QU'ADVIENDRA-T-IL DE L'ALS APRES LE RETRAIT ISRAELIEN DU SUD?
LAHAD INQUIET SUR LE SORT DE SES MILICIENS

A l’ombre des développements de la conjoncture régionale et suite à la tournée effectuée dernièrement par le secrétaire d’Etat US au Proche-Orient, qui a laissé prévoir une relance du processus de paix sur tous les volets, Ehud Barak, Premier ministre israélien, a fixé à juillet de l’an 2000 le retrait de “Tsahal” du Liban-Sud jusqu’aux frontières du Liban internationalement reconnues.
 


Le général Lahad: L’annonce du retrait
a semé la panique parmi ses effectifs.

Cette annonce a inquiété le chef de l’Armée du Liban-Sud, Antoine Lahad et semé la panique parmi ses effectifs qui ne se sont pas livrés aux autorités libanaises, comme plusieurs de leurs camarades.
Le général Lahad pense que la future étape pourrait connaître bien des surprises, non seulement au plan politique, mais militaire, aussi, dans la région méridionale. Aussi, s’interroge-t-il sur le sort qui lui sera réservé avec ses hommes. Pour en avoir le cœur net, il s’est rendu, récemment, à Tel-Aviv, sur le conseil d’officiers israéliens ayant servi dans le cordon frontalier et ont demandé à Barak de tranquilliser le chef et les membres de l’ALS quant à leur avenir. Surtout si le retrait israélien devait intervenir, unilatéralement, sans accord préalable sur les arrangements de sécurité.
On fait état, à présent, d’un repli de l’ALS de Hasbaya, après Jezzine, en direction de Marjeyoun avant la fin de l’année courante. Ceci donne l’impression aux observateurs que l’ALS se replie sous les coups de butoir de la Résistance libanaise, au terme de vingt-deux années de service actif durant lesquelles elle a exécuté les ordres du commandement militaire de l’Etat hébreu.
 


Après Jezzine, 
un prochain retrait de Hasbaya?

Le gouvernement libanais est intraitable
envers les “collaborateurs”.

 
LE DÉBUT DE LA FIN
Ainsi, l’ALS s’achemine vers la fin de son parcours. Qu’adviendra-t-il de ses effectifs. Seront-ils inclus dans l’Armée libanaise, à l’instar des miliciens ayant pris part à la guerre, après la proclamation de l’accord de Taëf?
Selon des sources renseignées, le Liban ne permettra pas au négociateur israélien de soulever le cas des “collaborateurs” (les membres de l’ALS) qui concerne Israël seul, les autorités libanaises se montrant intraitables envers les citoyens ayant soutenu le “projet sioniste” aux dépens des intérêts supérieurs de la patrie.
En prévision de ces négociations, Israël envisage d’aménager une colonie à proximité de la frontière, où les effectifs de l’ALS et les membres de leurs familles seraient logés, s’il ne parvenait pas à leur obtenir des visas pour s’installer au Canada, en Australie, aux Etats-Unis ou dans d’autres pays.
L’Etat hébreu qui avait créé le “cordon frontalier” en 1976, avait nommé le général Saad Haddad à la tête de l’ALS, suite à la première invasion du Liban en 1978.
En 1982 et après la nouvelle invasion qui mena l’armée israélienne jusqu’à Beyrouth, l’ALS était retirée jusqu’au cordon frontalier et en 1985, le général Lahad a succédé à Haddad après son décès.

ILS NE SONT PLUS QU’UN MILLIER
Le gouvernement et le commandement militaire israéliens ont équipé l’ALS en armes modernes et leur ont assuré des conditions de vie et de travail leur permettant de subvenir aux besoins de leurs familles.
De 3.000 membres, il y a quelques années, ses effectifs n’excèdent plus aujourd’hui le millier. L’ALS dispose d’une station radiophonique - la “Voix du Sud” - et d’une station de télévision - la “Télévision du Proche-Orient” - mobilisées durant plus de dix ans pour promouvoir le “projet israélien” au plan médiatique.
L’ALS a étendu le champ de ses opérations sur le terrain aux villages libérés du Sud depuis 1977, ce qui lui a valu plus de mille tués et blessés, suite à des affrontements avec la Résistance.
Depuis son retrait de Jezzine, plus de cent de ses membres se sont livrés aux autorités libanaises, le tribunal militaire leur ayant infligé des peines de prison allant d’un mois à dix ans, sous l’inculpation de “collaboration avec l’ennemi”.
 


