Les représentants des Etats membres de l’UJA
au cours d’une séance de travail.
M. Ibrahim Nafeh, président de l’Union, prononce le discours
inaugural, rappelant les prises de position de cette dernière en
faveur de la solidarité interarabe, par la répudiation des
dissensions entre les Etats membres de la Ligue et le règlement
des conflits en suspens.
“Nous avons, ajoute-t-il, exprimé notre point de vue à
propos du processus de paix, des pratiques israéliennes contre le
peuple palestinien, de la crise irakienne, des problèmes auxquels
la Libye, le Soudan et l’Algérie sont confrontés.
“Nous avons, également, exprimé notre opinion, la vôtre,
à propos des questions qui concernent notre profession: la liberté
d’expression et les difficultés auxquelles la Presse se trouve en
butte dans tout Etat arabe. Nous nous sommes solidarisés avec les
journalistes ayant pâti de la répression et de l’injustice,
ayant été soumis aux interrogations et jugés. Aussi,
avons-nous réclamé sans cesse l’assainissement des législations
arabes qui restreignent la liberté de la Presse, par l’arrestation
préventive et l’emprisonnement pour les délits d’opinion.”
M. Nafeh fait état des démarches effectuées par
l’UJA auprès des chefs d’Etat arabes, pour leur demander de protéger
la Presse et les journalistes contre la répression et l’arbitraire.
“Nous croyons, poursuit-il, que les garanties à la Presse et à
sa liberté sont le premier pas sur le chemin de la démocratie.
Nous croyons, aussi, que la liberté de la Presse suppose une responsabilité
bien comprise.
“Le moment est venu de provoquer une évolution démocratique
véritable dans notre patrie arabe, assurant la liberté à
la Presse, favorisant la pluralité et permettant à l’autre
d’exprimer son opinion en toute confiance, sans crainte d’être sanctionné.”
Le président de l’UJA révèle l’action menée
par le secrétariat général en vue “d’élaborer
un projet de loi arabe unifié pour la Presse, comportant les principes
généraux et les garanties nécessaires pour la sauvegarde
de la liberté d’expression, aux côtés de la liberté
de la société et de la vie publique. L’UJA ne sera qu’un
allié sûr de la liberté. Elle ne tolèrera jamais
le chaos, l’irresponsabilité et la calomnie.”
Il termine en invitant la commission permanente des libertés
relevant de l’UJA, à assumer pleinement ses responsabilités
dans ces circonstances difficiles et les multiples développements
que traverse la Presse arabe.
Puis, M. Saber Falhout, vice-président de l’UJA, président
du syndicat des journalistes syriens, met l’accent sur le refus de toute
normalisation médiatique avec Israël, appelant à engager
la bataille des libertés, sans que cela signifie la confrontation
avec les systèmes et les gouvernants.
De plus, il met en garde contre les risques pouvant provenir des satellites,
surtout de la possibilité pour la pensée sioniste de s’infiltrer
à travers ces moyens de communication, dans les sociétés
arabes.
KARAM FÉLICITE LE RAÏS
Ensuite, M. Melhem Karam, vice-président de l’UJA, président
de l’Ordre des journalistes libanais, adresse au président Hosni
Moubarak, au nom de ses confrères, de chaleureuses félicitations,
pour la confiance unanime qu’il a acquise à l’occa-sion de sa réélection
pour un qua-trième mandat. Il félicite, aussi, le peuple
égyptien pour son choix.
“Le président Moubarak, dit-il, est l’homme de ce temps et de
cette étape. Jouissant d’une personnalité transcendante,
Dieu lui a donné la lucidité et la sagesse pour conduire
son peuple et la nation arabe sur le bon chemin.
“A l’orée du IIIème millénaire, nous assistons
à une offensive en direction de la démocratie... comme si
nous tendions vers quelque chose de perdu, ou comme si les démocraties
ont été pratiquées d’une manière erronée.
