AYANT DEPASSE SON THEME CENTRAL
LE SOMMET DE MONCTON A TRAITE DE QUESTIONS POLITIQUES ET DES DROITS DE L'HOMME

Le Sommet de la francophonie, tenu du 3 au 5 septembre à Moncton (sud-est du Canada), initialement axé sur la jeunesse, a dépassé son thème central pour débattre de questions purement politiques et, plus précisément, des droits de l’homme. Prochain rendez-vous, à Beyrouth, en l’an 2001.
 
 


Au cours de la séance inaugurale, 
le président Lahoud est assis au 
second rang, derrière le président 
Chirac et M. Chrétien, Premier 
ministre du Canada.

M. Boutros Boutros-Ghali, secrétaire 
général, accueillant le président Lahoud.

VIVES REACTIONS DE CERTAINS PAYS D'AFRIQUE, CE "CONTINENT OUBLIE"
Tout le dispositif draconien de la sécurité n’aura pas été vain, puisque le VIIIème sommet de la francophonie a été confronté au problème de la participation de représentants de régimes africains non démocratiques.
Etonnant pour une petite ville paisible, rarement secouée par des manifestations ou autres émeutes du genre, Moncton a été prise d’assaut par plusieurs dizaines d’opposants africains qui criaient “Assassins, Assassins” face aux présidents du Togo, de la République démocratique du Congo, aux “présidents génocidiaires” du Burundi et de Rwanda. Et accusant le président du Cameroun d’avoir transformé son pays en un “pays à très haut risque”.
Dans un tract distribué en marge du Sommet, une coalition d’exilés burundais, rwandais et du Kivu (Est de la République démocratique du Congo) se déclaraient “indignés par l’attitude du gouvernement canadien qui a accordé des visas d’entrée à des criminels” et ont demandé au Premier ministre d’appliquer la loi canadienne en mettant fin à l’impunité des dirigeants du Rwanda et du Burundi, responsables des pires crimes de l’Histoire de la région des Grands lacs africains”.


Le château Moncton sur le “coude” du Peticodiac,

DROITS DE L'HOMME ET EXCLUSION D'ETATS
Le Premier ministre, Jean Chrétien, a admis dans son discours d’ouverture que le respect des droits de la personne n’était toujours “pas ancré” dans la francophonie et souhaité qu’une amélioration de la situation dans ce domaine constitue “le cœur” des travaux du Sommet de Moncton. Il a émis le souhait que la francophonie se dote d’une structure comparable à celle du Commonwealth, lui permettant d’exclure ou de suspendre certains pays.
La promotion des droits de l’Homme où “beaucoup reste à faire” a été évoquée dans le discours du secrétaire général de la francophonie, M. Boutros Boutros-Ghali qui a jugé nécessaire que les grandes valeurs de la démocratie, des droits de l’homme et de l’Etat de droit fondent l’action de l’organisation qui s’est donnée une vocation plus politique depuis le sommet de Hanoi, en 1997.
M. Chirac, lui, a proposé de mettre sur pied, sous l’autorité du secrétaire général, un “Observatoire de la démocratie”, “instrument efficace pour progresser”. Mais les trois jours de concertations n’ont, toutefois, pas abouti à donner une quelconque indication sur sa mise en œuvre, ni sur la prise de sanctions contre les pays coupables de violations démocratiques, afin d’éviter de “laisser les opprimés tomber dans l’isolement et l’oubli, livrés à eux-mêmes et à leurs bourreaux”, “car ce sont les populations les plus pauvres qui souffrent”, selon les termes de M. Boutros-Ghali.
 


Le président Chirac a rendu visite 
au président Lahoud dans la suite 
de son homologue libanais 
à l’hôtel “Beauséjour”.

Le chef de l’Etat arrivant au siège 
de la conférence.
 

RECOMMANDATIONS ET PLANS D'ACTION DU SOMMET
Sous le label de l’“exception culturelle”, le Sommet a adopté un plan d’action prévoyant d’adopter des positions communes, notamment en ce qui concerne les biens et services culturels, même audiovisuels, “reflet des identités nationales et régionales”. L’essentiel du “projet de déclarations” du Sommet se résume à “l’approfondissement des processus démocratiques, la promotion des droits de l’homme et le renforcement de l’Etat de droit”. Les Etats francophones se sont entendus pour favoriser l’émergence d’un large rassemblement pour appuyer leur diversité (face surtout à l’hégémonie des Etats-Unis), élaborer des positions communes sur ces questions et sensibiliser l’ensemble des partenaires non francophones à l’importance de la promotion de la diversité culturelle dans un contexte de mondialisa-tion.

