SON BLOC N'EST PAS CONCERNE PAR LE PROCESSUS DE PAIX
ABDALLAH CASSIR: "LA RESISTANCE, UNE CARTE MAITRESSE
DONT DISPOSENT NOS NEGOCIATEURS POUR DEFENDRE LE DROIT ARABE"

Membre du bloc parlementaire de fidélité à la Résistance, M. Abdallah Cassir soutient que cette dernière “constitue une carte de poids dont disposent les négociateurs libanais et syriens pour défendre le droit arabe”.
Le parlementaire sudiste n’est pas tendre pour l’opposition “dont le discours politique, dit-il, n’est ni réaliste ni constructif, car il vise à affaiblir le gouvernement et non à améliorer les conditions de vie des citoyens, son slogan étant: Ote-toi de là pour que je m’y mette”.
A propos des rumeurs relatives à un remaniement du “Cabinet des 16”, il n’écarte pas une telle éventualité après la fusion de certains départements ministériels.
Quant à son principal grief contre l’équipe gouvernementale, il se ramène à un blâme pour le retard mis à l’élaboration de la nouvelle loi électorale.

LA POSITION ISRAÉLIENNE RESTE LA MÊME
Invité à commenter les nouvelles annonçant une reprise des négociations de paix et à faire des prévisions quant à l’étape future, M. Cassir constate que la vague d’optimisme ayant suivi l’accession d’Ehud Barak à la présidence du Conseil  en Israël, n’a pas tardé à faiblir dans une forte proportion, en raison des “non” proclamés par le successeur de Netanyahu.
La politique israélienne demeure attachée à des constantes rendant difficile l’aboutissement des négociations. C’est pourquoi, la Résistance ne doit pas être concernée par le processus de paix, d’autant qu’elle constitue une carte maîtresse dont disposent les négociateurs libanais et syriens pour défendre et récupérer le droit arabe.

La Résistance poursuivra donc ses opérations anti-israéliennes?
Certainement et tant que l’occupation israélienne persistera. Car il ne suffit pas de se rasseoir à la table des négociations pour parvenir à des résultats positifs et des solutions. Les Arabes se sont déjà assis à cette table depuis la conférence de Madrid en 1991, sans réussir à assouplir les positions de l’Etat hébreu.
Puis, il n’est pas logique d’arrêter les opérations contre Israël dès la reprise des négociations, car cela porterait préjudice aux intérêts de la partie arabe. Il ne faut donc pas parier sur la prochaine tournée de Mme Madeleine Albright et s’attendre à un assouplissement de la position israélienne.

GUERRE OUVERTE AVEC L’ÉTAT HÉBREU
Doit-on s’attendre à une escalade militaire au Liban-Sud après l’attentat contre un chef militaire de la Résis-tance?
Etant donné la nature belliciste de l’ennemi israélien, la guerre qui reste ouverte sur toutes les éventualités, dépend de facteurs concernant la partie israélienne et la Résistance. L’attentat perpétré contre le martyr Abou-Hassan Dib s’inscrit dans ce contexte.
Partant de là, la Résistance mène son combat sans répit et assène le plus de coups durs à l’occupant pour le contraindre à se retirer sans condition, comme l’exige la résolution 425 du Conseil de Sécurité.
Puis, nous devons rester vigilants, l’Israélien étant connu pour sa félonie et sa duplicité, faisant le contraire de ce qu’il dit ou promet. N’oublions pas qu’il nourrit des visées dans la région par rapport aux ressources hydrauliques, aux plans politique, économique et sécuritaire.

Vous semblez désespérer de la solution au conflit israélo-arabe?
Effectivement, car la solution ne sera pas juste, pour la simple raison que les conditions souvent rédhibitoires de l’Etat hébreu visent à lui valoir des acquis substantiels, spécialement dans les domaines économique et hydraulique, sans perdre de vue la normalisation de ses relations avec les pays arabes.
Nous ne sommes pas rassurés quant à la reprise des négociations, car Israël a des visées remontant loin dans le temps, portant surtout sur nos eaux, sans oublier le problème des réfugiés qu’il veut installer dans les pays d’accueil.

OÙ EN EST LA RÉFORME?
Comment jugez-vous la trêve, pour le moins précaire, observée entre le gouvernement et l’opposition?
Je crois que les tractations opposant le gouvernement à ses détracteurs, ne reposent pas sur une base logique et réaliste, mais sur des considérations d’ordre personnel.
L’opposition vise moins à servir le peuple et à défendre ses intérêts, qu’à affaiblir le “Cabinet des 16” en vue de le faire tomber pour prendre sa place.
En ce qui a trait à la réforme administra-tive, les opposants œuvrent aux fins d’empêcher l’ouver-ture d’anciens dossiers où sont impliqués des éléments ayant colla-boré avec les précé-dents Cabinets. Le pays tout entier paye les pots cassés et le peuple n’en tire aucun profit. Au contraire, ses conditions de vie et de travail ne cessent de se dégrader.

Approuvez-vous la réforme administra-tive entreprise par le Cabinet Hoss?
Tout en appuyant cette réforme, nous formulons certaines réserves, d’autant que le gouvernement a trébuché et son opération n’a pas été globale. Puis, il s’est laissé influencer par des pressions politiques, ce qui l’a amené à arrêter, espérons-le momentanément, l’opération de la réforme.