“La démocratie, comme a dit Churchill, est le meilleur des mauvais
systèmes. Elle n’est pas comme l’a présentée Bismarck
lorsqu’il a dit: “La démocratie consiste en ce que dix ânes
l’emportent sur neuf Bismarck.”
M. Karam rapproche la démocratie de la liberté “qui se
heurteront, sans nul doute, à la mondialisation et à la machine
que l’homme promet au XXIème siècle.”
ÉVOLUTION ET HUMANISME
Il ajoute: “Nul, naturellement, n’est contre l’évolution mécanique.
Bien plus, le communisme lui-même n’a pu freiner une telle évolution.
Dans les années cinquante, les ouvriers d’imprimerie chez nous se
sont révol-tés, parce que la linotype et l’inter-type ont
pris le travail de cinq ou six d’entre eux. Moscou avait opiné,
alors, que l’évolution mécanique est un pas immanent vers
“l’état optimum” dans la vie de l’homme.
“Nul n’est donc contre cette évolution, laquelle ne doit pas
annihiler l’humanisme de l’homme... Qu’avons-nous fait sur ce plan pour
guérir le cancer, le sida et pour sauver l’environnement noyé
dans l’épreuve de la pollution et de la désertification?
“Puis, qu’est-ce que l’évolution si elle n’assure pas le bien
auquel l’homme aspire? C’est-à-dire à la meilleure des créatures
que Dieu a façonnée à son image? L’homme est, en définitive,
l’ultime référence. C’est pourquoi, l’évolution doit
être mesurée sur la base de ce qu’elle apporte au bien de
l’homme; la mondialisation et la privatisation, aussi. En ce sens, qu’elles
doivent être au service de l’être humain et non le contraire.
“Nous avons besoin de revenir aux grands principes enseignés
par les religions célestes”, poursuit M. Karam en constatant que
les temps ont changé, de même que la spiritualité,
l’amour, les valeurs, comme s’ils étaient devenus quelque chose
du lointain passé; ou comme s’il est devenu impossible de rapprocher
l’esprit de la matière, du moins de la façon conçue
par le moine jésuite Teilhard de Chardin, Al-Hallaj, Al-Jouneid
et Ibn Arabi.
“Il n’y a pas d’esprit sans matière et vice-versa. Paul Valéry
a écrit à l’un de ses amis, Albert Tibaudier: “La vie ne
vaut rien, mais rien n’équivaut à la vie.
“Rien ne vaut la liberté et la démo-cratie dans les droits
de l’homme.”
LAHOUD ET LA LIBERTÉ
Ici, le vice-président de l’UJA évoque la position du
président Emile Lahoud qui s’est engagé à ne laisser
poursuivre aucun journaliste durant son sexennat, alors qu’il s’oppose
à sanctionner tout représentant de la Presse à cause
d’une opinion qu’il a exprimée. “Je propose que cette attitude soit
consignée et qu’il lui soit rendu hommage dans les recommandations.”
Le président de l’Ordre des journalistes libanais s’étend,
ensuite, sur les problèmes qui se posent à l’homme “dont
les revendications et les besoins changent avec le temps, tantôt
courant derrière la démocratie et, tantôt, menant une
lutte à mort en faveur de la liberté”.
Et il s’interroge sur nos crises, sur la paix et les libertés
dans notre monde. “Nous voulons une paix juste, portant les éléments
de sa stabilité et de sa pérennité, non à l’instar
des pactes qui parlent de paix et portent les germes de la guerre, menaçant
l’homme de perdre ses droits à l’ombre du feu et du fer.”
Enfin, M. Karam invite ses confrères à innover, “la dignité
n’ayant fleuri que sur leur terre. Sans eux, la joie ne peut être
complète. Dans toute société, nous sommes pareils
au sel pour la nourriture et à l’oiseau dans l’oasis, laquelle devient
désertique en son absence.
