La
proposition de loi sur l’enrichissement illicite a suscité des remous
au sein de la classe politique, spécialement parmi les politiciens
véreux qui ont fait fortune par des moyens louches... Renvoyé
aux commissions parlementaires pour supplément d’étude,
le texte controversé sera approuvé avec quelques modifications
et retourné à la Chambre en vue de sa ratification. Car le
Pouvoir le considère comme la pierre angulaire de la réforme
et de l’édification de l’Etat des institutions.
Peu de projets ont sucité des remous aussi virulents sous l’hémicycle
que celui relatif à l’enrichissement illicite.
Le texte a fait l’objet d’un dé-bat très animé
ayant abouti à son renvoi aux commissions parlementaires qualifiées
- celles de l’Administration et de la Jus-tice, des Finances et du Budget
- pour supplément d’étude.
Loyalistes et opposants se sont affrontés à la faveur
d’une discussion d’ordre politique plutôt que technique. Les se-conds
ont crié victoire, estimant avoir marqué des points contre
le Cabinet, alors qu’il s’agit d’une proposition de loi présentée
par des membres de l’Assemblée et non d’un projet élaboré
par le gouvernement, dont le chef a trouvé la procédure normale
et habituelle, “car la Chambre est souveraine et maître de ses décisions”.
Puis, le renvoi du texte en question ne signifie nullement qu’il sera
enterré, les commis-sions étant considérées
comme le “cimetière des projets”. En effet, le président
Berri s’est engagé à assurer l’adoption du projet”, dans
le plus bref délai, preuve en est qu’il les a convoquées
pour lundi et mercredi derniers (la séance par lementaire de mardi
ayant été consacrée au renouvellement des commissions).
Tout indique que le projet sera approuvé et retourné au parlement
pour qu’il le ratifie sans retard.
Le principal grief formulé par la néo-opposition contre
la loi sur l’enrichissement illicite est qu’elle transgresse le secret
bancaire. Or, le gouvernement a dissipé les craintes en affirmant
qu’il n’est nullement question d’y toucher.
La loi mentionnée est donc présentée comme un
épouvan-tail causant de vaines terreurs aux homme politiques, spéciale-ment,
à ceux d’entre eux qui trempent dans des affaires véreuses.
Cela dit, la loi passera parce que le chef de l’Etat y tient et est
déterminé à la promulguer, pour la raison qu’il la
considère comme la pierre angulaire de la réforme administrative
et de l’Etat des institutions.
Puis, le texte de loi contro-versé reprend les grandes lignes
d’un projet mis au point par le Cabinet Hariri et il a été
établi de manière à offrir des garanties aussi bien
au plaignant qu’à la personne mise en cause.
Par ailleurs, de son lieu d’exil volontaire à Paris, M. Raymond
Eddé, sans doute mal renseigné sur le texte, s’élève
contre l’ex-clusion des militaires d’éventu-elles poursuites judiciaires
pour cause d’enrichissement illicite.
Le président de la commis-sion parlementaire de l”Admi-nistration
et de la Justice a précisé, à ce propos, que seuls
les hommes de troupe ont été exclus, mais non les officiers.
Tout compte fait, le climat au sein des commissions parlemen-taires
était plutôt serein, leurs membres ayant approuvé trois
articles du texte et devaient entreprendre l’étude du quatrième
relatif à la déclaration de patrimoine exigée de toute
personne assumant une charge publique.
Si, selon un député, le débat reste technique,
deux réunions suffiront aux commissions pour examiner le projet
et le retourner à la présidence de la Chambre dans sa forme
définitive. |