La Revue du Liban consacre régulièrement des pages illustrées aux pays du maghreb arabe. Cette rubrique hebdomadaire couvre les événements politiques, économiques, sociaux et culturels de la tunisie, du maroc, de l’algérie, de la libye et de la mauritanie.

TUNISIE - PREMIERE ELECTORALE

 
LE TOURNANT DEMOCRATIQUE

Engagée depuis l’accession au Pouvoir du président Zein El-Abidine Ben Ali dans un processus démocratique progressif, résolu et irréversible, la Tunisie vit depuis le 10 octobre et pour deux semaines, une campagne électorale pas comme les autres, la première dans l’Histoire du pays, qui mettra en compétition plusieurs candidats à la magistrature suprême, lors des élections présidentielles et législatives prévues le 24 octobre.
Après avoir supprimé la présidence à vie instituée par son prédécesseur, Habib Bourguiba, l’actuel chef de l’Etat a entrepris en juin dernier de faire amender la Constitution tunisienne par le parlement pour assouplir les conditions d’éligibilité des candidats de l’opposition et faire entrer son pays dans une nouvelle étape marquante du processus de démocratisation.
A la faveur de cet amendement, deux dirigeants de l’opposition modérée ont pu se porter candidats pour la consultation présidentielle du 24 octobre. Il s’agit de MM. Mohamed Belhaj Amor (65 ans), secrétaire général du Parti de l’unité populaire (PUP/gauche) et Abderrahmane Tlili (63 ans), secrétaire général de l’Union démocratique unioniste (UDU/d’obédience nationaliste arabe).

UNANIMITÉ AUTOUR DE BEN ALI
Pour les observateurs, l’issue du scrutin ne fait pas l’ombre d’un doute, compte tenu du déséquilibre manifeste des forces en présence, avec un candidat, le président en exercice Zein El-Abidine Ben Ali, qui a acquis une aura et une audience populaire incontestées et dont le parti fort de ses deux millions d’adhérents, est implanté aux moindres recoins du pays et deux concurrents à la notoriété très relative, représentant deux formations à l’assise populaire pratiquement insignifiante par rapport au “géant” au Pouvoir.
Selon les commentateurs, le bilan de ses deux premiers mandats - non seulement dans les domaines socio-économiques où les performances remarquables de la Tunisie sont saluées de partout et singulièrement par les instances internationales connues par la rigueur de leur jugement, telles la Banque mondiale et le FMI mais, aussi, dans les domaines politique et autres où la démarche initiée par le président Ben Ali, réaliste, sereine et lucide, a permis au pays d’accomplir des progrès manifestes sur la voie de la démocratie, du pluralisme et du respect des droits de l’homme - plaide nettement en faveur de M. Ben Ali qui peut s’enorgueillir, à titre indicatif, d’avoir porté, pendant la dernière décennie, le revenu par habitant de moins de 1.000 dollars à près de 2.500 dollars; ramené le taux de pauvreté de 24 à 6% et d’un taux de croissance moyen de 5%.
Le soutien massif proclamé à la candidature de l’actuel président, aussi bien par les organisations socio-professionnelles telles que les centrales ouvrières et patronales, les organisations des femmes et de la jeunesse et autres associations corporatives, que par trois des six partis de l’opposition, dénote à lui seul l’unanimité qui se fait autour de M. Zein El-Abidine Ben Ali et préfigure d’un raz-de-marée en faveur de sa candidature.
Ses deux rivaux ne semblent d’ailleurs pas se faire d’illusions à ce sujet, eux qui ont déclaré, à plusieurs reprises à la presse locale, que plus que les résultats, c’est plutôt la “consécration du processus démocratique” qui les motive et importe le plus dans cette première expérience électorale du genre.

UNE ATMOSPHÈRE DE FÊTE
Aussi, dans un tel contexte, estiment les observateurs, est-ce le caractère pluraliste de la campagne électorale qui retient davantage l’attention. En effet, les électeurs tunisiens auront, pour la première fois, à entendre plusieurs sons de cloche, rompant avec le ton uniforme et le discours monolithique auxquels ils étaient habitués en de pareilles échéances majeures. Haute en couleurs, la campagne a, d’ailleurs, donné le ton dès son démarrage, à la lumière des “grands meetings” que tiennent les candidats à la présidentielle et aux législatives à Tunis et dans plusieurs villes de l’intérieur du pays et autres manifestations d’animation destinées à imprégner une atmosphère de fête à la vie de tous les jours durant cette période pré-électorale.
Pour les législatives, en revanche, qui auront lieu le même jour que la présidentielle, il s’agira de la deuxième consultation pluraliste après celle de 1994 qui a vu l’opposition accéder pour la première fois à la Chambre des députés (parlement) avec 19 sièges répartis entre quatre des six partis de l’opposition légale présents sur la scène politique tunisienne.

