L'ARMEE PREND LE POOUVOIR
LE PAKISTAN DESTABILISE

C’est au terme de dix heures de chaos que le chef d’état-major de l’armée pakistanaise, Pervez Musharraf, intervenait pour la première fois à la télévision pour justifier le coup d’Etat militaire mettant fin à “l’incertitude et au désordre” engendrés par le gouvernement de Nawaz Sharif qui avait “ébranlé les fondations mêmes du Pakistan”.

Dans la journée du 12 octobre, dix heures auparavant, le général Musharraf apprenait son limogeage par le Premier ministre et son remplacement par le chef des services de renseignements, le général Ziauddin. Il revenait d’une visite officielle au Sri Lanka et l’avion de la PIA qu’il avait emprunté n’était plus autorisé à atterrir dans les aéroports du pays. “Dieu merci, s’est exclamé le général putschiste, les dessins du démon ont été mis en échec à travers ma rapide réaction armée!”
 


Le général Pervez Musharraf annonçant 
à la nation la fin de “l’incertitude et du désordre”.


Le Premier ministre déchu Nawaz Sharif, 
actuellement, en résidence forcée.

L’armée assignant à résidence le Premier ministre déchu, ainsi que son frère Shahbaz, gouverneur de la province du Penjab et le général Ziauddin, s’est emparée des points névralgiques d’Islamabad, prenant le contrôle des sièges de la radio et de la télévision, des bâtiments officiels, des aéroports et encerclant les résidences des ministres.
 
Les forces militaires faisant leur entrée
au siège de la télévision à Islamabad.
  Le feu couvait sous la cendre depuis quelques mois, notamment depuis le retrait début juillet des guérilleros islamistes du Cachemire, retrait décidé sous la pression de Washington et qu’une large fraction de l’armée considérait comme une reddition. Depuis quelques semaines déjà, le Département d’Etat s’inquiétait des rumeurs d’un possible coup d’Etat au Pakistan et il fut l’un des premiers à réagir, lorsque les militaires se sont effectivement emparés du Pouvoir, appelant au retour de la démocratie et menaçant de reviser sa politique envers le Pakistan.
Des signes d’inquiétude ont émané de l’Europe et le secrétaire général du Commonwealth, Emeka Anyaoku a menacé d’exclure le Pakistan de cette organisation qui groupe 50 pays, en majorité d’anciennes colonies britanniques.
De son exil à Londres, Benazir Bhutto, deux fois Premier ministre depuis 1988, a présenté le général putschiste non point comme un fondamentaliste islamiste comme on le présente, mais comme un “modéré”. Elle fait savoir qu’elle reviendrait au Pakistan dans le cas où des élections libres y étaient organisées.



 
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Le Pakistan qui a passé la moitié de ses 52 ans d’indépendance sous le régime des militaires, souffre d’une très grave crise économique et risque une explosion sociale. Il a, dramatiquement, besoin de l’aide économique internationale chiffrée à des milliards de dollars qui pourraient lui être refusés.
En attendant que la situation se décante, l’Inde voisin et frère ennemi qui a mené quatre guerres contre le Pakistan, a mis ses troupes en état d’alerte maximale.


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