DEPUTE DE BAABDA SLAH HARAKE:
"LES LIBANAIS UNANIMEMENT OPPOSES A
L'IMPLANTATION DES REFUGIES PALESTIINIENS"

M. Salah Haraké, député de Baabda (Metn-sud), soutient que les citoyens au Mont-Liban sont favorables à l’adoption du caza en tant que circonscription électorale.
De la réforme administrative, il dit que c’est une opération impérieuse, “les services administratifs ne fonctionnant pas normalement” et est persuadé que l’administration étatique sera épurée et assainie en fin de compte.
Il se prononce, d’autre part, en faveur du regroupement des ministères, tels ceux de l’Education nationale, de l’Enseignement technique et professionnel dans un double but: réduire les dépenses et renforcer le contrôle des organismes qui en relèvent.

L’OPPOSITION MANQUE D’HOMOGÉNÉITÉ
M. Haraké estime que l’opposition pêche par manque d’homogénéité. “MM. Rafic Hariri et Walid Joumblatt n’ont pas une même conception de la loi électorale et du mécanisme conformément auquel doit se dérouler le scrutin. Par rapport au découpage des circonscriptions, le premier est en faveur de l’adoption du mohafazat, alors que le second préfère le caza.”
A la question: Qu’est-ce qui retarde l’élaboration de la nouvelle loi électorale?, notre interlocuteur répond: “De profondes divergences opposent les forces en présence, surtout au Mont-Liban, ce district ayant son importance du point de vue de l’espace géographique qu’il représente et du nombre des votants.
La difficulté réside dans le fait que le chef de l’Etat n’admet aucune exception dans le découpage des circonscriptions. En définitive, le nouveau projet de loi fera nécessairement des mécontents, car il ne pourra pas satisfaire toutes les parties.

Comment, d’après vous, cette difficulté sera-t-elle aplanie?
A ma connaissance, le président Nabih Berri multiplie les contacts avec les différentes fractions en vue de rapprocher les points de vue et de concilier les formules proposées.
On sait que le chef du Législatif a une prédilection pour la circonscription unique assortie de la proportionnelle. Cela suppose la création de deux blocs, comme c’était le cas il y a cinquante ans. Il y avait, alors, le Bloc national et le Destour dirigés, respectivement, par les présidents Emile Eddé et Béchara el-Khoury.
Ces deux formations compre-naient des éléments de toutes les communautés et aucun problème ne se posait de leur temps au plan confessionnel.

L’ACCORD DE TAËF, ÉTAPE TRANSITOIRE
D’aucuns établissent un lien entre le retard mis à élaborer la nouvelle loi électorale et la conjoncture régionale. Qu’en pensez-vous?
Je crois que les élections législatives de l’an 2000 auront lieu dans le délai constitutionnel. Si des développements dramatiques devaient se produire au plan de l’opération de paix, on devrait agir selon les impératifs du moment.

L’accord de Taëf fait l’objet, depuis quelque temps, d’une controverse et certains milieux politiques y détectent des clauses de nature à entraver l’exercice des prérogatives officielles. Etes-vous de cet avis?
Cet accord a conféré le Pouvoir exécutif au Conseil des ministres que préside le chef de l’Etat. Cela ne signifie pas que le président de la République a été privé de toute autorité. Chaque président exerce ses attributions de la manière qu’il juge convenable.
Avant l’accession du général Lahoud à la magistrature suprême, des voix s’étaient élevées, réclamant plus de prérogatives au chef de l’Etat. On n’a plus entendu ces voix après son élection. Le problème ne réside donc pas dans l’accord de Taëf qui constitue une étape, entre tant d’autres, dans l’évolution de notre système politique. Il importe, à présent, de l’appliquer dans son esprit et sa lettre et tout ira pour le mieux.
Puis, la Constitution libanaise assure l’équilibre entre les Pouvoirs et leur séparation. Taëf n’a pas dérogé à la règle. D’ailleurs, le président Salim Hoss exerce ses prérogatives comme il se doit, mais le problème pourrait résider maintenant dans le nombre restreint des ministres, comparé à celui des départements ministériels.

LE CABINET NON REPRÉSENTATIF...
Prévoyez-vous un change-ment ou un remaniement ministériel?
Je pense que la gestion gouvernementale n’est pas au niveau des objectifs à atteindre, tels que définis par le régime. Le nombre des membres du gouvernement aurait dû être plus élevé et des lacunes y sont relevées au plan de la représentation partisane et politique.
Pour cela, je doute que le “Cabinet des 16” puisse être maintenu jusqu’aux prochaines législatives et, à mon modeste avis, l’équipe ministérielle compte sur le crédit du régime et des institutions publiques pour pouvoir durer.

Comment évaluez-vous l’action de la présente législature?
La Chambre actuelle n’est pas moins représentative ni productive que les précédentes et elle prouve, chaque fois, qu’elle reste l’institution-mère de l’Etat libanais.

Qu’en est-il du problème des personnes déplacées et qu’est-ce qui retarde leur retour à leurs villages, surtout dans les régions du Metn?
Je pense que les forces sur le terrain ne facilitent pas suffisamment ce retour, alors qu’il est dans leur intérêt d’aider les déplacés à réintégrer leurs maisons et leurs terres, car il s’agit d’un droit sacré pour tout citoyen.
Par la même occasion, j’attire l’attention des responsables sur le fait que la plupart des régions proches ou situées le long des anciennes lignes des démarcation, ont subi d’importants dégâts, tels Chiyah, Aïn Remmaneh, la galerie Semaan et d’autres. Je demande à l’Etat de dédommager les sinistrés qui n’ont touché jusqu’ici aucune piastre. Il importe d’en finir avec ce problème avant les prochaines législatives.

L’implantation est à l’ordre du jour. Qu’en pensez-vous et comment conjurer ce danger?
Des parties internationales paraissent acquises à l’installation définitive des réfugiés palestiniens dans les pays d’accueil, notamment au Liban. Or, les Libanais s’opposent, unanimement, à l’implantation et, dans ce cas, il n’est pas facile de nous l’imposer.

Vous avez formulé des griefs en ce qui concerne la gestion gouvernementale. Qu’auriez-vous à dire de la réforme administrative?
Le gouvernement a tardé dans la réforme et selon mes renseignements, les préparatifs se poursuivent, activement et je m’attends à une grande opération sur ce plan dans moins d’un mois. Il sera pourvu aux postes vacants et à la réorganisation des services administratifs.
Si le gouvernement parvient à réaliser la réforme, il aura franchi un grand pas dans la bonne voie qui s’ajoutera à son crédit.

Propos recueillis par
HALA HUSSEINI

Home
Home