L’OPPOSITION ASSURÉE D’AVOIR 20% DES SIÈGES
Là, aussi, on s’attend à ce que le parti au Pouvoir rafle le plus grand nombre de sièges possibles, soit un maximum de 80% des 183 sièges que comptera le prochain parlement. L’enjeu, dans ce chapitre, résidera dans la lutte que se livreront entre eux les six partis d’opposition pour se partager les 20% des sièges (34 sièges) que leur assure, désormais, le code électoral nouvellement révisé dans ce sens.

TRANSPARENCE ABSOLUE ET ÉMULATION LOYALE
Les élections du 24 octobre qui enregistreront, au niveau des législatives, une présence renforcée des femmes au sein des différentes listes en compétition et un taux de renouvellement tournant autour des 70%, seront supervisées dans leurs différentes étapes, par des observateurs étrangers, ainsi que par un “observatoire national” composé de personnalités indépendantes dont le président du comité supérieur des droits de l’homme et des libertés fondamentales, M. Rachid Driss; du président de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme (LTDH), Me Taoufik Bouderbala; des magistrats et des enseignants universitaires dans le souci déclaré du président Ben Ali de voir le scrutin se dérouler “dans la transparence absolue, le respect de la loi, l’émulation loyale et le recours à l’arbitrage de la volonté populaire à travers les urnes”.


PROGRAMME DE BEN ALI POUR LES CINQ PROCHAINES ANNEES:
HISSER LA TUNISIE AU RANG DES PAYS AVANCES


Le président Ben Ali ouvrant la campagne
électorale lors d’un imposant meeting.
 

C’est par un programme ambitieux, aux contours clairs et aux objectifs précis que le président Zein El-Abidine Ben Ali a ouvert sa campagne électorale en vue de la consultation présidentielle et législative du 24 octobre.
Ce programme, annoncé lors d’un imposant meeting tenu au palais des congrès du Kram (banlieue de Tunis), auquel ont assisté plus de 5.000 personnes, estiment les observateurs, contient tous les ingrédients à même de mobiliser et de motiver les Tunisiens pour assurer à leur pays les meilleures chances d’accéder au siècle prochain avec succès et atteindre l’objectif assigné par leur président visant à hisser la Tunisie au rang des pays avancés.

L’EMPLOI, PRIORITÉ DES PRIORITÉS
“La priorité des priorités” pour les cinq années à venir, sera dans le programme de Ben Ali, l’emploi. Toute une stratégie, fondée sur des mesures rationnelles et concrètes, sera mise en œuvre à cet effet. Le principal mécanisme en sera le “Fonds national de l’emploi” ou “Fonds 21/21”, encore une initiative novatrice du président Ben Ali qui, à l’instar du “Fonds 26/26” ou “Fonds de solidarité nationale” est en passe en près de six ans d’éradiquer totalement la pauvreté en Tunisie et permettre de venir à bout du problème du chômage, assurant à tout Tunisien cet attribut essentiel de la dignité et de la vie décente qu’est l’emploi.

INVESTIR DANS LE SAVOIR
Plusieurs mesures ont été, par ailleurs, annoncées tendant à franchir de nouveaux pas sur la voie de la préparation de “l’école de demain” car, a souligné le président Ben Ali, “le savoir constitue l’arme de l’avenir et notre richesse réside dans l’homme”.
La recherche scientifique et technologique, “support du progrès et pilier stratégique sans lequel il ne saurait y avoir de prospérité” verra, quant à elle, doubler les investissements qui lui sont consacrés pour atteindre 1% du PIB, ce qui permettra entre autres la création de technopôles. Dans le même contexte, l’avancée enregistrée par la Tunisie dans le domaine de l’industrie informatique, sera consolidée par l’extension du réseau des télécommunications, pour porter le nombre des lignes téléphoniques à deux millions avant la fin de l’an 2004.
Plus grande participation de la jeunesse à la vie publique, consolidation des acquis de la femme, plus grande sollicitude envers les régions du pays, tels sont les autres grands axes de l’action que se propose d’entreprendre durant la période à venir le président Ben Ali.

