UN CAS TYPIQUE PARMI LES MIRACULÉS!
L’étudiante Omur Kinay, âgée de 20 ans, a été retirée vivante des décombres de son appartement à une quarantaine de kilomètres d’Istanbul plus de 6 heures après le séisme. Fiancée et sur le point de se marier, Omur ne retrouvera plus l’usage de ses jambes à cause de lésions graves à l’épine dorsale. Elle vivait depuis six ans dans cet appartement avec sa mère, laquelle n’a pas échappé à la mort.
Les images que l’on voit sont tragiquement actuelles!


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