FAUTE DE MOYENS EFFICACES POUR COMBATTRE LES INCENDIES
LE LIBAN SE TRANSFORMERA EN PAYS DESERTIQUE

Avec l’avènement dans à peine quatre-vingts jours de l’An 2000, des catastrophes naturelles comme les tremblements de terre, les éruptions volcaniques, les tsunamis, raz de marée... commencent à se manifester brutalement dans le monde.
Et ce, par la faute de l’homme et, surtout, par l’égoïsme de certaines grandes nations qui gèrent, maladroitement, notre planète.
Ce processus destructeur se manifeste, actuellement, au Liban par un dérèglement du climat saisonnier, affecté par le début d’un réchauffement sensible de la sphère terrestre dont nous sommes tous responsables.
 

Hélicoptère de l’armée libanaise 
déversant à Chartoun un réservoir 
d’eau à fond escamotable.

Incendie monstre remontant
de la vallée vers les forêts 
de Roueïssat an-Naaman.
 
INCENDIES AU PAYS DES CÈDRES
Depuis la mi-septembre et jusqu’au début d’octobre, nous sommes touchés par un “Khamsin”, vent particulièrement chaud de 36 à 42 degrés centigrades. Avec le manque de prévoyance des anciens responsables et le manque de civisme de la plupart de nos citoyens, une flambée d’incendies massifs se succèdent par dizaines, dans presque toutes les régions libanaises mettant en danger, non seulement nos magnifiques forêts résiduelles, nos zones de culture mais, aussi, la vie de nos compatriotes dont les maisons ont failli être la proie des flammes.
De grandes surfaces de forêts et de vergers ont brûlé du Nord au Sud. Dans le Akkar (Daoura, Dembo), dans le Koura (Kfarhazir), autour de Jbeil (Blat, Ghalboun, Mayfouk); dans les environs de Tyr au Sud, Teir Falsiyé, Chouhour, la vallée de Choheïr, Ansar, Tebnine.... où tout a brûlé, avec l’aide sinistre de l’aviation israélienne.
 

Une petite pinède d’Alep 
(Yarz) miraculeu-sement épargnée.

Spectacle de désolation à Richmaya.
 
LE CAZA D’ALEY, LE PLUS TOUCHÉ
Des centaines de milliers de mètres carrés, de broussailles, de forêts, de vergers et de vignes ont brûlé et continuent à l’être dans cette région où les moindres vents attisent le feu qui couve sous la cendre.
Avec lady Yvonne Cochrane, grande propriétaire, nous avons visité cette vaste zone sinistrée s’étendant de Mansouryet - Bhamdoun, Sébaal à Roueïssat an-Naaman avec les limites, très enfumées de Richmaya et Abaydié. Les écologistes Wilson Rizk, Joseph Pharès et le signataire de ces lignes suivaient en même temps leur mentor, le général Skandar.
Une fumée suffocante se dégageait de part et d’autre de la route que nous suivions; surtout des vallées et montagnes en feu qui nous entouraient.
De place en place, nous remarquions des maisons évacuées, entourées encore de braises et de cendres ardentes. Les moyens de lutte contre l’incendie étaient plutôt primitifs: au moyen d’une pelle, d’une pioche, avec de l’eau ou même de la terre jetée sur les flammes par quelques rares habitants de ce coin désolé.
 

... et à Ain Treiz.

G.D.: Joseph Farès, Pierre Malychef, 
Lady Yvonne Cochrane et Wilson Rizk.
 
RÔLE DE L’ARMÉE ET DE LA DÉFENSE CIVILE
Une plus grande catastrophe a été évitée grâce, semble-t-il, aux ordres énergiques du président Emile Lahoud qui a fait intervenir des éléments de l’armée libanaise.
Avec ses hélicoptères dotés de réservoirs suspendus à fonds escamotables qui ont déversé des milliers de litres d’eau sur de grands foyers d’incendies impossibles à atteindre, faute de routes.
Parallèlement, les pompiers et les éléments de la Défense civile, aussi, énergiquement sollicités, ont servi avec une noria de citernes d’eau les rares motopompes (1 à 2) qui aspergeaient les flammes attisées par un vent chaud, dont la vitesse atteignait parfois 90 km/heure.

DÉGÂTS OCCASIONNÉS ET CAUSES D’INCENDIE
Plusieurs centaines de milliers de mètres carrés ont été incendiés dans des forêts de pins d’Alep, de chênes, des vignes et des amandiers...
En tant que pharmacien-herboriste, je déplore la calcination dans la plupart des garigues de milliers de plants de germandrées, d’aubépines, de centaurées, de thym, de géranium Robert, de scille... et autres représentants de notre patrimoine naturel, très riche en ce sens.
Avec mes collègues, nous avons étudié les causes de ces incendies de forêts qui se répètent trop souvent au Liban, à part l’incinération des déchets ménagers et agricoles, les causes en sont les braises de feux d’artifice, le manque de désherbage, les cigarettes jetées allumées, les restes enflammés des barbecues... Il reste à citer les incendies provoqués par des éléments perturbateurs.
On a remarqué plusieurs pneus usagés et boules d’asphaltes en flamme jetés loin des routes; de pneus intacts placés récemment sur des braises et cendres chaudes, attendant un souffle de vent pour prendre feu.

MOYENS COERCITIFS ET TRAITEMENT DIRECT
Il faudrait identifier et arrêter ces éléments nocifs pour les juger et les punir.
Procéder au désherbage et à la taille saisonnière des arbres, avec incinération contrôlée des déchets, comme cela se fait, périodiquement, dans le Metn ou le Kesrouan où les incendies sont moins fréquents.
Prévoir des réservoirs d’eau ou des barrages dans les zones montagneuses ou autres très boisées.
Avec une éducation écologique en ce sens des adultes et des élèves, au niveau d’une police verte que les responsables semblent ignorer.
Le plus important est d’acquérir d’urgence, quelques avions “Canadair” anti-incendie, qui sont le moyen le plus sûr et le plus rapide pour juguler tout incendie, dans un petit pays comme le Liban, proche de la mer et pourvu de lacs à l’intérieur.
On aurait pu en avoir plusieurs avec le fameux don de 52 millions de dollars pour la construction d’un incinérateur fantôme. Ce don qui s’est évaporé, devrait être récupéré et utilisé par les responsables.
Les 96 cas d’incendies importants cités en un mois par “l’Agence nationale d’information” au Liban, auraient pu être traités rapidement sans mettre en danger nos compatriotes et notre patrimoine forestier naturel.
Si ce problème de déforestation et d’incendies n’est pas rapidement traité, notre pays sera transformé, à partir de l’an 2000, en une zone désertique.

PIERRE MALYCHEF

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