AMÉLIORER DAVANTAGE LE BIEN-ÊTRE DES TUNISIENS
Dans le but d’améliorer le bien-être du Tunisien, le président Ben Ali s’est fixé pour objectif de porter le revenu annuel par habitant de près de 2.500 dollars, actuellement, à 3.500 dollars. En outre, l’allocation touristique pour le Tunisien se rendant à l’étranger passera du simple au double, soit de 500 à 1.000 dinars tunisiens par an (environ de 600 à 1.200 dollars).
Sur un autre plan, le président Ben Ali s’est engagé à “consolider les fondements de l’émulation politique, de manière à faire de la différence une source d’enrichissement pour faire progresser le pays, à renforcer la liberté d’opinion et d’expression”, annonçant à cet égard qu’il comptait soumettre au parlement tunisien une réforme du code de la presse qu’il souhaite voir “stimuler davantage et promouvoir le débat démocratique dans le pays”.



MAROC
 
LA FAMILLE BEN BARKA AUTORISEE A RENTREE AU MAROC
 
 
Fils de l’opposant marocain Mehdi Ben Barka, enlevé à Paris le 29 octobre 1965 et porté disparu depuis, Bachir Ben Barka vient d’obtenir avec sa famille des passeports marocains et prépare son retour au pays avec le même but qu’il poursuit depuis plus de trente ans: la vérité sur la disparition de son père.
Cette affaire retentissante, impliquant autorités marocaines et policiers français, avait  contribué à ternir le règne du roi Hassan II, décédé en juillet dernier. Elle n’a jamais été totalement élucidée, malgré deux instructions judiciaires en France.
Les passeports marocains de la famille Ben Barka n’avaient pas été renouvelés depuis 1965. n
Le frère de Mehdi Ben Barka, entouré de ses avocats, lors d’un des procès de “l’affaire Ben Barka”.


TUNISIE - ARABIE SEOUDITE

L'EMIR ABDALLAH BEN ABDELAZIZ EN VISITE EN TUNISIE

Le prince héritier du royaume d’Arabie séoudite, l’émir Abdallah Ben Abdelaziz, est arrivé dernièrement à Tunis, troisième et dernière étape d’une tournée maghrébine qui l’a déjà conduit au Maroc; puis, en Algérie.
Le n°2 séoudien qui est accompagné d’une importante délégation comprenant notamment, le ministre des Affaires étrangères, Séoud Al-Fayçal et celui des Finances et de l’Economie, Dr Ibrahim Ben Abdelaziz Al-Assaf, a été accueilli par le président tunisien Zein El-Abidine Ben Ali avec qui il a eu, dans la soirée, des entretiens au palais de Carthage (proche banlieue de Tunis) sur les relations bilatérales qualifiées d’“excellentes” et d’“exemplaires” de part et d’autre. Il s’agira, également, de “coordonner davantage les positions des deux pays sur les questions arabes, régionales et internationales”.
 


Le président Ben Ali souhaitant la bienvenue
à son illustre hôte séoudien, l’émir Abdallah
Ben Abdelaziz à son arrivée à l’aéroport
international de Tunis-Carthage.
 
Les observateurs s’attendent à ce que ces entretiens donnent particulièrement lieu à une concertation entre Tunis et Ryad sur la médiation amorcée, selon des informations de presse, par l’émir Abdallah Ben Abdelaziz lors de ses dernières visites au Maroc et en Algérie, en vue d’aplanir le différend surgi ces derniers mois entre ces deux pays à la suite des déclarations du président algérien Abdelaziz Bouteflika accusant Rabat de donner refuge aux extrémistes algériens. Ils relèvent que l’initiative séoudienne concorde avec la “démarche constante” adoptée dans ce sens ces dernières années par la diplomatie tunisienne.
 

Le président Ben Ali et le prince héritier
séoudien passant en revue un détachement
des trois armes rendant les honneurs.

Le président Ben Ali et l’émir Abdallah
Ben Abdelaziz au cours de leurs 
entretiens au palais de Carthage.
 