“J’insiste ici à dire: Nous formons tous une même famille;
je dirai une même tribu ayant foi en l’Internet, dans le computer,
le scanner et dans tout ce qui est moderne. Nous sommes solidaires et unis,
l’un prenant la défense de l’autre, supportant avec lui les méfaits
de son erreur et partageant avec lui les avantages de son succès.”
Il est alors procédé à la répartition des
tâches entre les commissions de travail.
HOMMAGE À LAHOUD ET À LA PRESSE
LIBANAISE
Au cours de la première séance de travail du bureau permanent
de l’UJA, M. Nafeh parle du prochain congrès général
et des conditions conformément auxquelles il tiendra ses assises.
De plus, il rend hommage à l’action menée par la Presse
libanaise en faveur de la liberté et de la démocratie, sans
manquer de rendre hommage au président Emile Lahoud et à
sa large compréhension du climat dans lequel la liberté doit
s’exercer, ce climat sans lequel les Libanais ne peuvent vivre.
M. Melhem Karam intervient pour réclamer l’appui total de l’UJA
en vue de libérer Cosette Ibrahim, journaliste libanaise incarcérée
sans motif dans les geôles israéliennes. De même, il
réclame le soutien de ses confrères à toutes les causes
intéressant la profession. “Nous ne craignons pas pour les libertés
sous le mandat du président Emile Lahoud”, dit-il, avant de présenter
le document de travail libanais qu’il expose et dont il prend la défense.
Le document est approuvé, en principe et transmis au comité
des recommandations et résolutions.
Le comité a délibéré pendant trois heures, avant d’adopter les recommandations finales qui ont été approuvées par les congressistes. Puis, le document libanais a été adopté dans son intégralité. Ensuite, un message de félicitations a été adressé au président Hosni Moubarak à la suite de sa réélection. Le Raïs a été, également, remercié d’avoir mis un nouveau siège à la disposition de l’UJA et placé la réunion du bureau permanent sous son patronage.
MESSAGES À MOUBARAK ET LAHOUD
Un message similaire a été adressé au président
de la République libanaise, le général Emile Lahoud,
pour avoir affirmé qu’aucun journaliste ne sera poursuivi et qu’il
n’acceptera pas que les représentants de la Presse soient jetés
en prison durant son mandat.
Le congrès a exprimé sa gratitude au président
Lahoud pour son respect du verbe et son caractère sacré et
pour sa foi en ce que la vie est une expression libre qu’il s’engage à
respecter durant son sexennat.
Le congrès s’est prononcé en faveur de la tenue d’un
sommet arabe qui contribuera à renforcer le climat de sérénité
dans le monde arabe et à dissiper les dissensions interarabes. De
même, il a insisté sur la nécessité de coopérer
avec les organisations internationales et humanitaires, en vue de libérer
la journaliste libanaise, Cosette Ibrahim, incarcérée dans
les geôles israéliennes et lui a adressé un message
de sympathie et d’encouragement.
Les confrères réunis ont mis l’accent, également,
sur la nécessité de poursuivre ceux qui prétendent
avoir créé des fédérations journalistiques
et demandé à l’UJA de les poursuivre en justice.
PROCHAIN CONGRÈS EN JORDANIE, SUIVI
D’UNE VISITE AU LIBAN
M. Melhem Karam a proposé que le prochain congrès général
tienne ses assises au Liban; la Jordanie en a fait de même. Puis,
à la suite d’une rencontre entre M. Karam et le président
du syndicat des journalistes jordaniens, le président de l’Ordre
des journalistes libanais a retiré sa proposition et approuvé
celle de son confrère jordanien.
Le congrès général aura lieu dans la seconde quinzaine
de novembre de l’an 2000, décision ayant été prise
de faire passer deux jours au Liban aux congressistes comme hôtes
de M. Karam, après la clôture des travaux. Ils y rencontreront
les responsables et tiendront deux réunions de travail.
Par ailleurs, il a été décidé d’amender
le règlement intérieur de l’UJA et de faire évoluer
son statut fondamental, les propositions de révision devant être
soumises aux syndicats médiatiques pour qu’ils expriment leur opinion
sur les modifications suggérées.