LE PROCHAIN SOMMET, UN DEFI POUR LES LIBANAIS
Différence culturelle que les responsables francophones discuteront à Beyrouth où ils se sont donné rendez-vous en l’an 2001. “Le dialogue des cultures et des civilisations” sera le thème du prochain Sommet de la francophonie. Un défi de taille pour les Libanais qui seront confrontés à une préparation minutieuse de la rencontre tant au niveau de la consultation populaire que des détails et de la rigueur des dossiers étoffés et synthétiques.
Au niveau de la sécurité et de l’organisation logistique, sauront-ils sans établir de couvre-feu durant la durée du séjour des délégations et sans interdire la circulation en ville pour le passage des cortèges, pourront-ils offrir aux chefs d’Etat et de gouvernement ce visage démocratique et de respect des droits les plus élémentaires qu’ils tentent de faire régner sur la planète?
 

MONCTON ET LES LIBANAIS
Il est rare que les Libanais s’établissent dans cette petite ville du sud-est du Canada, lui préférant les grandes agglomérations où les colonies libanaises sont plus nombreuses (St-John au N.B ou Halifax, en Nouvelle-Ecosse). 

C’est, surtout, à l’université qu’on rencontre plusieurs étudiants de passage, ainsi que dans les hôpitaux où ils détiennent de très bons postes: Drs Georges Bahsali (endocrinologue), Clovis Eid (ophtalmologue), Antoine Salloum (neuro-chirurgien), Elie et Dolly Nasr, pionniers du centre d’oncologie de l’Hôpital G.L. Dumont. Employés de longue date ou propriétaires de petits commerces (Coiffure François Moawad, Imprimerie Mekarri…), c’est aussi dans le domaine de la restauration que les Libanais ont brillé. Les chawarma à la sauce Donair, de la famille Hajj, font le bonheur, au marché des fermiers, tous les samedis, d’un grand nombre de la population. Même une usine de pain, appartenant aux Timani, vend désormais, les pains “pita” (plus petit que notre traditionnel pain libanais). 

PRESENCE REMARQUEE DU PRESIDENT LAHOUD
Le président Lahoud était à l’honneur à ce VIIIème Sommet de la francophonie. Logé dans le même hôtel Beauséjour où ont eu lieu les séances de travail (les quatre autres étant situés dans un rayon d’un kilomètre et demi), il s’est retrouvé à la table d’honneur au déjeuner offert par le secrétaire général de la Francophonie, Boutros-Boutros Ghali, au Palais Crystal, le plus grand centre d’attraction de Moncton. Assis notamment aux côtés du président français Jacques Chirac (ainsi que du secrétaire-général de l’ONU, Kofi Annan; du Premier ministre canadien, Jean Chrétien et de la vice-présidente du Vietnam), les deux présidents ont pu dissiper les nuages qui semblaient affecter les relations franco-libanaises.
 

La Lituanie, la Slovénie et la République tchèque ont été admises comme observateurs, première étape vers l’adhésion; l’Albanie et la Macédoine comme membres associés, deuxième et dernière étape avant l’adhésion.

Le logo du Sommet de la francophonie a été créé à l’occasion du deuxième Sommet à Québec, en 1987. Les cinq arcs du cercle symbolisent l’harmonie et la collaboration entre les francophones. Ils reprennent les couleurs des drapeaux des Etats et gouvernements participant au Sommet.



DISCOURS INAUGURAL DU PRESIDENT EMILE LAHOUD
A la séance inaugurale, le vendredi 3 mai, après les discours des Premiers ministres du Canada, du Québec, du Nouveau-Brunswick et du président Chirac, le président Emile Lahoud fut le premier à prendre la parole. D’emblée, le chef de l’Etat a relevé l’émergence d’un nouvel ordre international désormais basé sur la souveraineté relative, la mondialisation, le devoir d’ingérence, la primauté des droits de l’homme sur la souveraineté des Etats et, surtout, sur la tendance à marginaliser les Nations Unies.
Il a appelé la communauté francophone à revitaliser l’ONU et à en appliquer ses décisions, comme “meilleur moyen de prévenir les conflits et de préserver la paix et la sécurité du monde” conformément au programme établi par son secrétaire général, Kofi Annan en 1997.
Citant en exemple le cas libanais, le président Lahoud a relevé la non-application des résolutions du Conseil de sécurité notamment la 425, adoptée en 1978, qui prévoit le retrait total et inconditionnel des forces israéliennes du territoire libanais. Son exécution qui ne laisse d’autre choix aux Libanais que de résister aux attaques israéliennes et “leurs exactions contre la population civile, en général, et les jeunes, en particulier: détention arbitraire, torture, déportation”.
Précisant, toutefois, que la paix globale au Proche-Orient exige “la reprise concomitante des divers volets des négociations de paix, sur la base des principes agréés à la Conférence de Madrid, en 1996; le retrait d’Israël de la totalité du Golan occupé jusqu’aux frontières du 4 juin 1967; la reconnaissance du droit du peuple palestinien à l’autodétermination et à la constitution de son Etat”.
Le président Lahoud a mis en garde contre les dangers de l’implantation des réfugiés palestiniens qu’il a qualifiée de “véritable bombe à retardement” et de l’erreur d’aborder cette question sous son seul angle humanitaire, en ignorant sa dimension politique. “Les 400.000 Palestiniens accueillis provisoirement par le Liban, conclut-il, restent une “responsabilité internationale”.
 

