APRES L'ELABORATION DE LA LOI DE FINANCES
L'OPPOSITION FOURBIY SES ARMES EN PREVISION DU DEBAT BUDGETAIRE

La confrontation entre le gouvernement et l’opposition a repris sous l’hémicycle, à l’occasion des séances plénières qui ont été tenues mercredi et jeudi.


Les présidents Hoss et Zohbi signant les nouveaux
accords de coopération libano-syriens dont l’un
prévoit la libéralisation des échanges agricoles.
 

Le plan établi par les opposants prévoit des interventions violentes par lesquelles ils accusent le “Cabinet des 16” d’avoir échoué à tenir ses promesses. D’aucuns iront jusqu’à l’inviter à rendre le tablier et même à menacer de lui demander de poser la question de confiance.
Le président Salim Hoss était rentré, la veille, de Damas satisfait des résultats de ses entretiens dans la capitale syrienne où il a été reçu par le président Hafez Assad, en marge de la réunion du comité de coordination mixte.
Dans l’entourage du chef du gouvernement, on rapporte que le Premier ministre a obtenu plus de soutien de la part des dirigeants syriens, quant aux initiatives qu’il est en train de prendre dans tous les domaines.

ENTRETIEN ASSAD-HOSS
A l’issue de l’entretien Assad-Hoss, M. Gebrane Kourieh, porte-parole de la présidence de la République syrienne, a déclaré que les relations fraternelles entre les deux pays ont été au centre de la rencontre; de même que la conjoncture régionale, par rapport à l’opération de paix et la coopération entre les deux pays frères, en vue d’une paix juste et globale restituant la terre et les droits spoliés.
Le président Assad a pris connaissance du président Hoss et de son homologue syrien, Mahmoud Zohby, de la teneur des délibérations instituées dans le cadre des travaux du comité de coordination mixte, aux fins de consolider davantage les relations bilatérales. Le chef de l’Etat syrien a exprimé sa satisfaction de ce qui a été accompli jusqu’à ce jour au plan des relations bilatérales et s’est dit optimiste quant à l’avenir.
Au plan interne, le président Lahoud se préoccupe, surtout, de réactiver les secteurs productifs, partant de sa conviction que c’est l’unique moyen de régler la crise économique et d’améliorer les conditions de vie des citoyens.
Le chef de l’Etat est persuadé que l’Etat des institutions et de la loi aura pour principal avantage d’encourager les investissements et, partant, de permettre au Liban de redevenir le centre commercial et financier par excellence de la région.
Dans le même temps, le président de la République ne manque aucune occasion pour réaffirmer son soutien au gouvernement et sa satisfaction de la manière dont il gère la chose publique. Il l’a proclamé, une fois de plus, en recevant cette semaine des membres de l’Assemblée, en disant que l’opposition était motivée par l’unique souci de déboulonner le Cabinet pour prendre sa place.
Il s’agit, observent les analystes, d’un message clair de la part du chef de l’Etat aux opposants pour leur signifier que leur action ne donnera pas les résultats qu’ils en escomptent. Aussi, les blâme-t-il pour n’avoir pas suivi le conseil, par lequel il leur a recommandé d’engager le dialogue avec le gouvernement, lui-même étant résolu de se confiner dans son rôle d’arbitre.

VERS LA CONVOCATIONDU C.S.L.S?
Cela dit et à la suite de la réunion du comité libano-syrien de coordination qui s’est tenue cette semaine sur les bords du Barada, on présume que le Conseil supérieur libano-syrien serait convoqué à une date rapprochée, ce dernier ayant siégé pour la dernière fois depuis plusieurs mois, bien des questions vitales nécessitant la rencontre de ses membres.
Pour en revenir aux problèmes intérieurs, il y a lieu de signaler que le fait pour le gouvernement d’avoir élaboré le projet de budget 2000 dans le délai constitutionnel, a été favorablement accueilli par tous les milieux, ce qui a été interprété comme le souci du Sérail de répondre aux vœux des citoyens.
A l’issue de l’audience que lui a accordée le chef de l’Etat, dimanche dernier, M. Melhem Karam, président de l’Ordre des journalistes, a déclaré: “J’ai touché du doigt, une fois de plus, l’intérêt que le président de la République accorde à l’information qu’il considère comme la façade à travers laquelle le pays montre son évolution et il doit en être toujours ainsi.
“De même, a ajouté M. Karam, le chef de l’Etat est soucieux de consolider l’entente nationale à partir de l’accord de Taëf, car il ne permettra à personne de violer cet accord.”
Le Conseil des ministres avait approuvé le projet de la loi de finances pour l’an 2000, dont la proportion du déficit est de 36,25%, le chiffre global du budget se montant à 8.525 milliards de livres, alors que les recettes s’élèvent à 5.435 milliards.
Il ressort des chiffres révélés par M. Anouar el-Khalil, ministre de l’Information, que le gouvernement est parvenu à comprimer les dépenses, le dossier économico-social ayant la priorité dans les prévisions budgétaires. Et ce, contrairement à ce que prétend l’opposition en accusant le Sérail d’avoir instauré une politique d’austérité, “ce qui ne lui permet pas d’exécuter des projets d’intérêt publique et de caractère national”.
En réalité, la compression a porté, uniquement, sur les dépenses improductives, dont la suppression n’affecte nullement la réalisation des projets utiles.
Une source ministérielle précise que la proportion du déficit budgétaire (36,25%) est réaliste et non fictive, comme c’était le cas sous les précédents gouvernements. De plus, le montant des recettes commencera à s’améliorer, étant donné la réactivation des organismes chargés de la perception des impôts et taxes.
Maintenant que la loi de finances a été mise au point, l’attention des responsables se portera sur les dossiers brûlants, dont ceux de la réforme administrative et de la nouvelle loi électorale.
Sans perdre de vue le dossier régional, surtout si les négociations de paix devaient être relancées sur les volets libanais et syrien. De fait, le président Hoss a déclaré: “Nous nous trouvons au seuil d’une nouvelle étape pouvant être marquée par la relance du processus de paix. Ceci nous place face à des défis non moins graves que ceux auxquels nous avons été confrontés au cours des dernières années.”
On s’attend donc que le gouvernement concentre son attention, dès à présent, sur les dossiers qui avaient été gelés ces dernières semaines pendant l’élaboration du projet de budget.
Cependant, il faut compter avec la tendance des opposants à repartir en guerre contre le Cabinet. Aussi, leur prête-t-on l’intention de soulever de nouveau la question de la réforme électorale, en attendant que la Chambre soit saisie de la loi de finances d’ici à la fin de ce mois.
A cette fin, la néo-opposition s’emploie à semer les germes de discorde entre le régime et le Cabinet et entre les membres du gouvernement eux-mêmes, en propageant des rumeurs selon lesquelles le découpage des circonscriptions se ferait sur base de critères différents de ceux prônés par le président de la République.
Mais le président Hoss s’est empressé de démentir ces allégations, en affirmant qu’aucune décision n’avait été prise par rapport au découpage des circonscriptions.
Tout en rappelant que le chef de l’Etat se préoccupe d’atteindre un double objectif à travers la nouvelle loi électorale: assurer une représentation véritable de la volonté populaire et l’intégration nationale.

NADIM EL-HACHEM

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