COURONNEMENT D’UNE DYNAMIQUE
Au plan bilatéral, on fait remarquer à Tunis que la visite du prince héritier séoudien “vient couronner une dynamique” marquée par la visite en Tunisie en l’espace de quelque six mois, de non moins de quatre hauts responsables séoudiens, dont les dernières en date sont celles effectuées par l’émir Sultan Ben Abdelaziz, ministre de la Défense et de l’Aviation et de l’émir Mohamed Ben Fahd Ben Abdelaziz, fils du roi Fahd.  L’Arabie séoudite est le premier investisseur arabe en Tunisie, avec un volume qui atteint actuellement 500 millions de dollars US, précise-t-on de même source. Pierre angulaire de cette coopération, la SOTUSID (société tuniso-séoudienne d’investissement pour le développement), dotée d’un capital de 100 millions USD détenu à parité entre les parties séoudienne et tunisienne, a financé depuis sa création en 1987, 340 projets industriels et agricoles pour un montant global de 403 millions USD, toujours selon la même source. Plusieurs autres projets communs ont, par ailleurs, été réalisés en Tunisie grâce à des investissements privés, notamment dans les secteurs du tourisme, de l’immobilier et des services. L’un de ces projets, baptisé “les berges du lac” de Tunis, devait d’ailleurs être visité par l’émir Abdallah. Situé aux abords de la capitale tunisienne, ce projet grandiose qui est en train de donner naissance à une “nouvelle ville” aux constructions sophistiquées, est financé en bonne partie par le célèbre homme d’affaires séoudien, cheikh Salah Kamel.
D’autre part, les échanges commerciaux entre les deux pays connaissent ces dernières années, un accroissement constant de l’ordre de 14%, mais demeurent “en-deçà” des possibilités offertes, considère-t-on à Tunis. Les exportations tunisiennes vers l’Arabie séoudite se sont élevées en 1997 à 23,7 millions USD (contre 22,5 millions USD en 1996), tandis que les importations ont atteint la même année 47,5 millions USD contre 33,7 millions USD une année auparavant.
Par ailleurs, d’après les statistiques tunisiennes établies fin décembre 1998, 4.300 coopérants tunisiens exercent en Arabie séoudite, en particulier dans les secteurs de la santé, de l’enseignement, de l’hôtellerie, de l’industrie électrique et des communications.


ALGERIE

LES FAMILLES DE DISPARUS MANIFESTENT TOUS LES MERCREDIS

Chaque mercredi matin, depuis juin/juillet 1998, à l’instar des fameuses “folles de mai” en Argentine, les familles de disparus dans le récent conflit armé en Algérie manifestent devant le siège de l’Organisation nationale des droits de l’homme (ONDH).
Le nombre de ces disparus en Algérie se  situerait dans une fourchette allant de 5.000 jusqu’à 50.000.
 


 
 Manifestations à Alger, le 30 septembre 1999, de familles de disparus,
comme tous les mercredis matin, devant le siège de l’ONDH.

S’estimant soutenues par le FFS, ces familles, qui réclament les corps de leurs disparus, affirmeraient que les massacres auraient été perpétrés par l’armée. Elles entendent dénoncer les violations des droits de l’homme par cette dernière, notamment les viols de femmes. Avec des témoignages à la clé. Des positions qui embarrassent quelque peu la politique de réconciliation nationale menée par le président de la République algérienne Abdelaziz Bouteflika.



TUNISIE

LES ORIENTATIONS FONDAMENTALES
DU IXème PLAN DE DEVELOPPEMENT

La Tunisie entame, avec le démarrage du IXème Plan de Développement, une nouvelle étape de son processus de développement dont l’objectif ultime, tel que défini par le président Zein El-Abidine Ben Ali, est l’intégration totale de l’économie nationale dans la sphère mondiale et la préparation du pays à aborder le siècle prochain dans les meilleures conditions possibles.
Les orientations et les priorités de l’action de développement ont été tracées à la lumière des résultats enregistrés et des enseignements tirés, compte tenu des exigences de l’étape actuelle dont le but est de conférer davantage d’efficience aux structures de production et de diversifier l’économie, afin d’accroître sa capacité à affronter la concurrence.
Ceci nécessite la mise à niveau globale de l’économie. Les principales orientations concernent:
• le renforcement de l’ouverture de l’économie à travers l’instauration d’une zone de libre échange avec l’Union européenne et la poursuite de son intégration dans l’environnement extérieur, ainsi que la consolidation du rôle du secteur privé et l’impulsion de l’initiative en tant que moteur de l’action de développement;
• l’adaptation des orientations sectorielles aux impératifs de rationalisation de l’allocation des ressources d’une part, et aux exigences d’accélération de la croissance, d’intensification des créations d’emplois et de promotion des exportations, d’autre part;
• le développement de l’infrastructure et sa modernisation en vue d’améliorer l’efficacité des services rendus et contribuer ainsi au renforcement de la compétitivité de l’économie;
• la valorisation des ressources humaines afin qu’elles s’adaptent aux impératifs de maîtrise des technologies et de création de nouvelles sources de productivité;
• le renforcement des acquis enregistrés en matière de développement social, essentiellement à travers l’intensification des créations d’emplois et l’amélioration des perspectives d’intégration des demandeurs d’emploi dans la sphère économique et ce, outre la consolidation des interventions du Fonds de Solidarité nationale en vue d’éradiquer la pauvreté dans toutes les zones d’ombre et d’améliorer les conditions de vie d’une manière générale;
• l’impulsion du développement régional à travers la préparation des conditions susceptibles d’assurer la contribution de toutes les régions à l’effort national de dévelop-pement. 


Home
Home