Ainsi, M. Dalloul a transposé l’affaire de son cadre local à
son cadre international, en précisant qu’il connaît l’endroit
précis où ces tables d’écoute sont installées.
De plus, il a révélé que “des équipements similaires
se trouvaient durant la guerre sur les hauteurs d’Ouyoun As-Simane, à
travers lesquels il était procédé au contrôle
des communications de tout le monde arabe, ces appareils ayant été
remplacés par d’autres plus sophistiqués”.
Ceci a incité le Parquet à réagir avec rapidité,
d’autant que la crise suscitée par cette affaire avait mis aux prises
le gouvernement et ses détracteurs. A tel point, que le Conseil
des ministres a été amené à l’examiner au cours
de sa réunion de vendredi dernier, bien que cette question ne figurait
pas à son ordre du jour.
Aussi, le chef du gouvernement et le ministre de l’Intérieur
se sont-ils empressés de tirer l’affaire au clair, à travers
une question adressée par le président Salim Hoss au ministre,
à laquelle M. Michel Murr a répondu, en assurant que les
tables d’écoute n’existaient plus, pratiquement, depuis 1997.
D’après certains milieux, cette crise est la conséquence
d’une autre opposant le chef du Législatif à certaines gens
du Pouvoir. Cependant, la coterie du président Nabih Berri dément
ces rumeurs, en précisant que la présidence de l’Assemblée
se préoccupe de “légaliser” les tables d’écoute pour
des considérations d’ordre sécuritaire et national.
Mais en dépit de la controverse instituée sur ce sujet,
du reste important et délicat, le dossier électoral n’a pas
été tout à fait occulté. Au contraire, le débat
se poursuit, en étant concentré à présent sur
la circonscription, celle-ci semblant devoir être délimitée
sur la base du mohafazat.
VERS LA “LÉGALISATION” DES TABLES D’ÉCOUTE?
Pour en revenir à la controverse autour des tables d’écoute,
on s’attend que les commissions parlementaires convoquées pour le
27 courant, se prononcent sur la “légalisation” de cette pratique,
à l’instar de ce qui se passe dans d’autres pays. Et ce, suite à
une proposition de loi présentée par neuf parlementaires.
Comme on s’en doute, l’opposition a tenté d’exploiter les “révélations
fracassantes” de M. Dalloul, mais son successeur au ministère de
la Défense, M. Zéaïter s’est empressé de demander
pourquoi M. Dalloul n’avait pas dénoncé le contrôle
des lignes téléphoniques au moment où il assumait
des charges officielles. D’autre part, les opposants cherchent à
monter en épingle l’échange de notes entre le président
du Conseil et le ministre de l’Intérieur, pour prouver que “tout
ne va pas pour le mieux entre les deux hommes et, partant, au niveau du
Pouvoir”. Ce qui a amené le président Hoss à faire
une mise au point à ce sujet, à partir de New York où
il se trouve depuis le début de la semaine.
Les milieux gouvernementaux attachent peu d’importance à la
nouvelle campagne de la néo-opposition, en ce qui concerne le présence
de tables d’écoute à l’entrée de Beyrouth qu’utiliserait
une grande puissance pour surveiller les lignes téléphoniques
des personnalités officielles, comme le prétend M. Dalloul,
pour la simple raison que le président Emile Lahoud, étant
donné sa politique faite de transparence, n’est pas un homme pouvant
admettre une telle anomalie et, surtout, une violation de la loi sur le
territoire national...
Ceux qui, parmi les opposants, s’emploient à tabler sur cette
affaire, assurent les sources ministérielles, visent à compromettre
les rapports entre Beyrouth et Damas et la confiance qui caractérise
la relation personnelle du chef de l’Etat avec son homologue syrien.
HARIRI ROMPT LA TRÊVE
Il y a lieu de signaler, par ailleurs, que M. Rafic Hariri a rompu
la trêve qu’il avait promis d’observer, du moins au niveau de sa
“machine médiatique” qui ne chôme pas. En effet celle-ci poursuit
sa cabale contre le “Cabinet des 16” et, à travers ce dernier, contre
le Pouvoir.