Chirac: La France appelée à jouer 
un rôle actif dans la relance des 
négociations.

Barak: Le retrait de Tsahal 
du Sud avant juillet 2000.
 

Chareh: Pour Damas, les négociations
doivent reprendre à partir du point
où elles se sont arrêtées.

 
EFFORTS DIPLOMATIQUES
POUR DÉBLOQUER LES VOLETS SYRIEN
ET LIBANAIS DES NÉGOCIATIONS AVEC ISRAËL
Par ailleurs, Israéliens et Syriens ont entrepris, ces derniers jours, une série de contacts auprès des capitales occidentales, en vue d’expliquer leur point de vue respectif par rapport au processus de paix.
Le Premier ministre israélien, Ehud Barak, qui a entamé à Berlin une tournée européenne, a lancé un appel à la Syrie, l’invitant à signer ce qu’il qualifie de “la paix des braves”, considérant qu’il est temps de mettre fin à la guerre et à l’effusion du sang.
De son côté, le chef de la diplomatie israélienne, David Lévy, considère que “la paix doit être globale”. “Nous aimerions savoir, affirme-t-il, comment la Syrie compte réaliser cette paix et sur quelles bases?” Pour Shlomo ben Ami, ministre de la Sécurité intérieure, son pays “cherche à obtenir l’appui des nations européennes, afin de relancer le processus de paix avec la Syrie, bloqué depuis 1996. Nous essayons, ajoute-t-il, de trouver une formule qui montre que la réalisation de la paix avec la Syrie est notre but stratégique.”
Le dossier israélo-syrien est donc un objectif prioritaire et figure en bonne place dans la tournée européenne de Barak, surtout à Paris où il sera reçu par le président Chirac.
Peu de jours auparavant, le chef de l’Etat français avait reçu le chef de la diplomatie syrienne, Farouk el-Chareh qui lui a transmis un message du président Hafez Assad.
La capitale française est donc appelée à jouer un rôle actif au niveau de la relance des dossiers syro-israélien et libano-israélien. La phase présente consiste à délimiter les contours de cette reprise, à définir les positions d’une part et, d’autre part, à être fixés sur les chances d’un redémarrage des pourparlers.

ARRANGEMENT “DOULOUREUX” AU GOLAN?
Dans une déclaration au quotidien français “Le Monde”, M. Barak devait affirmer que, “par rapport au Golan, il nous faudra accepter un “arrangement douloureux”.
Mais il réaffirmait ses positions immuables: “Jérusalem unifiée, demeurera la capitale éternelle d’Israël”, avant d’affirmer: Pas de retour aux frontières de 1967, pas de démantèlement des colonies”...
La Syrie a répondu aux positions israéliennes en précisant qu’elle ne réclamait rien de plus que la reprise des négociations à partir du point où elles se sont arrêtées, Damas et Beyrouth demandant la récupération des terres occupées et la mise en application du principe de “la terre en échange de la paix”.
A travers le commentateur politique de sa radio officielle, Damas accuse le gouvernement de Barak de chercher à dissocier les deux volets libanais et syrien, en faisant pression sur le gouvernement libanais pour lui arracher un accord.
Ces tiraillements sont, peut-être, annonciateurs d’une prochaine reprise des négociations, entre Syriens et Israéliens.
A New York, le dossier du Proche-Orient figure en bonne place dans le cadre de l’Assemblée générale annuelle de l’ONU. Le chef de la diplomatie égyptienne se dit optimiste.
“Il y a, soutient-il, un mouvement dans le processus de paix et la situation aujourd’hui est différente de ce qu’elle était il y a un an. Ceci va-t-il aboutir à une relance positive de tous les dossiers et à une action rapide? C’est ce que nous espérons. Il faut continuer à frapper le fer tant qu’il est chaud et ne jamais perdre espoir.”


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