APPEL DE CHIRAC POUR UNE ETROITE CONCERTATION ETRE FRANCOPHONES DANS LE CADRE DE L'OMC
En prévision des négociations de l’Organisation mondiale du commerce, en novembre à Seattle (à l’Ouest des Etats-Unis), le président français Jacques Chirac a convié les Etats francophones à préparer cette rencontre dont les enjeux sont “considérables pour l’accès des pays en développement aux principaux marchés, pour la promotion des normes sociales, pour la protection de l’environnement, pour la sécurité des consommateurs, pour l’avenir de la diversité culturelle dans le monde”.  

APARTE CHIRAC-LAHOUD
Lors d’une rencontre, samedi après-midi, M.Chirac a réaffirmé l’appui de la France au Liban. En présence au début pour une heure de MM.Michel Murr, Naji Abi-Assi, Jan David Lévy, Jean-François Giraud et Mme Catherine Colona, les deux chefs d’Etat se sont attardés par la suite sur le processus de paix au Proche-Orient et les relations bilatérales libano-françaises. Après avoir chaleureusement remercié la France de sa sollicitude à l’égard du Liban, notamment lors de l’opération israélienne “Grappes de la colère” et de sa présence agissante au sein du comité international de surveillance du cessez-le-feu au Liban-Sud, le chef de l’Etat a exprimé son souhait de voir la France et d’une manière générale, l’Europe, s’impliquer dans les efforts de paix. Il a, également, insisté sur les périls qui découlent de tout projet d’implantation définitive au Liban des réfugiés. Les deux présidents sont tombés d’accord sur la nécessité de resserrer les liens solides, chaleureux et traditionnels entre les deux pays.
Sur le plan économique, M.Chirac a fait remarquer que le Liban n’avait usé, à ce jour, que d’une modeste partie des protocoles d’accord d’un montant global de 560 millions de francs. Aucune déclaration publique n’a suivi l’entretien.
 

EN MARGE DU SOMMET
L’AIMF (Association internationale des maires partiellement ou entièrement francophones) dont la dernière assemblée générale s’est tenue au printemps 1998 à Beyrouth, et présidée par Jean Tibéri, maire de Paris, s’est réunie au Québec les 2 et 3 septembre. 

200 maires et délégués municipaux y étaient présents. Opérateur direct des sommets des chefs d’Etat et de gouvernement francophones, fondée, en 1979, par le président Jacques Chirac, alors qu’il était maire de Paris et son homologue québécois Jean Pelletier, l’AIMF est constituée d’un réseau de 91 villes de 44 pays. En septembre, elle s’est agrandie de quatre nouveaux membres: Skopje (Macédoine), Alexandrie (Egypte), Parakou (Bénin) et Oyem (Gabon). Elle œuvre pour l’amélioration du niveau des habitants et la modernisation des services municipaux des agglomérations. 

BAIN DE FOULE AVEC LES EMIGRES
Venus d’un peu partout du Canada pour rencontrer leur président, en présence des journalistes, quelque 200 Libanais se sont retrouvés avec joie, au Centre de presse de l’Université de Moncton. Devant des représentants d’asso-ciations estudian-tines, culturelles… des dignitaires religieux chrétiens et musulmans et beaucoup d’émigrés en mal d’avenir, le président Lahoud a donné une note d’espoir: “Nous allons voler très haut”, a-t-il affirmé en rappelant la confiance internationale sans cesse croissante dans le Liban et les efforts pour restaurer la paix, profitant de l’occasion pour, encore une fois, exiger la reconnaissance du droit des réfugiés palestiniens au retour dans leurs foyers. Il a invité les émigrés, comme les résidents, à œuvrer pour le redressement national et les exilés politiques hostiles à la Syrie à retourner au pays, ajoutant toutefois que “ceux qui ont enfreint la loi doivent rendre compte de leurs faits”.