L’opposition utilise la demande de levée de l’immunité
couvrant M. Habib Hakim, député du Metn, pour marquer un
point aux dépens du gouvernement. De fait, elle est parvenue à
brouiller les cartes lors de la discussion sur cette affaire au cours de
la réunion conjointe du bureau de l’Assemblée et de la commission
parlementaire de l’Administration et de la Justice, réunis mardi
sous la présidence du chef du Législatif.
Il n’a pas été possible, étant donné la
virulence du débat, de prendre une décision à ce sujet,
le président Berri ayant renvoyé le sujet à la Chambre
siégeant en séance plénière dès le retour
du président Hoss de New York, soit vers la fin du mois.
Les opposants s’efforcent d’obtenir le rejet, par l’Assemblée,
de la demande de levée de l’immunité, dans l’intention de
discréditer le Cabinet et, partant, d’accélérer son
départ...
Tout indique donc que l’on assistera à une nouvelle confrontation
entre le Pouvoir et ses détracteurs, au moment où la crise
régionale exige l’assainissement du climat politique et, surtout,
la consolidation du front interne, en prévision d’une éventuelle
relance du processus de paix.
Naturellement, le gouvernement ne reste pas inactif. Tout en œuvrant
à l’effet de colmater la brèche qui paraît avoir ébranlé
la cohésion de l’équipe ministérielle - du moins,
c’est l’impression qu’en a donné l’échange de missives entre
MM. Hoss et Murr, la semaine dernière - le gouvernement s’attend
à voir le Parquet s’emparer du dossier des tables d’écoute
et recueillir la déposition de M. Dalloul, pour s’assurer de la
véracité de ses affirmations, d’autant qu’il accuse une “grande
puissance” de se mêler de nos affaires intérieures. Dans ce
contexte, des contacts sont effectués entre Beyrouth et Damas, pour
tirer au clair cette affaire et connaître les mobiles qui font agir
les opposants, en dépit des conseils de modération que ne
cessent de leur prodiguer les décideurs!
D’ores et déjà, M. Michel Murr a répliqué
aux détracteurs du Pouvoir, dans les allocutions qu’il a prononcées
durant le dernier week-end, au cours de deux meetings populaires tenus
à Bkaatouta (caza du Kesrouan) et à Antélias (caza
du Metn)...
Pendant ce temps, M. Hariri poursuit, prématurément,
se campagne électorale, dans la région de Beyrouth où
il octroie des subventions aux élèves et à certaines
écoles, à l’occasion de la rentrée scolaire. Mais
ceci cause des tracas à l’ancien chef du gouvernement, certains
de ses alliés ayant menacé de le lâcher, s’ils n’obtenaient
pas leur “quota” de ces subventions...
LA LOI ÉLECTORALE EN COURS D’ÉLABORATION?
Toujours est-il que la loi électorale permettra au Grand Sérail
d’atténuer l’offensive de ses détracteurs, car il s’agit
d’un sujet particulièrement brûlant, dont la discussion relèguera
à l’arrière-plan tout autre dossier, quelle qu’en soit l’importance.
De fait, le ministre de l’Intérieur a annoncé que le
projet de loi était en cours d’élaboration et serait communiqué
à l’Assemblée avant la fin de l’année courante.
Aussi, M. Hariri s’est-il hâté de rendre visite au président
Berri pour se renseigner sur la teneur de ladite loi et être fixé
sur la formule qui sera retenue en définitive.
M. Hariri ne cache pas son inquiétude, d’autant que la tendance
est en faveur de la fixation d’un “plafond” aux dépenses électorales,
ce qui limitera sa liberté d’action... et l’empêchera d’assurer
l’élection de plusieurs de ses colistiers.
Il se confirme, en tout cas, que le mohafazat sera retenu en tant que
circonscription électorale.
Quant au président Lahoud et ainsi qu’il l’a réaffirmé
au cours du dernier week-end, il se préoccupe “d’édifier
l’Etat des institutions, sans lequel rien ne peut être fait de valable
au Liban.”
Et quant à la nouvelle loi électorale, le chef de l’Etat
insiste sur la nécessité de l’élaborer de manière
à assurer une meilleure représentation de la volonté
populaire et à réaliser l’intégration nationale.