NI OPPOSANT, NI LOYALISTE
Dans quel camp vous classez-vous, dans celui des loyalistes ou des opposants?
Ni dans l’un ni dans l’autre, car nous n’agissons pas à l’aveuglette. Nous critiquons quand nous le jugeons nécessaire et apportons notre soutien au Pouvoir quand il le mérite. Il va sans dire que le régime a accompli des exploits dans le domaine des libertés, en abrogeant un décret interdisant les manifestations. De plus, il a ouvert bien des dossiers chauds, combat le gaspillage des fonds publics et la corruption.

Tout en appuyant le Pouvoir, vous n’avez pas accordé la confiance au “Cabinet des 16” et vous vous êtes abstenu lors du vote du projet de budget. Comment expliquez-vous cela?
Comme je l’ai déjà dit, nous ne sommes ni loyalistes, ni opposants. Nous avons avancé le nom du président Hoss lors des consultations présidentielles, tout en nous accordant un délai pour juger le gouvernement sur sa gestion de la chose publique.

Etes-vous pour un changement ou un remaniement ministériel?
A mon avis, ce sujet ne doit pas être posé au moment où le gouvernement fait l’objet de cabales de la part de l’opposition.
Il est possible qu’un remaniement intervienne après la fusion de certains départements ministériels, décidée au cours du dernier Conseil des ministres.

ASPECT POLITICO-JUDICIAIRE DE L’IMMUNITÉ
Quel est votre avis concernant la levée de l’immunité?
Cette question comprend deux volets: l’un politique et l’autre judiciaire. Nous désapprouvons la levée de l’immunité, si elle revêt un aspect politique et vise un député uniquement pour ses positions politiques opposées à celles du Pouvoir. Cependant, nous l’approuvons si elle a une portée judiciaire. Partant de là, nous affirmons que l’immunité couvrant un membre de l’Assemblée, ne doit pas constituer un obstacle face à la procédure concernant les dossiers de la corruption et du gaspillage des fonds publics.

L’accord de Taëf est remis sur le tapis et fait l’objet d’une campagne menée par l’Opposition contre le gouvernement. Qu’en pensez-vous?
Taëf est utilisé à des fins politiques, certains accusant d’autres de porter atteinte à l’accord qui y a été élaboré. Le fait de susciter des inquiétudes quant au sort de cet accord, figure dans le cadre des tractations entre l’opposition et le loyalisme. Je souhaite que notre optique sur Taëf soit loin des tractations politiques et que cet accord, dans son esprit et sa lettre, sauvegarde l’équilibre national.

QUID DE LA LOI ÉLECTORALE?
Votre avis est clair concernant la loi électorale. Pourquoi le gouvernement a-t-il tardé à élaborer une nouvelle loi?
Nous préconisons une loi basée sur la circonscription unique et l’élection à la proportionnelle. Nous ne pouvons réaliser d’un seul coup ce système idéal, la conjoncture locale n’y étant pas favorable. Ainsi, à l’étape actuelle, nous concevons une loi électorale basée sur des circonscriptions moyennes, c’est-à-dire que la circonscription soit plus grande que le caza et plus petite que le mohafazat. C’est la proposition la plus convenable à l’heure actuelle.
Le gouvernement a tardé à présenter la nouvelle loi, malgré les promesses faites par le Premier ministre au sujet de sa ratification un an avant les législatives. D’autant que tous les partis politiques ont soumis leurs propositions en ce sens.
On parle souvent d’adopter la loi en vigueur et d’opter pour le mohafazat en tant que circonscription électorale.
Rien n’est tranché jusqu’à maintenant, la question étant encore débattue en coulisses. Dans l’attente de l’élaboration de la loi et sa soumission à l’Assemblée nationale, notre attitude sera basée sur la proposition déjà mentionnée.

NOS RELATIONS AVEC “AMAL”
Comment qualifiez-vous votre relation avec le mouvement “Amal”. Y a-t-il entre vous une coordination au niveau électoral?
Notre relation avec le président Berri est bonne et basée sur la coopération pour nombre de questions. En principe, nous sommes en faveur d’une coopération sur base du respect de chaque partie et sa collaboration effective.

Qu’est-il advenu du retour des déplacés à certaines régions de la banlieue-sud?
Dans le passé, j’ai suivi ce dossier et rencontré les présidents de la République et du Conseil, le ministre des Déplacés et le président de la Caisse nationale des Déplacés. A travers notre action, nous avons pu établir une échelle de priorités. Nous avons réclamé le retour des déplacés à la banlieue-sud au cours de cette année ou la prochaine et non en 2001. Nous avons constaté la bienveillance des responsables à l’égard de cette question et un programme relatif au retour des déplacés sera établi.

Le gouvernement actuel se montre-t-il plus favorable que les précédents à l’égard des requêtes du Bloc de fidélité à la Résistance?
Le gouvernement actuel se montre compréhensif à l’égard des questions qui lui sont soumises. D’ailleurs, le discours d’investiture et la déclaration ministérielle traduisent l’intérêt que porte le régime aux problèmes socio-économiques. Cependant, sur le plan pratique, l’action du gouvernement est lente, les responsables alléguant souvent le manque de crédits. Les régions défavorisées ont besoin d’être assistées. Aussi, espérons-nous de la part des responsables une action plus rapide.

Propos recueillis par
HALA HUSSEINI

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