Le général Lahad: L’annonce du retrait
a semé la panique parmi ses effectifs.
Cette annonce a inquiété le chef de l’Armée du
Liban-Sud, Antoine Lahad et semé la panique parmi ses effectifs
qui ne se sont pas livrés aux autorités libanaises, comme
plusieurs de leurs camarades.
Le général Lahad pense que la future étape pourrait
connaître bien des surprises, non seulement au plan politique, mais
militaire, aussi, dans la région méridionale. Aussi, s’interroge-t-il
sur le sort qui lui sera réservé avec ses hommes. Pour en
avoir le cœur net, il s’est rendu, récemment, à Tel-Aviv,
sur le conseil d’officiers israéliens ayant servi dans le cordon
frontalier et ont demandé à Barak de tranquilliser le chef
et les membres de l’ALS quant à leur avenir. Surtout si le retrait
israélien devait intervenir, unilatéralement, sans accord
préalable sur les arrangements de sécurité.
On fait état, à présent, d’un repli de l’ALS de Hasbaya,
après Jezzine, en direction de Marjeyoun avant la fin de l’année
courante. Ceci donne l’impression aux observateurs que l’ALS se replie
sous les coups de butoir de la Résistance libanaise, au terme de
vingt-deux années de service actif durant lesquelles elle a exécuté
les ordres du commandement militaire de l’Etat hébreu.
![]() Après Jezzine, un prochain retrait de Hasbaya? |
![]() Le gouvernement libanais est intraitable envers les “collaborateurs”. |
LE DÉBUT DE LA FIN
Ainsi, l’ALS s’achemine vers la fin de son parcours. Qu’adviendra-t-il
de ses effectifs. Seront-ils inclus dans l’Armée libanaise, à
l’instar des miliciens ayant pris part à la guerre, après
la proclamation de l’accord de Taëf?
Selon des sources renseignées, le Liban ne permettra pas au négociateur
israélien de soulever le cas des “collaborateurs” (les membres de
l’ALS) qui concerne Israël seul, les autorités libanaises se
montrant intraitables envers les citoyens ayant soutenu le “projet sioniste”
aux dépens des intérêts supérieurs de la patrie.
En prévision de ces négociations, Israël envisage d’aménager
une colonie à proximité de la frontière, où
les effectifs de l’ALS et les membres de leurs familles seraient logés,
s’il ne parvenait pas à leur obtenir des visas pour s’installer
au Canada, en Australie, aux Etats-Unis ou dans d’autres pays.
L’Etat hébreu qui avait créé le “cordon frontalier”
en 1976, avait nommé le général Saad Haddad à
la tête de l’ALS, suite à la première invasion du Liban
en 1978.
En 1982 et après la nouvelle invasion qui mena l’armée israélienne
jusqu’à Beyrouth, l’ALS était retirée jusqu’au cordon
frontalier et en 1985, le général Lahad a succédé
à Haddad après son décès.
ILS NE SONT PLUS QU’UN MILLIER
Le gouvernement et le commandement militaire israéliens ont équipé
l’ALS en armes modernes et leur ont assuré des conditions de vie
et de travail leur permettant de subvenir aux besoins de leurs familles.
De 3.000 membres, il y a quelques années, ses effectifs n’excèdent
plus aujourd’hui le millier. L’ALS dispose d’une station radiophonique
- la “Voix du Sud” - et d’une station de télévision - la
“Télévision du Proche-Orient” - mobilisées durant
plus de dix ans pour promouvoir le “projet israélien” au plan médiatique.
L’ALS a étendu le champ de ses opérations sur le terrain
aux villages libérés du Sud depuis 1977, ce qui lui a valu
plus de mille tués et blessés, suite à des affrontements
avec la Résistance.
Depuis son retrait de Jezzine, plus de cent de ses membres se sont livrés
aux autorités libanaises, le tribunal militaire leur ayant infligé
des peines de prison allant d’un mois à dix ans, sous l’inculpation
de “collaboration avec l’ennemi”.