PROCHAIN SOMMET A BEYROUTH, EN 2001
C’est encore le président Lahoud, seul chef d’Etat à prononcer un deuxième discours qui à la séance de clôture du sommet a annoncé le thème du prochain sommet qui aura lieu en 2001 à Beyrouth: “Le dialogue des cultures”.
Après avoir fait état de la triple dimension humaine: universelle, particulière et singulière, il décrit la culture, comme un moyen terme “qui tend, par son dynamisme propre, à réaliser les valeurs universelles”… lesquelles ne peuvent “se concrétiser que par l’ouverture des cultures les unes aux autres, à travers le dialogue des cultures” qui pourrait être favorisé par la mondialisation des échanges et les nouvelles techno-logies de l’informa-tion. Malheureuse-ment, il n’en va pas nécessairement ainsi. La mondialisation peut, aussi, se traduire par l’homogénéisation culturelle et l’expansion de la pensée unique, provoquant, par réaction, des replis identitaires et des crispations politiques”.  Fixer les règles des échanges culturels mondiaux devrait être l’objectif prioritaire de la francophonie.
Après avoir passé en revue la situation géographique et historique du Liban, ainsi que les composantes de sa conjoncture socio-politique, le chef de l’Etat a invité les francophones sur la scène internationale à “intensifier les expériences engagées avec la Ligue arabe, le Commonwealth, les russophones et les hispanophones”, en proposant le Liban comme “lieu de dialogue entre ces organisations… Dialogue facilité par la paix juste et globale qui, nous l’espérons, aura été établie d’ici là”.
Et de rappeler les conditions de cette paix: retrait inconditionnel des forces israéliennes, du Liban et du Golan, reconnaissance du droit à l’autodétermination du peuple palestinien et règlement juste et équitable du problème des réfugiés et du danger de tout projet de leur implantation au Liban..
 

QU'EST-CE QUE LE SOMMET DE LA FRANCOPHONIE?
Ce qu’on appelle, à proprement parler le Sommet de la francophonie, c’est la réunion durant trois jours, à huis clos, des chefs d’Etat et de gouvernement qui discutent des grands enjeux de l’heure, prennent des décisions et adoptent des stratégies en prévision des besoins imminents et à venir de la communauté francophone internationale. 

Mais la francophonie se compose, aussi, de plus de 200 organismes répartis dans bien des secteurs. Parmi eux, des opérateurs dont le rôle est d’appliquer les stratégies et lignes directrices adoptées lors des conférences des chefs d’Etat et de gouvernement. Préalablement, des organisations internationales non gouvernementales se chargent d’orienter les activités de coopération entre les 52 Etats membres. Les mesures effectives reviennent aux instances décisionnelles qui sont la Conférence ministérielle de la francophonie et le Conseil permanent de la francophonie.  A titre d’exemple, la création en 1996 du CIDIF, Centre international pour le développement de l’inforoute en français (Edmuston au nord du N.B.) qui représente la plus importante source d’information sur le développement de l’internet et des technologies connexes dans les 52 Etats de la francophonie. Le CIDIF, est d’ailleurs, sollicité à Beyrouth même pour les cours de formation à distance.
En outre, selon les activités organisées par le pays hôte, la population peut jouer un rôle d’opinion et de consultation comme ce fut le cas notamment dans le cadre des tables rondes jeunesse qui ont eu lieu au cours des derniers mois au Nouveau-Brunswick. La participation populaire s’est manifestée dans plusieurs activités (voir le premier volet de notre dossier “En route vers le Sommet”. Citons pour rappel: le programme “Une école. Un pays” (jumelage d’écoles) ou le concours “Jeunes pages du Canada”(projet pan-canadien de sélection de 52 jeunes accompagnateurs). 



Au nom du chef de l’Etat, M. Michel Murr
a reçu la clé du “Village de la Francophonie”.



L'UNIVERSITE DE MONCTON: DESTINATION DE BEAUCOUP DE LIBANAIS

Lors de la transmission des comptes-rendus par les médias, les spectateurs libanais ont dû voir souvent ces grands espaces verts. En fait, il s’agit du campus de l’Université de Moncton, la plus grande université canadienne, entièrement de langue française, à l’extérieur du Québec.