Après que M. Ibrahim Nafeh, président de l’UJA, eut remercié
la Jordanie d’accueillir le prochain congrès général
et, M. Melhem Karam, d’avoir offert de le recevoir au Liban, le président
de l’Ordre des journalistes libanais a exprimé sa gratitude à
MM. Nafeh et Salaheddine pour la bonne préparation de la réunion
du bureau permanent, l’adoption du document de travail libanais et toutes
les demandes formulées par la délégation libanaise.
“Notre congrès et la prochaine rencontre générale,
a dit M. Karam, se tiennent à une étape lourde en défis,
avant de passer au IIIème millénaire et une année
après le début du XXIème siècle. Ceci exige
de nous des prises de position courageuses et modernes, à la dimension
des confrontations auxquelles nous ferons face sans en avoir le choix.
Soyons au niveau de la confrontation, car le sort du verbe et de la liberté
d’expression sont un dépôt entre nos mains et dans notre conscience.”
Par ce mot de M. Karam, le congrès a clôturé ses
travaux.
Dîner et soirée à l’Opéra
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Les dirigeants de l’UJA au cours de la séance
de clôture de la réunion du bureau permanent.
“Le congrès, a déclaré M. Melhem Karam, a enregistré
un grand succès au triple plan professionnel, politique et national.
Nous remercions nos confrères de l’intérêt qu’ils ont
manifesté à l’égard du document de travail libanais,
surtout en ce qui concerne leur appréciation de la position du président
de la République, le général Emile Lahoud, envers
les libertés et l’affaire de notre consœur, Cosette Ibrahim, insistant
sur la nécessité de la libérer.
“Tout en exprimant notre gratitude à nos confrères, nous
proclamons l’envoi de délégués dans les capitales
mondiales, pour exposer la nature d’organismes qui usurpent le titre d’associations
médiatiques. Nous créerons, aussi, une ligue des organisations
in-ternationales similaires à la nôtre, en vue d’établir
entre nous un moyen de contact permanent rapide, pour traiter les problèmes
qui affectent les libertés et la sécurité des journalistes,
afin de les régler avec célérité.
“De même, nous dépêcherons dans les capitales arabes,
une délégation de haut niveau, ayant pour mission de renforcer
la caisse de l’UJA par des initiatives des dirigeants arabes.”
PRÉPARATIFS DE LA VISITEDE L’AN 2000
M. Karam fait, ensuite, état des préparatifs déjà
entamés de la visite que les participants au congrès général
devant tenir ses assises l’année prochaine en Jordanie, effectueront
au Liban. “Nos confrères, précise-t-il, rencontreront les
responsables libanais et se recueilleront devant les tombes des martyrs
de Cana. Puis, ils tiendront deux séances de travail, à l’effet
d’établir l’ordre du jour de la prochaine réunion du secrétariat
général de l’UJA.”
Enfin, le président de l’Ordre des journalistes se réjouit
de l’accueil réservé à la délégation
libanaise par nos frères égyptiens et tous les Arabes. “Cela
prouve que la Presse du Liban reste à l’avant-garde et le modèle
bénéficiant de l’affection générale. “En remerciant
nos frères arabes de l’intérêt qu’ils manifestent à
l’égard de nos problèmes, comme des affaires du Liban et
de ses souffrances, conclut-il, nous leur promettons de persévérer
dans une coopération solide, pleine de positivisme et de fraternité.”
Le document de travail de la
Presse libanaise
Voici le texte du document de travail que la délégation de la Presse libanaise a présenté au bureau permanent de l’UJA: • Renforcer la présence internationale de l’UJA, à travers
la confirmation de sa qualité en tant que membre actif des Nations-Unies
et des organismes qui en relèvent; de la Ligue arabe, en tant qu’organisation
non-gouvernementale patronnant les affaires des journalistes et offrant
une contribution constructive pour soutenir le développement au
double plan économique et humain.
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