Editorial



Par MELHEM KARAM 

QUESTIONS... QUESTIONS... QUESTIONS...
... DANS L'ATTENTE DE REPONSES

Il est vrai que chaque jour on assiste à un nouvel événement et à une nouvelle partition. A tel point qu’écrire sur ces faits nouveaux est devenu identique avec la différence des références. Bien des questions se posent au plan planétaire d’une manière désordonnée.
Ce qui se passe au Timor oriental a eu son pareil au monde. Il y a eu partition et tentative de partition au Liban, à Chypre, en Grande-Bretagne. Si bien que Tony Blair et les unionistes n’ont pu parvenir jusqu’à l’unité.
Ce monde divisé partout sur lui-même, accepte-t-il d’être dirigé par une seule partie... et un seul Etat? Et cette partie est-elle en mesure d’instituer seule l’acte unificateur?
L’unitarisme international n’a pas arrêté le conflit entre l’Irak et l’Iran. Ni au Timor oriental et au Proche-Orient. Comme si le monde n’accepte pas que la terre, en dépit de son immensité sur cette planète mobile, soit une place où se meut un seul chevalier. Le chevalier américain qui s’y déplace à sa guise.
Dans l’affaire du Proche-Orient, par exemple, l’Europe se transposera-t-elle de la contribution économique au stade de la contribution politique?
Beaucoup d’autres questions sont posées. Est-il vrai que Barak a dit aux Américains: Assistez en spectateurs et moi j’agis? Et les Américains auraient-ils accepté sa demande, sans qu’il ait ajouté par exemple: “Je ferai ce que vous voulez?” Pouvons-nous croire cette simple logique, sans renseignements, ni prospection des labyrinthes de palais de dieux?
Il ne nous est pas demandé tout cela. Nous ne sommes pas des taupes ayant des “antennes” pour connaître ce qui est caché sous terre. Mais, est-il possible pour nous de croire que l’Amérique a jeûné et prié pour que Barak arrive et lui dise: “Restez à l’écart et regardez-moi me comporter”, sans poursuivre: “Et me comporter publiquement, en accord avec l’Amérique?”
Si ce n’est pas la logique de Barak, où est la différence entre lui et Netanyahu? Qui peut croire que dans l’affaire du Proche-Orient, l’Amérique s’asseoit de côté et laisse le jeu à Israël?
Parmi les questions à propos de l’Irak: Est-il vrai que le prix du maintien de Saddam Hussein au pouvoir soit l’implantation de Palestiniens en Irak? Certaines parties, entrées dans le jeu des chiffres, disent que deux millions de Palestiniens seraient implantés dans ce pays. Est-il exact que le président irakien porte, à la place des Arabes, le fardeau de l’implantation en contrepartie de son maintien au pouvoir?
Une autre question: Si l’accord international avec l’Irak est accompli à voix basse, est-il raisonnable que l’information mondiale n’ait pas de nouvelles sur les enfants irakiens victimes de l’embargo et du boycottage imposés à l’Irak, sans que rien ne change? Pourquoi l’évocation des injustices en Irak en raison du blocus était hier interdite; puis, est devenue tolérée aujourd’hui?
Pourquoi a-t-il été du droit de l’Irak de présider, en la personne de son ministre des Affaires étrangères, la dernière session du conseil de la Ligue arabe, sans que s’élève la voix d’Etats arabes que beaucoup attendaient à voir s’y opposer ou, tout au moins, ne pas accepter cet état de choses?
Devons-nous croire tout cela? L’eau coule-t-elle sous nos pieds, alors que nous l’ignorons?
Parmi les questions: Quelle est la vérité, aujourd’hui, des négociations palestino-israéliennes? Nous ne disons pas arabo-israéliennes et des négociations syro-libano-israéliennes? Qu’en est-il de la concomitance des deux volets? L’important est leur finalité, celle-ci ne devant pas porter préjudice au Liban. Et là est la question: Quel préjudice pour le Libanais par le maintien de la concomitance des deux volets?
Autre question: Barak pourra-t-il exécuter le retrait du Liban l’été prochain, sans que se produisent des faits auxquels Israël tenait dans le jeu des “arrangements de sécurité”?
Naturellement, ce sont des questions posées et les réponses sont connues par les personnes informées ayant accès aux labyrinthes des preneurs de décisions.
Parmi les autres questions: Le renouvellement aux présidents... et la succession présidentielle visent-ils à maintenir les présidents et leurs fils après eux, tout en poursuivant les négociations avec la même mentalité et les mêmes dispositions?
Des questions dans tout domaine se posent dans le monde. Et des questions, également, au Liban. Qu’est-il advenu de la loi électorale? Avons-nous besoin de dire, une nouvelle fois, que la loi électorale est la seconde loi après la Constitution? Nous l’avons dit maintes fois; les gens aussi qui en ont marre d’entendre de tels propos et de les ressasser! Les gens ont le droit de discuter cette loi et de s’assurer que nous sommes capables d’organiser les élections, comme il se doit, l’opinion publique y étant préparée.
Pourquoi disons-nous, comme dans les pays du tiers monde, que la politique est un jeu que pratiquent les forts aux dépens des faibles? Et les forts sont les gens du Pouvoir et de la suprématie. Ils n’assument pas l’autorité seuls, mais avec la féodalité des hommes, de l’argent et la féodalité avec les règles de la mondialisation qui ont renversé les règles du monde, faisant prévaloir l’économie sur la politique.
Nous avons tous étudié dans nos universités qu’il n’y a pas d’économie, mais d’économie politique. C’est-à-dire que la politique faisait marcher l’économie. Avec la mondialisation, l’économie fait marcher la politique.
Parmi les questions, la suivante: Pourquoi au Liban continuons-nous à nous plaindre de ceux qui nous représentent au parlement? Les gens du tiers monde sont ainsi: après chaque élection, des plaintes sont présentées contre la falsification du scrutin et contre la représentation populaire. Il est facile d’avoir des députés, mais difficile d’avoir des parlementaires. Il est aisé pour nous de le dire: Nous avons cent vingt-huit députés dont pas plus de vingt d’entre eux sont des parlementaires. Le parlementaire doit être un député, mais celui-ci peut ne pas être un parlementaire.
Puis, pourquoi le député, paye-t-il de son parlementarisme le tribut de sa députation? En ce sens que si c’est un bon parlementaire exerçant son mandat comme il se doit, est-il tenu de payer un tribut en tant que membre de l’Assemblée?
Les spécifications des députés doivent-elles être pareilles à celles des pays totalitaires ou démocratiques? Ce qui doit inciter la Chambre à récupérer, si elle parvient à le faire, quelque chose de son autorité au cours d’une occasion déterminée, celle de la levée de l’immunité! Et pourquoi, la Chambre doit-elle dire qu’elle est souveraine et maître de sa décision?
Ceci est un droit. Au temps des précédentes législatures, le parlement a-t-il renversé un gouvernement et, partant, la souveraineté tronquée est-elle réellement une souveraineté dans toute l’acception du terme?
Des questions qui restent sur les lèvres des gens depuis que le monde existe. Les gens les posent et continuent à le faire. Nous agissons de même, en posant des questions dans l’attente de la réponse. 

Photo Melhem Karam

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