![]() Chirac: La France appelée à jouer un rôle actif dans la relance des négociations. |
![]() Barak: Le retrait de Tsahal du Sud avant juillet 2000. |
![]() Chareh: Pour Damas, les négociations doivent reprendre à partir du point où elles se sont arrêtées. |
EFFORTS DIPLOMATIQUES
POUR DÉBLOQUER LES VOLETS SYRIEN
ET LIBANAIS DES NÉGOCIATIONS AVEC ISRAËL
Par ailleurs, Israéliens et Syriens ont entrepris, ces derniers
jours, une série de contacts auprès des capitales occidentales,
en vue d’expliquer leur point de vue respectif par rapport au processus
de paix.
Le Premier ministre israélien, Ehud Barak, qui a entamé à
Berlin une tournée européenne, a lancé un appel à
la Syrie, l’invitant à signer ce qu’il qualifie de “la paix des
braves”, considérant qu’il est temps de mettre fin à la guerre
et à l’effusion du sang.
De son côté, le chef de la diplomatie israélienne,
David Lévy, considère que “la paix doit être globale”.
“Nous aimerions savoir, affirme-t-il, comment la Syrie compte réaliser
cette paix et sur quelles bases?” Pour Shlomo ben Ami, ministre de la Sécurité
intérieure, son pays “cherche à obtenir l’appui des nations
européennes, afin de relancer le processus de paix avec la Syrie,
bloqué depuis 1996. Nous essayons, ajoute-t-il, de trouver une formule
qui montre que la réalisation de la paix avec la Syrie est notre
but stratégique.”
Le dossier israélo-syrien est donc un objectif prioritaire et figure
en bonne place dans la tournée européenne de Barak, surtout
à Paris où il sera reçu par le président Chirac.
Peu de jours auparavant, le chef de l’Etat français avait reçu
le chef de la diplomatie syrienne, Farouk el-Chareh qui lui a transmis
un message du président Hafez Assad.
La capitale française est donc appelée à jouer un
rôle actif au niveau de la relance des dossiers syro-israélien
et libano-israélien. La phase présente consiste à
délimiter les contours de cette reprise, à définir
les positions d’une part et, d’autre part, à être fixés
sur les chances d’un redémarrage des pourparlers.
ARRANGEMENT “DOULOUREUX” AU GOLAN?
Dans une déclaration au quotidien français “Le Monde”, M.
Barak devait affirmer que, “par rapport au Golan, il nous faudra accepter
un “arrangement douloureux”.
Mais il réaffirmait ses positions immuables: “Jérusalem unifiée,
demeurera la capitale éternelle d’Israël”, avant d’affirmer:
Pas de retour aux frontières de 1967, pas de démantèlement
des colonies”...
La Syrie a répondu aux positions israéliennes en précisant
qu’elle ne réclamait rien de plus que la reprise des négociations
à partir du point où elles se sont arrêtées,
Damas et Beyrouth demandant la récupération des terres occupées
et la mise en application du principe de “la terre en échange de
la paix”.
A travers le commentateur politique de sa radio officielle, Damas accuse
le gouvernement de Barak de chercher à dissocier les deux volets
libanais et syrien, en faisant pression sur le gouvernement libanais pour
lui arracher un accord.
Ces tiraillements sont, peut-être, annonciateurs d’une prochaine
reprise des négociations, entre Syriens et Israéliens.
A New York, le dossier du Proche-Orient figure en bonne place dans le cadre
de l’Assemblée générale annuelle de l’ONU. Le chef
de la diplomatie égyptienne se dit optimiste.
“Il y a, soutient-il, un mouvement dans le processus de paix et la situation
aujourd’hui est différente de ce qu’elle était il y a un
an. Ceci va-t-il aboutir à une relance positive de tous les dossiers
et à une action rapide? C’est ce que nous espérons. Il faut
continuer à frapper le fer tant qu’il est chaud et ne jamais perdre
espoir.”