Beaucoup de jeunes Libanais la fréquentent, surtout qu’elle offre de nombreux programmes d’échanges et ententes institutionnelles dans presque toute la francophonie internationale. Très cosmopolite, elle propose une cinquantaine de disciplines et une trentaine de centres de recherche, instituts et chaires d’étude. C’est surtout la première université au monde à offrir un programme menant à un diplôme en “common law” en langue française. Sa maîtrise en administration des affaires est célèbre, puisque (seule université au Canada), elle propose aux étudiants étrangers une alternance de sessions d’études et de stages rémunérés en entreprise. L’Université de Moncton est, aussi, une des rares universités au monde à offrir en français un diplôme d’études supérieures en technologies de pointe de l’information: langages de programmation avancés, conception et développement de logiciels, systèmes et réseaux de communication, bases de données, multimédia et technologies de l’inforoute...



TABLE-RONDE SUR LE DIALOGUE DES CULTURES

Rappelons que la thématique principale de ce VIIIème Sommet étant la jeunesse, le gouvernement du NB a organisé une série de six tables rondes jeunesse autour de différentes questions concernant les jeunes, parmi elles justement une sur le dialogue des cultures.

Nous livrons à nos lecteurs l’essentiel de la réflexion que ce thème porteur a suscité auprès des participants à Miramichi (Nouveau Brunswick) du 19 au 21 février 1999, d’autant plus que d’ici à l’an 2001, ce sujet les concerne directement. La nécessité de se pencher sur le dialogue des cultures se caractérise par une situation paradoxale : d’un côté des forces constructives et de l’autre, des problèmes aigus. On voit se produire d’importantes manifestations du racisme, de nationalismes étroits, de phénomènes de domination culturelle entre peuples, des manifestations d’intolérance un peu partout sur la planète, que vient exacerber le processus de mondialisation de l’économie, à l’origine de grandes inégalités socio-économiques et culturelles. Mais, parallèlement on assiste à de grandes conquêtes en matière de droits de la personne et des peuples. On assiste par exemple à l’émergence d’une nouvelle conscience planétaire, à une meilleure organisation de la société civile, à l’engagement de la jeunesse mondiale, au développement de législations locales et internationales au service d’un monde de paix et de respect de la dignité humaine. Pour comprendre l’origine des problèmes de la culture, il faut se rappeler que l’identité de la personne est multiple (appartenance, âge, localité, religion, sexe, etc) et les cultures plurielles. Chaque personne vit sa culture de façon personnelle tout en faisant partie d’une diversité de cultures à l’intérieur de sa société. Un lien étroit existe entre culture et identité culturelle. Cette dernière est liée à un sentiment d’appartenance à un groupe et se définit dans le rapport à l’autre par l’interaction, l’échange, la confrontation et même les conflits. Ceux-là, perçus comme une rencontre d’intérêts, de sentiments, de préférences ou de finalités contraires, font partie de la nature même de l’interaction humaine. Cela ne signifie pas pour autant que la seule façon d’y faire face soit à travers la domination. Il est possible d’arriver à concilier les forces en opposition sans violence car les cultures sont dynamiques, elles évoluent. Une éducation au dialogue des cultures est donc possible et peut faire évoluer les mentalités vers une culture de la paix. Le dialogue des cultures, la culture de paix à laquelle nous invite l’UNESCO se présente comme un instrument au service de la communication, de la compréhension mutuelle et de la résolution pacifique de conflits. Il constitue un guide pour l’action personnelle et collective parallèle aux changements politiques et économiques nécessaires à l’élimination des inégalités sociales et culturelles, sources de tensions, de violence et de domination. Mais pour se réaliser le dialogue des cultures a besoin de certaines conditions: - Acquisition de compétences socioculturelles, sur les plans intrapersonnel, interpersonnel et social, nécessaires au dialogue - Développement d’une conscience planétaire et du sens de l’engagement responsable et solidaire. - Prise de conscience critique de la globalité de la réalité avec ses problèmes sociaux et ses richesses - Engagement social visant à éliminer les injustices.

Après avoir passé en revue la situation géographique et historique du Liban, ainsi que les composantes de sa conjoncture socio-politique, le chef de l’Etat a invité les francophones sur la scène internationale à “intensifier les expériences engagées avec la Ligue arabe, le Commonwealth, les russophones et les hispanophones”, en proposant le Liban comme “lieu de dialogue entre ces organisations… Dialogue facilité par la paix juste et globale qui, nous l’espérons, aura été établie d’ici là”. Et de rappeler les conditions de cette paix: retrait inconditionnel des forces israéliennes, du Liban et du Golan, reconnaissance du droit à l’autodétermination du peuple palestinien et règlement juste et équitable du problème des réfugiés et du danger de tout projet de leur implantation au Liban..




PAR GISELE EID



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